La Chronique Agora

Aux Etats-Unis, les prêts étudiants sont une forme de dette dangereuse…

▪ Alléluia. Les Américains s’endettent plus profondément… et recommencent à divorcer.

Vraiment. Bloomberg nous en dit plus :

"Le nombre d’Américains demandant le divorce a grimpé pour la troisième année consécutive, atteignant environ 2,4 millions en 2012, après un plongeon durant la récession de 18 mois qui a pris fin en juin 2009, selon les données du bureau du recensement américain.

‘A mesure que l’économie se normalise, il en va de même pour la dynamique familiale’, a déclaré Mark Zandi, économiste en chef chez Moddy’s Analytics Inc. à West Chester, en Pennsylvanie. ‘Les taux de natalité et de divorce sont en hausse. Nous pourrions même les voir grimper fortement au cours des prochaines années, à mesure que les ménages qui repoussaient ces décisions de fond passent à l’action’.

Les divorces étaient à un plus bas de 40 ans en 2009, selon Jessamny Schaller, professeur d’économie à l’Université d’Arizona à Tucson, citant des données du Centre national pour les statistiques de santé (NCHS) du gouvernement fédéral. Le taux de divorce a plus que doublé entre 1940 et 1980 avant de chuter d’un tiers en 2009, selon des chiffres du NCHS, basé à Hyattsville dans le Maryland".

Voilà d’excellentes nouvelles, non ? Les choses reviennent à la normale. Et si la Grande correction est bien terminée, vous pouvez vous attendre à une hausse des prix à la consommation, plus d’emplois, une baisse des prix obligtaires et un taux de croissance en hausse. Une vraie reprise, enfin.

Si la Grande correction n’est pas terminée, en revanche, attendez-vous à une nouvelle dose de ce que nous avons subi ces cinq dernières années — un IPC bas (1,5% seulement officiellement sur les 12 derniers mois aux Etats-Unis), des rendements obligataires bas (prix élevés), plus de QE et une croissance paresseuse.

▪ Les banques doivent jouer le jeu
Le Wall Street Journal : "la dette des ménages augmente à mesure que les banques s’assouplissent".

Dommage pour le malheureux qui a dû rester avec sa femme parce qu’il ne pouvait pas se permettre de se débarrasser d’elle. Voilà sa chance : la Fed a tout essayé pour stimuler le crédit, l’emprunt, les dépenses, les prix à la consommation et les divorces. Mais les banques ont resserré les cordons de la bourse contenant leurs réserves, au lieu de les prêter. Résultat : stagnation. Sauf qu’à présent… pour la première fois depuis 2008, d’une année sur l’autre, les ménages américains empruntent plus qu’ils ne remboursent.

"Les gens veulent vraiment accélérer et s’endetter plus encore", a déclaré un analyste cité par le Wall Street Journal. Durant les cinq dernières années, les ménages ont remboursé leurs dettes. C’est pour cette raison que le programme d’assouplissement quantitatif de 3 200 milliards de dollars a été un tel four. Le QE de la Fed doit passer par le système bancaire pour arriver au consommateur. Les banques doivent prêter l’argent. Si elles ne le font pas, le cash reste dans les réserves.

Le génie des réserves bancaires fractionnelles, c’est qu’elles permettent aux banques de prêter un même dépôt jusqu’à 10 fois. De sorte que si l’appétit des ménages pour l’emprunt se creuse soudainement… et si les banques s’y mettent… il pourrait bientôt y avoir des augmentations substantielles de la quantité d’argent en circulation.

Cela donnerait aux prix à la consommation la poussée que la Fed avait en tête. Qui sait, elle pourrait même obtenir plus qu’elle ne l’espérait. La hausse de l’inflation pourrait faire peur aux détenteurs de dollars à l’étranger… les poussant à retourner à l’envoyeur leurs billets verts fripés et déchirés.

▪ Parlons un peu des prêts étudiants…
Si l’on regarde les choses de plus près, toutefois, il nous apparaît que ni les statistiques des divorces ni celles de la dette ne sont des signes certains de bonne santé économique pour les Etats-Unis. Après cinq ans de chiffres inférieurs à la normale, on pourrait s’attendre à ce qu’ils reviennent à la moyenne quoi que fasse l’économie. Quant à la dette, la plus grande avancée provient des prêts étudiants (financés par l’Etat américain), qui ont grimpé de 12%. En fait, ils ont grimpé de manière quasi-identique à celle du nombre d’emprunteurs qui ne paient pas : les défauts sont également à 12% environ.

Pourquoi les gens veulent-ils aller à l’école plutôt que travailler ? Parce qu’ils ne peuvent pas trouver de bons emplois. Pourquoi empruntent-ils au lieu de payer avec leur épargne ? Parce qu’ils n’ont pas d’épargne. Pourquoi empruntent-ils au gouvernement fédéral ? Parce que ce prêteur ne vérifie pas leur historique bancaire.

Une fois que le diable de la dette fédérale vous a entre ses griffes, il est très difficile de s’échapper. On est peut-être prêt pour un emploi, mais ça ne signifie pas pour autant qu’un emploi est prêt pour vous. Le seul moyen de repousser le remboursement de votre dette est d’emprunter plus et de rester à l’école. C’est ainsi qu’on s’enfonce encore plus profondément dans l’enfer de la dette.

C’est pour cette raison que les défauts de paiement sur les prêts étudiants américains augmentent si rapidement. Près d’un emprunteur sur huit n’a pas versé ses mensualités sur les 90 derniers jours — le taux de défaut le plus élevé, toutes formes de dettes confondues. Et il grimpe. Il a augmenté de 40% au cours des trois dernières années. Quelle quantité de cette dette ne sera jamais remboursée ? Sans oublier le fait que quand les dettes restent impayées, la masse monétaire s’en trouve réduite.

La catégorie de dette enregistrant la croissance la plus rapide le doit à l’échec de l’économie, non à son succès. La correction est-elle vraiment terminée ? Peut-être pas.

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