La Chronique Agora

Faut-il prendre Bernanke au mot ?

▪ Les actions se sont un peu reprises, cette semaine. Et l’or a perdu un peu de terrain, mais reste proche d’un nouveau record.

Cette fois-ci, le métal jaune se dirige en silence vers son précédent sommet. Tous les yeux et les oreilles sont braqués sur le marché des titres du Trésor US, qui traverse une bulle selon de nombreux analystes. Peu remarquent l’or qui rampe vers un sommet historique.

Ni l’or ni les bons du Trésor US ne sont vraiment dans une bulle — pour l’instant. L’or est à peu près là où il devrait être ; il a environ la même valeur que celle qu’il avait ces 2 000 dernières années. Et les bons du Trésor ? Eh bien là, les choses se compliquent un peu. Mais voici une petite chose intéressante : il y a 30 ans, les obligations US à 30 ans vous rapportaient un rendement à deux chiffres. A présent, elles rapportent moins de la moitié. Et les prêts à court terme au gouvernement américain donnent un rendement quasiment sans chiffres du tout.

Il y a 30 ans, la personne à la tête de la Fed — Paul Volcker — travaillait à faire baisser l’inflation. L’occupant actuel de ce poste — Ben Bernanke — oeuvre à la faire grimper.

Il y a 30 ans, un investisseur sagace aurait dû prendre Volcker au mot et acheter des bons du Trésor US. Que doit faire un investisseur sagace actuellement ? Prendre Bernanke au mot et les vendre ?

▪ Peut-être. Nous laisserons la question en suspens… pour nous tourner vers l’immobilier. Imaginons que Ben Bernanke réussisse. Imaginons qu’il fasse grimper l’inflation des prix à la consommation. Qu’arrive-t-il aux taux hypothécaires ? Eh bien, ils grimpent aussi. Ensuite, qu’arrive-t-il au marché de l’immobilier ?

Oh là là… l’immobilier serait littéralement mort-vivant. Déjà, des millions d’Américains n’achètent pas — même avec les taux les plus bas depuis l’ère Eisenhower. Imaginez tous ceux qui n’achèteront pas avec des taux plus élevés !

Mais bon nombre de gens pensent que l’immobilier a atteint son plancher. L’un de nos collègues a posé le problème cette semaine :

"Je pense que nous touchons le plus bas, pour le marché de l’immobilier. Il y a des affaires à faire. C’est le moment d’agir".

Il proposait d’acheter un immeuble de bureaux à Baltimore. Il nous avait été proposé à 2,2 millions de dollars il y a deux ans. Nous avions décliné. Il est désormais disponible à 1,5 million de dollars. Nous en offrirons 1,1 million.

"Peut-être que le retournement est terminé, ou peut-être pas", avons-nous répondu avec notre assurance habituelle, si utile. "Mais pourquoi ne pas attendre ? Si les prix grimpent, ils ne grimperont probablement pas de beaucoup… et pas rapidement. On trouve trop de stocks arrivant sur les marchés".

"Alors pourquoi ne pas attendre ? Si le marché se stabilise… ou grimpe… on n’abandonne pas grand-chose. Mais s’il baisse… on pourrait faire une bien meilleure affaire en montrant un peu de patience".

Pour autant que nous puissions en juger, le marché de l’immobilier américain ne fait qu’attendre. Il ne sait pas s’il doit grimper ou baisser. Certaines zones sont bon marché — Detroit, Las Vegas, la Californie. Et certaines zones ont à peine bougé — comme Washington D.C., où vivent les zombies.

Il peut aussi y avoir une grande différence selon le genre de propriété que vous recherchez. Il y a des acheteurs au plus haut et au plus bas, mais pas entre les deux.

Au plus bas du marché, on trouve les chercheurs de bonnes affaires — qui enchérissent sur ce qu’ils considèrent comme des prix cassés. Au plus bas et dans les couches inférieures, il y a également les gens qui tirent parti des taux d’intérêt très bas. Ils font le calcul — mais uniquement sur une base au mois le mois. Aux taux bas actuels, ils peuvent acheter une maison hypothéquée pour des mensualités raisonnables. Qu’ont-ils à perdre ? Ils ont besoin d’un endroit où vivre.

On trouve également des acheteurs d’immobilier au sommet du marché. Les riches acheteurs ont encore de l’argent — même si ce n’est pas autant qu’il y a trois ans. Ils achètent encore les propriétés qu’ils veulent quand ils le veulent — même s’ils peuvent payer moins.

Le problème, selon nos sources, se trouve au milieu. Des couples ayant deux revenus. Des gens qui ont besoin de prêts substantiels, mais qui réfléchissent à leur argent. Des gens qui considèrent une maison comme une part importante de leurs actifs, et l’achat comme une décision d’investissement en plus d’un choix d’endroit où vivre. Ils ne veulent pas faire d’erreur.

Est-ce une erreur que d’acheter maintenant ? Ils n’en sont pas sûrs. Ils restent donc prudents. Ils ne veulent pas effectuer un gros paiement et se retrouver le bec dans l’eau lorsque le marché ralentira une nouvelle fois.

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