La Chronique Agora

La Fed précise ses intentions pour un nouveau QE

Nous avons expliqué hier que James Bullard a dévoilé le pot aux roses la semaine dernière…

… avant de le re-dévoiler après l’intervention de John Williams, de la Fed de San Francisco, juste pour s’assurer que tout le monde avait bien admiré le bouquet :

Le Financial Times nous rapporte ce que Bullard a dit à Bloomberg :

"Je pense également que les attentes inflationnistes chutent aux Etats-Unis. C’est là une chose qu’une banque centrale ne peut pas supporter. Nous devons nous assurer que l’inflation et les attentes inflationnistes restent proches de notre cible. Pour cette raison, je pense qu’une réaction raisonnable de la Fed, dans cette situation, serait d’invoquer la clause du tapering mentionnant que ledit tapering dépend des données. Nous pourrions alors mettre le tapering en pause à ce moment-là et attendre de voir ce que donnent les données en décembre. Nous continuerions donc avec le QE à un niveau très bas tel que nous l’avons en ce moment. Puis nous évaluerions nos options pour l’avenir"…

Nous ne pensions pas que ça arriverait aussi rapidement. Nous pensions que la banque centrale attendrait. Nous prévoyions un peu plus d’hypocrisie… un peu plus de gesticulations… un peu plus de résistance factice… quelques dénégations.

La Fed aurait dû se montrer un peu plus froide… timide… distante… et mettre les investisseurs vraiment à l’épreuve avant de venir à leur secours.

Nous savions où la Fed terminerait… mais nous ne savions pas qu’elle y arriverait si rapidement et si facilement !

Au pays de la liberté, apparemment, seule la Fed sait ce que les cours boursiers devraient être

Dans les faits, deux gouverneurs ont reconnu avoir commis un acte d’une vanité et d’une hypocrisie à couper le souffle. Au pays de la liberté, apparemment, seule la Fed sait ce que les cours boursiers devraient être. Désormais, tous les mouvements de cours devront être soumis à son approbation.

Pour vous rappeler les faits, cher lecteur, la banque centrale américaine a rendu toute l’économie et tous les marchés accros au crédit facile et à la planche à billets. Elle fournit tout ça en quantité depuis cinq ans.

▪ Fed et épingles
Elle avait pourtant promis de se tenir éloignée du terrain de jeu à partir de début octobre. Maintenant que l’économie reprend de la vigueur, disait-on, la Fed mettra fin à ses mesures d’urgence et permettra aux choses de revenir à la normale. L’assouplissement quantitatif prend fin ce mois-ci. On attend une hausse des taux d’intérêt l’an prochain.

Aucune bulle n’a jamais été créée sans une épingle qui lui correspondait. Et personne n’aime quand les deux se rencontrent.

La semaine dernière, on aurait dit que la bulle de la Fed et l’épingle de M. le Marché étaient en train de se rapprocher. Puis une rapide réaction de deux gouverneurs de la Fed a contribué à les séparer vendredi.

Les actions, les obligations et les taux d’intérêt ont tous été pervertis

Nous en sommes désormais à cinq ans de taux zéro et à trois programmes d’assouplissement quantitatif. Les actions, les obligations et les taux d’intérêt ont tous été pervertis. Les actions US valent deux fois plus que ce qu’elles valaient au plus fort de la crise.

Et le QE prend fin. Ce qui signifie qu’il y a bien moins d’argent inondant les marchés d’actifs. Au lieu d’augmenter au taux de 40% comme en 2012, l’excès de liquidité ne grimpera que de 6% cette année. Il y en aura encore moins en 2015.

Avec moins d’argent neuf en provenance de la Fed… et toujours pas de réelle reprise… il va falloir que quelque chose cède — quoi qu’en disent les chefs de la Fed.

Dans la mesure où les actions baissent de temps en temps de toute façon… le moment semble assez bien choisi.

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