La Chronique Agora

Comment on est passé de l’étalon-or à l’étalon-dollar

▪ Initialement, les accords de Bretton Woods avaient pour objectif d’aplanir les conflits économiques, reconnaissant par là les problèmes engendrés par les disparités économiques. Les pays présents savaient que ces problèmes économiques étaient au moins en partie imputables à la guerre elle-même et qu’une réforme économique permettrait d’empêcher des guerres futures.

A cette époque, les Etats-Unis étaient sans conteste la nation la plus puissante au monde, tant militairement qu’économiquement. Aucun combat ne s’étant tenu sur le sol américain, le pays avait construit sa puissance industrielle pendant la guerre, en vendant des armes à ses alliés tout en développant sa propre force économique. En 1945, le secteur industriel avait doublé par rapport aux années 1935-1939.

Notons que les Etats-Unis possédaient alors 80% des réserves d’or mondiales

Du fait de leur domination économique, les Etats-Unis tinrent le premier rôle à Bretton Woods. Notons que les Etats-Unis possédaient alors 80% des réserves d’or mondiales. Le pays avait donc toutes les raisons de se baser sur l’étalon-or pour organiser les monnaies mondiales et pour créer et encourager le libre-échange. L’étalon-or a évolué sur plusieurs centaines d’années, selon les projections d’une banque centrale, d’un Etat ou d’un comité d’hommes d’affaires.

▪ De l’étalon-or à l’étalon-dollar
Tout au long du 19ème siècle, l’étalon-or a dominé les changes. L’or créait un taux de change fixe entre les pays. La masse monétaire était limitée aux réserves d’or. Par conséquent, les pays qui manquaient de métal jaune devaient emprunter de l’argent pour financer leur production et leurs investissements.

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Lorsque l’étalon-or était en vigueur, il est vrai que la somme nette de l’excédent commercial et du déficit commercial totalisait zéro parce que les comptes étaient finalement établis en or — et le crédit était lui aussi limité. En comparaison, dans le système actuel de monnaie fiduciaire, ce n’est pas l’or mais le crédit qui détermine combien d’argent un pays peut dépenser. Par conséquent, au lieu que l’économie soit régentée par les réserves d’or, elle l’est par le pouvoir d’emprunt d’un pays. Le déficit commercial et l’excédent commercial ne sont "en équilibre" qu’en théorie parce que la disparité entre les deux parties est comblée par la dette.

Les taux fixes — la valeur de la monnaie par rapport à la valeur de l’or — ont maintenu une politique économique raisonnable basée sur la productivité et les réserves en or d’un pays. Selon Bretton Woods, le taux fixe était formalisé par un accord entre les plus grandes puissances économiques.

Dans la pratique, la monnaie internationale est naturellement devenue le dollar américain

Le concept était bon. Toutefois, dans la pratique, la monnaie internationale est naturellement devenue le dollar américain et d’autres pays lièrent leur monnaie au dollar plutôt qu’à la valeur de l’or. Dans les faits, Bretton Woods a abouti au fait que l’étalon-or a été remplacé par l’étalon-dollar. Lorsque les Etats-Unis fixèrent le dollar à l’or à une valeur de 35 $ l’once, tout le système s’est mis en place, du moins pendant un certain temps. A partir du moment où le dollar a été convertible en or et que d’autres pays fixèrent leur monnaie au dollar, un pseudo-étalon or a été créé.

▪ Keynes contre les Etats-Unis
L’économiste britannique John Maynard Keynes représentait la Grande-Bretagne à Bretton Woods. Keynes préférait mettre en place un système qui aurait encouragé la croissance économique plutôt qu’un système fixé à l’or. Il était pour la création d’une banque centrale internationale et même d’une monnaie mondiale. Il suggéra que le but de la conférence soit de "trouver une mesure commune, une norme commune et une règle commune acceptables pour tous et risqués pour aucun".

Les idées de Keynes n’ont pas été retenues. Les Etats-Unis, économiquement dominants, préférèrent le plan offert par leur représentant, Harry Dexter White. La position américaine avait pour objectif de créer et de maintenir la stabilité des prix plutôt que la croissance économique. En conséquence de quoi, le Tiers Monde pourrait se développer grâce à l’emprunt et aux investissements en infrastructures via le FMI, qui était chargé de gérer les déficits commerciaux afin d’éviter la dévaluation monétaire.

En rejoignant le FMI, chaque pays se voyait attribué un quota commercial pour financer l’effort international, initialement évalué à 8,8 milliards de dollars. Les disparités entre pays devaient être gérées via une série d’emprunts. Un pays pouvait emprunter au FMI, qui agissait en fait comme une banque centrale.

On supposait que la production aurifère serait suffisante pour continuer à financer la croissance

Les accords de Bretton Woods ne comprenaient pas de provisions pour la création de réserves. On supposait que la production aurifère serait suffisante pour continuer à financer la croissance et que les problèmes à court terme pourraient être résolus grâce aux régimes d’emprunts.

Anticipant un volume élevé de demandes pour de tels emprunts dans les efforts de reconstruction d’après guerre, les participants de Bretton Woods créèrent la BIRD, fournissant 10 milliards de dollars supplémentaires devant être payés par les Etats membres.

Aussi bien intentionnée qu’était cette idée, les accords et les institutions qui naquirent de Bretton Woods n’étaient pas suffisants pour résoudre les problèmes économiques de l’Europe d’après guerre. Les Etats-Unis connaissaient des années de gros excédents commerciaux en portant la dette européenne. Les réserves américaines étaient énormes et augmentaient chaque année.

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