La Chronique Agora

Faites-vous votre propre étalon-or !

▪ Pas une seule banque centrale au monde ne veut revenir à l’étalon-or. Ceci dit, le sujet n’est pas tant de savoir si elles le veulent ou pas mais bien de savoir si elles y seront contraintes.

J’ai eu l’occasion de discuter avec plusieurs présidents de la Réserve fédérale. Lorsqu’on leur demande de but en blanc : « existe-t-il une limite théorique au bilan de la Fed ? », ils répondent toujours par la négative. Ils vous expliquent qu’il existe des raisons politiques pour l’élever ou l’abaisser mais aucune limite à la somme d’argent pouvant être imprimée.

Faux ! Certes, c’est ce qu’ils disent, c’est ce qu’ils pensent et ils agissent en conséquence. Mais au fond d’eux-mêmes, certains savent que c’est faux. Heureusement, les gens peuvent voter avec leurs pieds…

Je réponds toujours à ceux qui m’affirment que nous ne sommes pas sous le régime de l’étalon-or que, d’une certaine manière, nous le sommes. On peut se positionner soi-même sur un étalon-or personnel, tout simplement en achetant de l’or. En d’autres termes, si on pense que la valeur du papier-monnaie est en péril ou que la confiance dans le papier-monnaie peut baisser, une façon de se protéger est d’acheter de l’or. Cela, rien ne peut nous empêcher de le faire.

Typiquement, on me rétorque alors : « quel est l’intérêt de posséder de l’or ? On va nous le confisquer, comme Roosevelt l’a fait en 1933 ». A mon avis, c’est fortement improbable.

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Pour le savoir, continuez votre lecture…

 

En 1933, le krach boursier avait eu lieu depuis à peine quatre ans et Roosevelt venait de prendre ses fonctions. Les gens ne parlent que des cent premiers jours de sa présidence mais il ferma les banques juste après avoir prêté serment. Et il ne confisqua l’or que quelques semaines plus tard.

De nos jours, l’or est bien plus dispersé qu’à cette époque et on fait beaucoup moins confiance au gouvernement

Ce n’est pas comme si Elliot Ness avait forcé la porte de chaque foyer pour prendre l’or qui s’y trouvait. Le gouvernement voulait mettre la main sur le petit nombre de personnes qui possédaient des gros lingots de 400 onces dans les coffres des banques. Ils ont pu le faire parce qu’ils ont eu la possibilité de fermer les banques et de s’en servir comme intermédiaires pour confisquer cet or. Mais de nos jours, l’or est bien plus dispersé qu’à cette époque et on fait beaucoup moins confiance au gouvernement.

Si le gouvernement essayait aujourd’hui de confisquer l’or, il devrait faire face à diverses formes de résistance, et il le sait. C’est pourquoi il ne le fera pas, parce qu’il sait que cette mesure est inapplicable et qu’elle pourrait provoquer diverses sortes de désobéissance civile ou de contestations, etc.

Tant qu’on peut posséder de l’or, on peut établir son propre étalon-or en convertissant le papier-monnaie en or. Je conseille de le faire dans une certaine mesure, pas en totalité. Je recommande ainsi à l’investisseur conservateur d’avoir 10% de ses actifs investissables dans l’or et peut-être 20% — pas plus — pour l’investisseur plus audacieux.

Ces allocations dans l’or sont assez élevées par rapport à ce qui se fait en général. La plupart des gens ne possèdent pas d’or et l’ensemble des institutions ont globalement une allocation en or d’environ 1,5%. Par conséquent, même si vous choisissez le bas de cette fourchette, vous êtes encore loin des 10%. En fait, les institutions ne pourraient pas doubler leur allocation à l’or, même à 3% : il n’y a pas assez d’or dans le monde — aux prix actuels — pour répondre à cette demande. Une telle allocation bénéficie donc intrinsèquement d’un énorme avantage.

Si l’or est un investissement « stupide », alors pourquoi les Chinois en possèdent-ils 5 000 tonnes ?

▪ Les Chinois sont-ils stupides ?
Cependant, les banques centrales ne veulent pas revenir à l’étalon-or. Mais si l’or est une relique barbare, si l’or n’a aucun rôle dans le système monétaire, si l’or est un investissement « stupide », alors pourquoi les Chinois en possèdent-ils 5 000 tonnes ? Sont-ils stupides ?

Si certains scénarios ont lieu, nous allons voir le cours de l’or monter… beaucoup. Et ce en un très court laps de temps. Il ne va pas augmenter de 10% par an pendant sept ans et voir ainsi le prix doubler. Il va augmenter péniblement, par à-coups, peut-être dans le cadre d’une tendance haussière, avec une grande volatilité. Il connaîtra une sorte de hausse difficile et lente… puis un pic… puis un autre pic… et enfin un super pic. Tout cela pourrait survenir en 90 jours, six mois au maximum.

Lorsque cela arrivera, nous nous retrouverons avec deux catégories de personnes. Il y aura ceux qui n’étaient pas prêts. L’épargne en papier-monnaie sera balayée ; les plans d’épargne-retraite seront dévalués ; les retraites, les assurances et les rentes seront dévaluées avec l’inflation… Parce que, il ne faut pas l’oublier, ce n’est pas seulement le prix de l’or qui augmente.

C’est comme imputer la faute au thermomètre lorsqu’il affiche que le malade a 40°C de fièvre. Mais ce n’est pas la faute du thermomètre ; il ne fait que dire ce qui se passe. De même, le prix de l’or n’est pas un objet ou un but économique en soi ; c’est un signal de prix. Il vous dit ce qui se passe dans l’économie. Et l’or aux niveaux que j’ai évoqué signifierait qu’on est à présent sur le point d’entrer en hyperinflation, ou du moins quelque chose de très approchant, parce que rien n’arrive tout seul.

A ce stade, il faut faire confiance à l’or. A présent vous avez franchi le pas. Dès que l’on compare l’or et le papier-monnaie, on obtient des niveaux de prix entre 7 000 et 8 000 $ l’once. Ils ne sont pas trafiqués. Ils ne sont pas là pour provoquer. Ils sont le simple résultat de calculs. Ce sont les chiffres qu’on obtient lorsqu’on divise simplement la masse monétaire par la quantité d’or sur le marché.

Il va bien falloir s’en rendre compte. Soit les Chinois sont des abrutis — ce qui n’est pas le cas — soit les gens commenceront à acheter de l’or, ce qu’ils feront sûrement.

Mais s’il y a un engouement pour les devises papier (ce qui est tout à fait possible) et qu’on arrive à la limite de l’hyperinflation (ce qui est tout à fait possible), les banques centrales seront bien obligées de revenir à l’étalon-or… Pas parce qu’elles le veulent mais parce qu’elles y seront bien obligées pour calmer les marchés.

Je conseille d’acheter de l’or aux niveaux actuels et de surfer sur la vague jusqu’à des niveaux beaucoup plus élevés (4 000 à 5 000 $ l’once) puis évaluer la situation. Sachez vous adapter.

Vous ne pouvez pas élaborer un plan d’action aujourd’hui et vous contenter de le suivre étape par étape. C’est stupide. Vous devez vous adapter ; vous devez suivre les développements ; vous devez être prêt à changer d’avis en fonction des informations qui vous parviennent.

James G. Rickards est le rédacteur en chef de Strategic Intelligence, la toute nouvelle lettre d’information lancée par Agora Financial aux Etats-Unis. Avocat, économiste et banquier d’investissement avec 35 ans d’expérience sur les marchés financiers de Wall Street, Jim est également l’auteur de Currency Wars et de The Death of Money, deux ouvrages devenus best-sellers du New York Times. Enfin, Jim est également chef économiste pour le fonds d’investissement West Shore Group.

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