▪ Une journée calme dans une semaine calme — entre les places anglaises fermées hier pour cause de jour férié… le mois de mai et ses appels à « vendre et partir »… le peu de statistiques prévues cette semaine.
Les marchés en ont donc profité pour se reposer un peu, après les feux d’artifices — littéralement « d’artifices » — dont ils nous ont gratifiés vendredi. Seul Tokyo a connu une journée proprement euphorique avec des hausses de plus de 3% tant pour le Nikkei que pour le Topix.
Le CAC 40 a enregistré de son côté la séance la plus maigre de l’année en termes de volumes, avec 1,35 milliard d’euros traités. Faute de participants pour animer un peu les cours, il a perdu 0,15% à 3 907,04 points.
Côté américain, le S&P 500 a tout de même battu un nouveau record en clôture, à 1 617,50 points — soit une hausse de 0,19%. Le Dow Jones a grimpé un tout petit peu, engrangeant 0,03% à 14 968,89 points. Et le Nasdaq, de son côté, a pris 0,42% pour terminer la journée à 3 392,97 points.
▪ Petit commentaire de texte…
Comme le résume un analyste cité dans Les Echos ce matin, « à présent, tout a changé : nous avons eu des statistiques économiques meilleures que prévu, ce qui fait toujours plaisir ; pour autant, ce n’est pas ça qui poussera la Fed à retirer son soutien de l’économie ».
Nous n’aurions pas fait mieux. Réunir ainsi, en une seule phrase, tout ce qui semble pourrir le système de l’intérieur — voilà qui relève de l’exploit.
La rupture avec l’économie réelle est totale et consommée : les bonnes statistiques, je cite, « ça fait toujours plaisir », comme des chocolats ou un bouquet de fleurs qu’on vous apporte comme ça, au passage. Alors qu’elles devraient normalement constituer l’évolution des marchés !
Par ailleurs, je suis ravie d’apprendre que « tout a changé ». Ah bon ? Les déficits, le manque de croissance, le repli des commandes et de l’activité, les problèmes de la Zone euro, le ralentissement de la Chine… Tout ça, disparu, réglé, envolé ? Eh bien, champagne pour tout le monde !
Enfin, réjouissons-nous d’autant plus que « ce n’est pas ça qui poussera la Fed à retirer son soutien de l’économie ». C’est officiel, assumé, décomplexé : la Fed nourrit les marchés… les marchés nourrissent la Fed… la réalité du marché et de la situation conjoncturelle, on s’en fiche. Décidément, comme le dit Bill Bonner ci-dessus, le cynisme paye — pour certains.