Wall Street ne fera pas office de « refuge » encore très longtemps.
Difficile au lendemain de la séance des « Quatre sorcières » de ne pas faire un petit bilan boursier du deuxième trimestre qui s’achevait ce vendredi 21 juin.
Le contraste entre les performances du CAC 40 et celles du Nasdaq est saisissant : le CAC affiche un repli de près de 7% (par rapport à la précédente séance des « Quatre sorcières »), alors que le Nasdaq en prend +7,5% et le S&P, +4,5% (ces deux indices ont enchaîné entre six et sept records absolus en huit séances, avant de caler les 20 et 21 juin).
Un tel différentiel est historique, et la situation n’est pas loin d’être identique sur le front obligataire, avec une nette divergence survenue dès le 8 juin, au lendemain de l’annonce de la dissolution – en mode « grenade dégoupillée » – décidée par Emmanuel Macron.
Les marchés américains ont soudain fait office de havre de sécurité, face au risque de chaos politique en France, lequel ne manquerait pas de perturber l’agenda politique d’Ursula von der Leyen (malgré sa large majorité au Parlement européen) et de susciter la « plus grande vigilance » de la part de Christine Lagarde… pour laquelle il n’y a, pour l’instant, aucune raison d’envisager voler au secours de la dette française.
Pour le moment, les faits lui donnent raison : la dernière adjudication de dette française a fait l’objet d’une forte demande (plus de trois fois le montant soumis aux enchères), en dépit de l’incertitude entourant l’issue des prochaines législatives.
Le différentiel de rendement par rapport au Bund, passé en 15 jours de 49 à plus de 75 points de base, est jugé attractif pour un risque de défaut encore jugé négligeable.
Et nous allons même aller plus loin : le « risque » ne se situerait-il pas aux Etats Unis, avec la possibilité de voir la campagne de Joe Biden mise entre parenthèses pour « raison de santé », puis sa candidature remise en cause si ses facultés intellectuelles continuent de décliner ?
Tout le monde a déjà compris que ce n’est plus Joe Biden qui gouverne les Etats-Unis, mais cet état de fait n’est toujours pas officialisé.
Il faut certainement du temps à l’Etat-major démocrate pour s’organiser et sortir du chapeau un ou une candidate qui aurait ses chances face à Donald Trump, sachant que ce ne sera pas Kamala Harris, très mal en point dans les sondages avec un taux de popularité très bas et un marquage « Woke » et pro-palestinien.
Elle a averti Benjamin Netanyahu et ses soutiens du Likoud (extrême droite israélienne) qu’elle n’excluait pas de « prendre des mesures contre Israël en cas d’offensive sur l’enclave surpeuplée de Rafah ». Dès la diffusion de l’interview de Harris, Benjamin Netanyahu a réaffirmé les plans de Tsahal de pénétrer à Rafah, en vue d’une « victoire absolue » sur le Hamas.
S’aliéner aux Etats-Unis le support du très puissant lobby « AIPAC » constitue un handicap difficilement surmontable (difficile de « réinventer » la vice-présidente pour en faire la championne du soutien à Israël, ce que Trump a toujours été).
Mais les Etats-Unis et Wall Street ont un autre souci : les derniers chiffres économiques ne sont pas bons !
L’indice des indicateurs avancés, censé préfigurer l’évolution de l’activité économique aux Etats-Unis, est ressorti en baisse plus forte que prévu en mai (-0,5% à 101,2) selon le Conference Board, qui dit y voir le signe d’un ralentissement de la croissance.
Le Conference Board indique tabler sur une hausse de moins de 1% en rythme annualisé du PIB américain aux deuxième et troisième trimestres, du fait de l’inflation et de taux d’intérêt demeurant élevés qui pèsent sur les dépenses des consommateurs.
Autre facteur durablement négatif : l’activité du secteur immobilier continue de chuter vers les abysses, alors que les conditions d’accession à la propriété n’ont jamais été aussi défavorables depuis 80 ans.
Le marché est littéralement congelé : le nombre de ventes de maisons de seconde main aux Etats-Unis ont diminué de 0,7% en mai 2024 pour atteindre un taux annuel désaisonnalisé de 4,11 millions (dernières statistiques de la NAR, ou Fédération des agents immobiliers), mais les prix de vente ont bondi de 5,8% par rapport à mai 2023 pour s’établir 419 300 $. Il s’agit du onzième mois consécutif de hausse et le prix moyen est le plus élevé jamais enregistré depuis 1929.
Jamais les biens immobiliers n’ont été aussi inabordables ; les primo-accédants sont une espèce disparue, sinon éteinte.
Il n’existe pas d’exemple de pays faisant face à une telle situation qui ne soit pas entré en récession, s’il ne l’était pas déjà… mais les médias n’ont d’yeux et d’oreilles que pour la révolution de l’IA.
Il serait intéressant de sortir une étude qui démontre qui – à part Nvidia – s’enrichit avec l’IA. Quelle firme a déjà accru sa productivité, pris un avantage décisif sur ses concurrents (qui font tous pareil pour ne pas passer à côté de la révolution de « l’intelligence générative ») et amorti ses investissements dans des data-centers géants et qui consomment des gigawatts d’énergie électrique.
Petit rappel, l’économie, ce n’est que du capital + de l’énergie.
Et l’on en revient à la question n°1 : quelle richesse pour l’actionnaire produisent ces investissements massifs dans des gouffres à énergie ?
Quel effet aurait sur Wall Street le surgissement d’une soudaine « inconnue politique » (relative aux élections du 5 novembre, si Trump est écarté par un complot judiciaire ou que les sosies de Biden ne peuvent plus donner le change dans ses apparitions publique) se déversant sur des valorisations boursières chauffées au rouge ?