La Chronique Agora

Fed, BCE ou Banque du Japon : les taux directeurs sont désormais négatifs

▪ Dans notre monde moderne, le pilotage économique se fait, essentiellement, via les banques centrales, les dettes publiques et un système de papier monnaie. La politique de taux zéro (ZIRP) est appliquée déjà depuis plusieurs années aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. On ne peut donc pas s’étonner d’avoir même, aujourd’hui, des taux d’intérêts négatifs. Les banques doivent payer pour déposer des fonds à la BCE qui vient juste de passer son taux à -0,2%. Les obligations souveraines à court terme ont un rendement nominal négatif.

Partout dans le monde, même les obligations souveraines très bien notées, à moyen ou même long terme, ont des rendements négatifs si on prend en compte l’inflation, les taxes et les frais bancaires (terme réel). Actuellement, la Banque du Japon achète même des obligations souveraines court terme avec des taux d’intérêt négatifs.

Dans un monde "normal", aucun investisseur n’achèterait d’obligations avec un rendement négatif

Dans un monde "normal", aucun investisseur n’achèterait d’obligations avec un rendement négatif. En effet, qui prêterait de l’argent pour, à terme, en récupérer moins? Aucun investisseur "normal" n’achèterait des obligations japonaises à 10 ans au taux de 0,5%. Toutefois, la Banque du Japon n’est pas un investisseur normal. Il s’agit, pour elle, de créer de l’argent afin d’atteindre un taux d’inflation de 2%. Dans la Zone euro aussi, les Bunds à 10 ans — dont le rendement se situe autour de 1% — bénéficient de conditions "à la japonaise". Le président de la BCE, Mario Draghi, plaide pour une garantie de l’Etat pour les ABS.

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Une telle politique monétaire est totalement anormale dans des pays ayant un ratio dette publique/PIB de plus de 230% au Japon, plus de 100% aux Etats-Unis ou 92,6% dans l’Europe des 18. La France avec près de 100% et l’Allemagne avec près de 80% sont également au-dessus de la barre des 60% fixée par les critères de stabilité du traité de Maastricht.

▪ Il n’y a plus de normalité
Normalement, un prêteur devrait demander des intérêts élevés à un débiteur déjà très endetté. Mais dans le cas où le créancier est sa propre banque centrale, la normalité de la relation entre prêteurs et débiteurs devient une utopie. Si le gouvernement et la banque centrale veulent "gagner du temps" avec cette politique, alors le temps gagné doit être impérativement utilisé pour revenir à la normalité, en mettant en oeuvre les réformes nécessaires. Si ce temps n’est pas utilisé dans ce but, il augmente la menace d’une crise économique et financière encore plus grande, comme le montrent d’innombrables exemples dans l’histoire. La dernière crise de 2008 a été la plus grave depuis 80 ans. Mais aujourd’hui, six ans plus tard, seuls quelques pays industrialisés ont fait quelques petites réformes.

Vouloir redresser l’économie d’un pays en agissant sur les prix, en vue d’une plus forte inflation, semble quelque peu bizarre, voire absurde

Vouloir redresser l’économie d’un pays en agissant sur les prix, en vue d’une plus forte inflation, semble quelque peu bizarre, voire absurde. Comment peut-on élever le niveau de vie de la population quand le prix de la consommation et des services augmentent ? Le seul avantage est que les dettes baissent en termes réels, bien qu’elles restent les mêmes en nominal.

L’assouplissement quantitatif conduira à une mauvaise répartition des ressources. L’argent ne va plus, de manière optimale, vers l’investissement productif et prometteur — ce qui est susceptible de déclencher de nouvelles crises. Quand il devient si facile de financer les nouvelles dettes, le trésorier public choisira cette possibilité sans trop se soucier de la charge d’intérêts future. La volonté de s’en sortir par la mise en oeuvre des réformes nécessaires diminue rapidement.

Conclusion : la confiance dans la toute-puissance des banques centrales diminue.

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