La Chronique Agora

Eternuements chinois… tuberculose mondiale ?

▪ Autrefois, les investisseurs qui espéraient obtenir des indices sur les prochaines tendances économiques influençant les marchés financiers se penchaient sur les commandes industrielles des Etats-Unis ou sur le Baltic Dry Freight Index. Mais aujourd’hui, tous les yeux sont tournés vers la Chine.

Même si l’économie chinoise n’est que la quatrième économie au monde, c’est la première en termes d’influence sur les tendances boursières. Et la Bourse chinoise tend à diriger les autres Bourses du monde… pour le meilleur ou pour le pire.

Au début de la crise du crédit de 2008, par exemple, la Bourse chinoise a atteint son plus bas fin octobre — plus de quatre mois avant que la Bourse américaine n’atteigne son plancher post-crise. Pendant les mois suivants, les actions chinoises ont plus que doublé, avant d’atteindre leur plus haut le 16 novembre de l’année dernière. Les actions chinoises sont redescendues depuis, alors que la Bourse américaine a grimpé vers des sommets encore plus hauts.

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Mais aujourd’hui, deux mois après que la Bourse chinoise a atteint son plus haut niveau, les actions américaines commencent à chanceler. Les investisseurs américains doivent-ils s’inquiéter ? "Oui", affirment les techniciens de la Bourse.

Comme l’a observé le spécialiste des options Jay Shartsis, "les marchés émergents importants que sont la Chine, la Russie et le Brésil ont déjà atteint leur plafond et depuis, ils baissent. Ils guident les tendances de notre marché, et ils ont chuté avant nous en mars dernier".

Il faut bien le reconnaître, Shartsis tire son opinion de gribouillis affichés sur un écran d’ordinateur. Sa perspective pessimiste doit donc être facile à écarter. Malheureusement, les données du commerce du monde réel refusent de contredire ses gribouillis… surtout maintenant que la Banque centrale chinoise a serré la vis au processus de prêt.

▪ Des rumeurs ont commencé à circuler la semaine dernière, disant que les autorités chinoises imposeraient un "couvre-feu sur les prêts". Et récemment, ces rumeurs se sont vérifiées.

"Les banques ont suspendu tous les nouveaux prêts depuis le 19 janvier, dans tout le pays", rapporte Yuen Tuck Siew, analyste chez Crédit Suisse. "La suspension des prêts a été imposée par les autorités après une réunion d’urgence du bureau de politique monétaire de la Banque centrale [chinoise]".

"Cette suspension soudaine des prêts a pris les importateurs par surprise", continue Siew. "Les lettres de crédit sont subitement devenues indisponibles, malgré les précédents accords. Nous pensons que cela va inévitablement mener à des retards ou à des annulations dans les importations de marchandises chinoises. Les commandes d’importateurs pour des matières premières ou des machines seront les plus touchées".

Si ce couvre-feu continue, de nombreux secteurs de l’économie mondiale pourraient en ressentir les effets. Ce fait semble troubler les places boursières du monde entier. Les principaux marchés sont dans le rouge pour 2010.

Votre chroniqueur californien ne sait pas du tout si les prêteurs chinois devraient réduire le crédit ou l’étendre. Mais il a remarqué que les volumes de prêts chinois ont gonflé bien au-delà de ce que les conditions économiques sous-jacentes justifient. Et quand le crédit gonfle, des bulles se forment… puis éclatent.

Le fameux vendeur à découvert Jim Chanos pointe du doigt les excès de prêt de la Chine depuis déjà plusieurs mois… et s’inquiète publiquement du fait que ces excès pourraient mal finir.

Chanos déclare que la bulle immobilière chinoise nourrie par le crédit est "sans précédent". Et dans une récente interview accordée à CNBC, il a observé : "un fait comique que j’aimerais mentionner : en ce moment, pour l’immobilier commercial, il y a trois milliards de mètres carrés en construction. Tout ne sera sûrement pas terminé… mais si l’on met trois milliards de mètres carrés en contexte, cela fait un bureau de deux mètres carrés pour chaque homme, femme et enfant en Chine".

Des excès de ce genre se corrigent rarement sans douleur… ce qui nous pousse à nous demander : si la Chine éternue, quelle maladie va attraper l’économie mondiale ? Seulement un rhume ? Ou la tuberculose ?

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