La Chronique Agora

Faut-il jouer l'effet janvier ?

Un des grands principes de l’analyse technique, c’est que les marchés financiers évoluent par cycles. Je ne vous parle pas de "cycles naturels" qui seraient réglés sur les étoiles ou par l’alternance des saisons !

Le trader anticipe les mouvements qui se répètent
Disons simplement que certaines configurations de marché ont tendance à se reproduire, et cela pour des raisons psychologiques assez simples. Quand un grand nombre de personnes se retrouvent toutes à perdre ou à gagner beaucoup d’argent en même temps, leur réaction devient remarquablement prévisible ! C’est cette mécanique des paniques ou des euphories de masse que l’analyste technique cherche à déchiffrer dans l’historique des cours.

Il y a donc des configurations de marché qui se reproduisent plus que d’autres. C’est le cas de l’embellie traditionnelle des marchés actions en janvier. A Wall Street comme à Paris, les traders aguerris le savent bien — et rares sont ceux qui se risquent à shorter le marché à cette période de l’année. Si l’on en croit les statistiques, le premier mois de l’année est même, pour les marchés actions, le plus favorable de tous ! Cet "effet janvier" semble se vérifier sur des horizons temporels et géographiques assez étendus.

Jusqu’à 40% des rendements annuels sont faits en janvier !
Vous connaissez peut-être le mot de l’humoriste et romancier américain Mark Twain (auteur de Huckleberry Finn entre autres) : "Octobre", écrivait-il au début du siècle dernier, "est un des mois les plus dangereux pour spéculer en Bourse ; citons aussi juillet, janvier, septembre, avril, novembre, mai, mars, juin, décembre, août et février". Au-delà du trait d’humour, il y a un fond de vérité : les marchés actions américains ont tendance à sous-performer en octobre par rapport au reste de l’année. Le phénomène a même reçu le nom d’"effet Mark Twain".

Mais la description qu’en donne notre cher Mark Twain ne rend pas justice à notre "effet janvier", qui est pourtant aussi bien attesté que les vicissitudes d’octobre ! Au plan statistique, c’est en janvier que les valeurs boursières — en particulier les petites capitalisations — réalisent leurs gains les plus substantiels de l’année.

Selon certaines études, l’effet janvier peut représenter, pour les petites valeurs, jusqu’à 40% du rendement annuel — et 20% pour les grosses capitalisations.

La recette magique du mois de janvier
Comme il n’y a pas de magie en Bourse, il doit exister des explications bien concrètes à cet écart de performance enregistré en début d’année.

Selon certains, des raisons fiscales pourraient expliquer le phénomène. Aux Etats-Unis, par exemple, les investisseurs peuvent demander un crédit d’impôt pour les valeurs ayant subi une dépréciation au cours de l’année. Ainsi, alors que le mois de décembre sert généralement à liquider des positions, janvier est très souvent marqué par des prises de positions à l’achat sur des valeurs jusque-là délaissées. Certains opérateurs estiment le plus souvent que le cours est revenu à un niveau d’achat intéressant, et la demande sur le titre en question rebondit avec vigueur.

L’attitude des fonds de placement est également un facteur d’explication. Ces fonds ont pour habitude de liquider en fin d’année leurs actifs sous-performants… Histoire de pouvoir afficher, dans leur rapport annuel, un portefeuille en béton.

Après ce coup de balai saisonnier — que l’on appelle le window dressing –, nombre de gestionnaires vont réinvestir dès le mois suivant les sommes perçues à la fin de l’année précédente : d’où une augmentation considérable de la demande de titres en janvier, et l’augmentation des cours qui l’accompagne.

On peut enfin expliquer ce phénomène par l’arrivée massive de liquidités des petits porteurs, qui contribuent à faire grimper les différents indices en investissant leurs primes de fin d’année et autres bonus.

Y aura-t-il un effet janvier en 2008 ?
Cette année, néanmoins, l’effet janvier tarde à se matérialiser. La conjoncture mondiale, ébranlée par la crise des subprimes et l’éventualité d’une récession aux Etats-Unis, semble inquiéter les investisseurs. Il faut dire qu’il y a là de quoi secouer à la fois les contribuables, les fonds et les petits porteurs !

L’injection de plus de 20 milliards d’euros, par un effort concerté des banques centrales américaines et européennes (le 12 décembre 2007), a fait long feu, comme je le pensais : après une courte embellie, les indices ont perdu entre 6% et 9% depuis.

Techniquement, la tendance est des plus incertaines. Sur la plupart des marchés mondiaux, les indices oscillent de façon de plus en plus resserrée. Cette configuration en triangle, en place depuis août 2007, montre bien l’hésitation du marché : un consensus peine à se dégager, et la nervosité augmente…

Quels niveaux devez-vous surveiller pour savoir si l’effet janvier aura lieu ?
Il nous faut attendre une sortie haussière ou baissière de cette figure pour avoir plus d’indications sur le premier trimestre, voire l’année 2008. Les bornes du triangle sont actuellement à 5 400 et 5 750 points sur notre cher CAC 40.

L’indice français évolue pour l’instant à proximité de la borne basse du triangle. Un rebond est donc possible à ce niveau — ou, au maximum, contre 5 358 points (point bas de novembre). Ce rebond pourrait nous emmener jusqu’à 5 750 points… Et l’effet janvier aura bien eu lieu.

Dans le cas contraire, une accélération à la baisse en clôture nous amènerait au minimum à un test des 5 217 points, point bas de 2007 — voire à une accélération vers 4 940 points dans un premier temps.

Les prochains jours, voire semaines, seront déterminants pour le reste de l’année. Je continue bien sûr d’analyser le marché à chaque instant : tout bouge très vite ! Et il va y avoir de nombreuses opportunités à jouer à court terme, que ce soit à la hausse, comme à la baisse. Evidemment, le trading — et plus particulièrement ma spécialité, le swing trading — permettent de saisir parfaitement ces brefs mouvements, et de réaliser en quelques jours des gains de 6% à 8%.

Meilleures salutations,

Sébastien Duhamel
Pour la Chronique Agora

(*) Sébastien Duhamel est spécialiste en analyse technique. Voilà plus de sept ans qu’il intervient sur les marchés avec toute son équipe, et fait profiter les particuliers de son expertise dans le cadre du service Agora Swing Trading.

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