La Chronique Agora

Faut-il jouer la baisse ou les rebonds ? (1)

Par Sébastien Duhamel (*)

Sur les marchés, le yo-yo continue… dans un environnement économique de plus en plus incertain. Difficile de dire, à ce stade, si le débouclage des 50 milliards de positions Société Générale entre le 21 et le 23 janvier a pesé profondément sur les cours. Une chose est sûre cependant : cet « accident industriel » ne doit rien au hasard.

Exactement comme dans le cas de la Barings, il s’inscrit dans un contexte de marché baissier, avec une volatilité accrue, qui opère un ménage brutal dans les positions les plus spéculatives. C’est pourquoi il faut aller chercher nos explications plus loin.

Deux centres de profits mondiaux…
Les raisons du retournement sont assez claires. Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que les capitaux ne manquent pas, au contraire : nous sortons d’une période exceptionnelle de rally haussier, tant par la durée que par les volumes. Les grands acteurs — y compris la Société Générale –, qui peuvent encaisser une perte de cinq milliards en restant dans le vert, sont absolument gorgés de liquidités… Et tout le monde se demande maintenant où les placer.

Quasiment tous les groupes du CAC 40 sont mondialisés et les distinctions entre les marchés nationaux perdent de leur pertinence : le terrain de jeu, désormais, est à l’échelle de la planète. Or deux centres de profits coexistent dans cet environnement très ouvert : un pôle plus « virtuel », lié à la financiarisation de l’activité qui a pris un essor extraordinaire depuis quelques années — en raison, entre autres, de l’inflation du crédit outre-Atlantique. Avec des taux d’intérêt plancher et un dollar aux oubliettes, entre les titres de dette immobilière (subprime), le carry trade sur devises ou le financement des consolidations sectorielles par la magie de l’effet de levier (LBOs), les investisseurs n’avaient que l’embarras du choix.

L’autre centre de profit, plus proche de l’économie « concrète« , c’est la transformation accélérée des pays émergents, Chine et Inde en tête. Cette mue est la source d’une colossale demande en matières premières et en équipements industriels — des fortunes se sont bâties en quelques années sur les cours du pétrole ou des métaux de base –, mais aussi en produits de consommation : car on a vu se constituer en l’espace d’une décennie une classe moyenne mondialisée, forte de centaines de millions de têtes au bas mot, qui a complètement changé la donne économique.

… Peut-on jouer l’un sans l’autre ?
Le problème, c’est que ces deux compartiments sont liés, interdépendants !

D’un côté, le marché du crédit s’étouffe (crise du subprime oblige) et les valeurs bancaires ou financières passent de mode. De l’autre côté, le marché du crédit, largement porté par les Etats-Unis, est encore perçu comme le poumon de la croissance des émergents : c’est lui qui finance les investissements nécessaires. A présent que la récession menace outre-Atlantique, toute la question est de savoir si les BRIC pourront continuer sur leur rythme effréné — la surchauffe menace — tout en se passant des liquidités américaines…

C’est une hypothèse à ne pas écarter d’emblée : je vous rappelle que quand le géant suisse UBS s’est retrouvé collé par les subprimes, on a vu se présenter comme chevalier blanc… le fonds GIC, basé à Singapour. L’heure serait-elle venue de tourner la page de la domination américaine ? Ou bien est-il encore trop tôt ?

C’est la question qui taraude les grands investisseurs. Après la crise de cet été, on a d’abord vu des réallocations massives de capitaux s’opérer en faveur des marchés émergents. Puis les banques, l’une après l’autre, ont commencé à révéler piteusement l’ampleur de la casse — et les marchés se sont mis à douter que leur pari « émergents » soit tenable

Ensuite, les bourses asiatiques ont marqué le pas en fin d’année dernière : et leur décrochage brutal, la semaine dernière encore, accompagnant les places européennes, a accentué l’inquiétude.

La suite dès demain…

Meilleures salutations,

Sébastien Duhamel
Pour la Chronique Agora

(*) Sébastien Duhamel est spécialiste en analyse technique et cela fait plus de sept ans maintenant qu’il intervient sur les marchés, avec toute son équipe. Il fait profiter les particuliers de son expertise en la matière.
Dans le domaine de l’investissement, il est une branche en particulier qui le passionne particulièrement : le Swing Trading. C’est une forme d’investissement extrêmement simple… et c’est le moyen d’engranger des gains à répétition.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile