La Chronique Agora

« Fausses nouvelles » et vraies manipulations

fausses nouvelles

Comment peut-on discerner les vraies des fausses informations ? Les informations des opinions ? Peut-on être politiquement incorrect tout en ayant raison sur le fond ? Dans notre domaine, l’économie et la finance, beaucoup de choses reposent sur la confiance…

Au mois de février dernier, nous nous étions émus de la bizarre initiative Décodex du Monde.

Le Monde classe les sites internet qui tombent sous les yeux de leurs « décodeurs » avec des petites pastilles de couleur allant de gris (ignoré du Monde), à rouge (site diffusant régulièrement de « fausses informations »), en passant par orange (site douteux) et vert (fiable).

Le projet tel que l’expose Le Monde est très ambitieux :

« Le flux d’information est aujourd’hui tel qu’on se demande surtout comment aider nos lecteurs à se repérer face à une vague toujours plus forte de fausses informations. »

Faire le tri entre vraies et fausses informations, après tout pourquoi pas… Jusqu’ici pas de quoi fouetter un chaton, me direz-vous.

Mais voilà qu’un lecteur attirait notre attention sur le fait que le Decodex classait La Chronique Agora en rouge.

Rouge ! La couleur infamante… avec un commentaire laissant entendre que nos lecteurs auraient des goûts « conspirationnistes ».

Ce n’était pas très gentil… pour nos lecteurs.

Voici comment Le Larousse définit un conspirationniste :

« Quelqu’un qui se persuade et veut persuader autrui que les détenteurs du pouvoir (politique ou autre) pratiquent la conspiration du silence pour cacher des vérités ou contrôler les consciences. »

Nous avons donc approché Le Monde afin d’obtenir un rectificatif — que nous avons obtenu.

Du coup, cher lecteur, s’il vous prend l’envie de farfouiller du côté du Décodex voici ce qui apparaîtra désormais à propos de La Chronique Agora :

De quoi vous rassurer sur votre capacité de discernement (dont personnellement nous n’avons jamais douté).

Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles…

Cette tentative a cependant le mérite de stimuler la réflexion.

Le Monde affirme savoir ce qu’est une « fausse information » mais n’en donne pas de définition.

Qu’est-ce qu’une information, une opinion ?

Bill Bonner, lui, s’est penché sur ce concept de « fausse information » ou « fake news » pour tenter de cerner cette épineuse question :

« En janvier dernier, l’Empire Herald indiquait ‘qu’un couple sous l’emprise de méthamphétamines’ avait mangé un SDF dans Central Park, à New York.

Plus tard, Now8News a indiqué qu’une boîte de préparation pour cookies avait ‘explosé dans le vagin d’une femme’. On présume que cette femme avait commis un vol à l’étalage.

L’ambassadeur russe en Turquie a été tué par balle. L’agresseur ressemblait énormément à une version du XXIe siècle de Gavrilo Pincip, qui a déclenché la Première Guerre mondiale en assassinant en Bosnie l’Archiduc François-Ferdinand, héritier du trône Austro-hongrois.

(…)

Nous écrivons une série d’articles sur les choses que les gens croient savoir mais qui ne sont pas vraies… des idées populaires qui sont fausses, idiotes, ou mal interprétées… c’est-à-dire presque toutes. Dans la presse, dernièrement, par exemple, il y a cette idée de ‘fausse information’. On suppose que certaines informations sont vraies, filtrées, approuvées et gérées par l’establishment des grands médias.

Il y a de fausses nouvelles, comme ces histoires délibérément inventées, ci-dessus, concernant la préparation pour cookies et le couple sous l’emprise de méthamphétamines.

Il y a également ces informations fournies par des manipulateurs russes, qui sont censées avoir coûté la Maison Blanche à Hillary Clinton. Faire le tri entre ce qui est faux et ce qui est authentique, c’est ce que nous tentons de faire, à la Chronique. Mais nous sommes accablés. »

La suite est ici.

« Nous avons évoqué les ‘fausses nouvelles’… et tenté de comprendre leur nature ainsi que le rôle qu’elles jouent dans le monde actuel. Les gens ont vécu des centaines de milliers d’années sans informations ‘publiques’.

Ce n’est que depuis l’avènement du papier journal bon marché, au XIXe siècle, que l’information publique existe. Nous ne savons toujours pas quoi en penser.

(…)

Si l’on vous dit que votre village va subir une attaque imminente, vous pouvez vous aventurer dehors, explorer les alentours… et rendre compte au retour : ‘non, il n’y a rien’. Cette assertion peut être vérifiée ou réfutée.

C’est un fait réel. Mais lorsque l’on vous dit que le pays est menacé par le ‘terrorisme’, comment démontrer si c’est vrai ou faux ? Qui sont ces terroristes ? Vous l’ignorez. Où sont-ils ? Vous l’ignorez également.

Plus vous vous éloignez – dans le temps, l’espace et l’abstraction – de quelque chose qui se trouve ici, maintenant, et qui est réel, plus il est difficile de dire s’il contient la moindre vérité. »

La suite est ici.

Tous les jours à la rédaction, avec nos moyens, nous tentons donc de déterminer le vrai du faux — mais aussi d’aller un peu plus loin que ce que les médias « traditionnels »  nous disent.

Un autre exemple ?

Jeudi, les minutes de la Fed ont révélé que cette institution envisage de réduire son bilan.

C’est une « information » d’une portée colossale. Si la Fed réduit son bilan, la monstrueuse bulle de crédit gonflée depuis 2008 risque d’exploser.

Cette information est-elle à prendre au sérieux ou bien est-elle une manoeuvre pour faire croire que la normalisation est possible ?

Pour le moment, nous n’en savons rien. Nous savons cependant qu’en matière financière, la « pensée unique » est le gaz délétère qui gonfle toutes les bulles.

Nous pensons que le système monétaire actuel, qui repose sur la confusion entre crédit et monnaie, est à l’origine de bien des désordres.

Et comme nous le répétons souvent : nous ne prétendons pas détenir La Vérité.

En revanche, nous nous flattons que notre expérience des marchés et de l’économie (associée à une petite mesure de bon sens) nous permet de vous livrer des analyses sérieuses et informées sur ces sujets. C’est en tout cas ce qui nous tient à cœur… et qui nous garde courbés sur nos claviers jusqu’à des heures parfois peu raisonnables.

Et c’est en rajoutant notre indépendance à tout cela — le seul à qui nous devons des comptes au final, cher lecteur, c’est vous –, que La Chronique Agora est ce qu’elle est depuis bientôt 17 ans : une lettre d’information destinée à des épargnants et des citoyens soucieux de la sécurité de leur argent, curieux d’opportunités souvent ignorées dans le reste de la presse, et surtout qui aiment réfléchir par eux-mêmes plutôt que se laisser imposer des points de vue formatés.

Dans notre incertitude, nous conservons une certitude : « quand tout le monde pense la même chose, c’est que personne ne pense ».

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile