La Chronique Agora

La Fed, et encore la Fed

Fed, inflation,

Les politiques menées par la banque centrale américaines se sont déroulées exactement comme elles auraient dû le faire.

L’année dernière a été si exaltante que nous peinons presque à lui dire adieu. Les moments où nous avons pu déclarer « nous vous l’avions bien dit » se sont enchaînés les uns après les autres.

La Fed a augmenté les taux… pour tenter de se remettre de la honte de ne pas avoir vu l’inflation arriver. La hausse des taux a fait chuter les actions. Les plus grands perdants ont été ceux qui venaient de faire les plus gros gains – en particulier sur les entreprises de la tech, et les cryptomonnaies.

Tout s’est passé à peu près comme cela aurait dû se passer. Oui. « Nous vous l’avions bien dit. »

Concentration et compétition

Il y a des gens qui essaient de compliquer les choses. De les déguiser. Ils cherchent à détourner votre attention de ce qui se passe devant vos yeux. Ils prétendent que le « capitalisme a échoué » ou que la « cupidité des entreprises » s’est soudainement imposée à nous ou, pour ceux qui n’ont pas d’intérêts à défendre, qu’il y a simplement eu des « interruptions de la chaîne d’approvisionnement ».

Voici ce qu’en dit le désespéré Robert Reich, ancien secrétaire au Travail, dans le Guardian. Il affirme que les monopoles des grandes entreprises sont à blâmer :

« Vous vous inquiétez de la flambée des prix des billets d’avion et de la médiocrité des services ? C’est en grande partie parce que les compagnies aériennes ont fusionné, passant de 12 transporteurs en 1980 à quatre aujourd’hui.

Vous vous inquiétez du prix des médicaments ? Une poignée de sociétés pharmaceutiques contrôle l’industrie pharmaceutique.

Le coût de l’alimentation vous inquiète ? Quatre géants contrôlent désormais plus de 80% de la transformation de la viande, 66% du marché du porc et 54% du marché de la volaille.

Les prix des produits d’épicerie vous inquiètent ? Albertsons a acheté Safeway et maintenant Kroger est en train d’acheter Albertsons. Ensemble, ils contrôleraient près de 22% du marché américain de l’alimentation. Ajoutez Walmart, et les trois marques contrôleraient 70% du marché de l’alimentation dans 167 villes du pays.

Et ainsi de suite. Les preuves de cette concentration s’appliquent à chaque secteur.

Comprenez qui sont les vrais responsables : les grandes entreprises qui ont le pouvoir d’augmenter leurs prix. »

Mais pourquoi ?

On pourrait penser qu’un homme à son stade de vie pourrait être curieux. Oui, le phénomène de consolidation est réel. Mais pourquoi ? Comment se fait-il que Kroger achète Albertsons ? Où trouve-t-il l’argent ? Cela pourrait-il avoir un rapport avec les faibles taux d’intérêt de la Fed ? Et comment se fait-il que, maintenant que les gens peuvent comparer les prix instantanément et commander en ligne, la concurrence ne maintienne pas les prix bas ? Même avec seulement deux acteurs principaux, la concurrence sur les prix n’est-elle pas plus rude que jamais ?

Ces questions méritent un traitement plus approfondi. Mais M. Reich s’exprime comme un ancien dirigeant syndical qui n’a qu’un seul ennemi : le capitaliste puissant, avide de pouvoir et au cœur de pierre.

Pour autant, les hommes d’affaires de 1960 étaient tout aussi avides que ceux d’aujourd’hui. Et sauf erreur de notre part, le capitalisme lui-même – c’est-à-dire le désir de croître en échangeant des biens et des services avec d’autres – n’a subi aucune modification substantielle.

Les personnages principaux sont toujours les mêmes. Les capitalistes avides. Les chefs d’entreprise grincheux. Les ménages en difficulté. Les travailleurs irréprochables. Les fédéraux sérieux. Tous sont aussi avares, malins et stupides qu’ils l’ont toujours été. Ce qui a changé, substantiellement, c’est l’environnement économique. La dette américaine en 1960 était de 382 Mds$ – et diminuait par rapport au PIB. Aujourd’hui, elle est de 31 000 Mds$… et elle augmente. Le taux d’inflation était de 1,7%. Aujourd’hui, les chiffres sont inversés ; il est de 7,1%.

Cela nous mène à la cause réelle la plus probable de la hausse des prix d’aujourd’hui : l’argent. C’est là que les « nous vous l’avions bien dit » atteignent une sorte de crescendo assourdissant. Car nous avons lancé la sonnette d’alarme il y a de nombreuses années en écrivant que le comportement dangereux de la Fed était en train de ruiner l’économie… et que les taux d’intérêt artificiellement bas et l’impression monétaire hors de contrôle produiraient de l’inflation.

Parce que… la Fed !

Pourquoi faut-il plus d’argent pour acheter les mêmes choses (l’inflation) ? Parce que la Fed a imprimé de l’argent ! La Fed a augmenté son bilan de 1 200% depuis 1999. L’argent supplémentaire a fait grimper les prix, d’abord là où il est entré dans le système financier – à Wall Street. Ensuite, l’argent a fait son chemin vers l’économie réelle, où il a provoqué une hausse des prix à la consommation au rythme le plus rapide depuis 40 ans. Il n’est pas nécessaire de trop réfléchir à la situation, mais un peu de réflexion ne fait jamais de mal.

La flambée des prix à Wall Street a induit les investisseurs en erreur. Ils pensaient que la valeur croissante de leurs investissements résidait en leur qualité. Et ils ne voyaient aucune raison pour que cette tendance ne se poursuive pas éternellement.

Fortune.com rapporte :

« Le milliardaire Tim Draper, spécialiste du capital-risque, a déclaré en juin 2021 que le Bitcoin atteindrait 250 000 $ d’ici la fin 2022.

Cathie Wood d’ARK Invest a soutenu en novembre 2020 dans un article de Barron’s que l’adoption des cryptomonnaies par les institutions ferait grimper le prix du Bitcoin à 500 000 $ d’ici 2026 ; elle a, à plusieurs reprises, ‘acheté les creux’ chaque fois que le prix du Bitcoin baissait. Wood a même déclaré au Globe and Mail dans une interview de février 2020 que le Bitcoin constituait ‘l’une des plus positions les plus importantes’ de son compte d’épargne retraite.

Tom Lee, responsable de la recherche chez Fundstrat Global Advisors… a passé plus de 25 ans à Wall Street… au début de l’année 2022, il a prédit que le bitcoin atteindrait 200 000 $ dans les années à venir. »

Le Bitcoin a fini l’année 2022 juste au-dessus de 16 500 $…

La laisse est tendue

Les banques d’investissement se sont trompées elles aussi. Elles pensaient que le S&P 500 terminerait l’année 2022 à 4 825 points, en légère hausse. Au lieu de cela, il a baissé de près de 20%.

De nombreux analystes se sont montrés particulièrement enthousiastes à l’égard de Carvana, qui semblait avoir trouvé une belle place dans le secteur de la vente au détail de voitures. Adam Jonas de Morgan Stanley avait annoncé qu’il s’attendait à ce que l’action atteigne les 430 $ d’ici la fin de l’année. Mais vous pouvez désormais acheter une action pour seulement 7 $, soit une réduction de 70% en 6 mois.

Coinbase est un autre titre sur lequel les professionnels se sont trompés. Jim Cramer a prédit que « Coinbase atteindra les 475 $ ». L’objectif de cours moyen de l’action était alors de 400 $ par action. Aujourd’hui, Coinbase est cotée à 49 $.

Comme nous l’avons vu et revu, la vraie richesse est basée sur le temps et les choses réelles. Les deux sont limités. Lorsque le chien tire jusqu’au bout de sa laisse, il ne va pas plus loin.

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