La Chronique Agora

De l’EuroStoxx 600 au S&P 500, tant que la Fed injecte, il ne peut rien arriver !

▪ Après le cinq sur cinq à la hausse de l’indice EuroStoxx 600 la semaine passée et sept séances de hausse consécutives, il était inconcevable que cette marche triomphale s’interrompe ce lundi — d’où une huitième progression à 319,5 points… Cela après un week-end vierge de toute mauvaise nouvelle.

Comment cela, nous oublions la dégradation du commerce extérieur japonais ?

Mais non, c’était la nuit précédente et nous étions déjà lundi matin… De toute façon, un mauvais chiffre en provenance du Japon, ça ne compte pas : la Bank of Japan va redoubler le rythme de ses injections si tous les voyants économiques ne se mettent pas spontanément au vert.

D’après le ministère des Finances nippon, l’Archipel a creusé d’un tiers son déficit commercial au mois de septembre. Cela est dû à la forte progression de ses importations (+3,8% contre +2% anticipé).

La balance commerciale affiche un trou d’environ 1 100 milliards de yens (soit 8,1 milliards d’euros) contre 820 milliards de yens en août. Cette aggravation provient également d’une baisse surprise de 0,3% des exportations, au lieu d’une hausse de 1%.

Sur un an, malgré la chute de 30% du yen face à un panier de devises fortes — dont le yuan, le franc suisse et l’euro –, le Japon affiche une hausse de 11,5% de ses exportations. L’objectif du gouvernement se situait plutôt entre 15% et 20%, ce qui aurait également dû doper l’emploi. Malgré les milliards de yens imprimés (pas loin de l’équivalent de 50 milliards de dollars chaque mois), quelque chose ne fonctionne pas !

Mais quoi ?

Allons, oublions le retard à l’allumage du plan de relance de Shinzo Abe et tournons-nous vers l’Amérique, où les surprises sont heureusement plus réjouissantes.

▪ De bonne nouvelle en bonne nouvelle
Prenez par exemple les ventes de logements anciens aux Etats-Unis pour septembre, publiées hier à 16h. Eh bien, le recul est « moins pire que prévu ». Mais une dégradation de 1,9% au lieu de 2% — à 5,29 millions annuels contre une fourchette comprise entre 5,25 et 5,3 millions –, est-ce que cela ne reste pas une dégradation ?

Question stupide ! L’objection implicite a été balayée du revers de la « main invisible » qui — dès 16h01– s’empressait de propulser les indices américains vers une série de records historiques. Le S&P 500 a atteint les 1 747,6 points, le Russell 2000 les 1 117 points, le Dow Transport les 6 844 points.

De quoi remplir les opérateurs d’un optimisme étanche à toute considération d’ordre macro- ou micro-économique… comme par exemple l’étrange envolée de 33% du Russell 2000, de 840 à 1 117 points, alors que la progression des bénéfices de ses composants ne dépasse pas 2,5% en rythme annuel en 2013.

Puisque les actions peuvent s’apprécier indéfiniment même si les fondamentaux sont plombés, des « stratèges » nous expliquent déjà comment les 1 750 points (on n’y est pas encore) vont bientôt devenir le support sur lequel se construira la prochaine vague de hausse en direction de 1 800/1 830 points.

Alors que le S&P affiche déjà 22% de gain cette année, il semble assez naturel aux permabulls de viser 30% d’ici le 31 décembre : il se profile déjà l’incontournable rally de fin d’année…

Après tout, qu’est-ce qui pourrait enrayer la hausse et déclencher une correction ? Certainement pas l’état consternant de l’économie réelle aux Etats-Unis.

▪ Rien que du bonheur…
Une situation que reconnait implicitement Charles Evans, président de la Fed de Chicago et fervent partisan du recours massif à la planche à billets. Il confirmait en direct sur les chaînes américaines que le QE3 serait maintenu en décembre… sauf net redressement des indicateurs économiques.

Or tout le monde anticipe qu’ils vont se dégrader au quatrième trimestre après les 17 jours de shutdown qui devraient avoir amputé la croissance de -0,5% à -0,6% d’ici le 31 décembre 2013.

Donc tant que la Fed injecte, il ne peut rien arriver

Au pire, les indices ne montent pas comme nous l’avons observé hier. Le CAC 40 s’est littéralement assoupi durant plus de huit heures et demie entre 4 280 et 4 270 points ; Paris a connu l’une des plus faibles volatilités intraday de l’année.

Mais n’allez pas croire que c’est une journée pour rien ! Les permabulls se félicitent de l’inscription d’un nouveau record annuel à l’ouverture, à 4 286,15 points contre 4 286,03 vendredi en clôture. Certes, cela fait 12 centièmes de point… mais pour des logiciels algorithmiques, la tendance haussière est confirmée.

Les indices ont également tourné au ralenti chez nos voisins avec +0,02% à Francfort et -0,04% à Milan… Quant à l’EuroStoxx 50, il affiche au final -0,15% à 3 028 points.

Enfin, puisque l’EuroStoxx 600 a fini dans le vert (+0,35%), ce lundi, c’était rien que du bonheur !

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