La Chronique Agora

Et si la France était privée de Triple A ?

▪ Depuis le 17 août dernier, quatre grandes puissances occidentales sont dans le collimateur de Moody’s. La France, les Etats-Unis, l’Allemagne et la Grande-Bretagne pourraient se voir privés de leur sacro-saint triple A. Pour l’agence, ces pays n’ont jamais été si proches d’une future dégradation — elle estime notamment que "les défis liés aux ajustements budgétaires impliquent que le chemin à parcourir avant un abaissement de la note s’est encore réduit". Pour l’heure, rien n’est encore joué. La dégradation n’est pas encore à l’ordre du jour… mais la question pourrait se poser à plus ou moins long terme.

Néanmoins, nous pouvons d’ores et déjà nous demander quelles seraient les conséquences financière d’une dégradation. Tout d’abord, les taux à payer au niveau des remboursements seraient plus élevés. Sachant que nous avons déjà certaines difficultés à nous acquitter des intérêts actuels, inutile de préciser qu’une augmentation nous poserait certains problèmes financiers. Jugez du peu.

En France, notre dette représente aujourd’hui 77,6% du PIB pour un déficit de 7,5%. Actuellement les intérêts de notre dette s’élèvent à 43 milliards d’euros par an. Si une dégradation de notre note survenait, cela pourrait entraîner une augmentation de 0,5% de taux d’intérêt en plus par an. C’est-à-dire 8 milliards d’euros supplémentaires juste pour les intérêts. Sans commencer à rembourser la dette. Colossal ! De ce point de vue, l’opération "mesure de réduction des déficits" prend du fait tout son sens. D’où la récente convocation de Nicolas Sarkozy à ses ministres du Budget et des Finances en période estivale. En clair, la période est critique.

En Europe, la situation est semblable et les dettes publiques sont au coeur des interrogations et des réflexions politiques. L’Allemagne est un peu mieux lotie mais sa dette s’élève tout de même à 73,2% du PIB pour un déficit de 3,3% du PIB. C’est évidemment — pour le moment — bien inférieur à d’autres pays européens. Rien à voir avec l’Italie qui affiche une dette publique de 115,8% du PIB. Rien à voir non plus avec la Grèce et ses 115,1%…

Les gouvernements commencent donc à prendre le problème à bras-le-corps ouvrant ainsi la voie à l’austérité — même si certains gouvernements rechignent encore à employer ce mot honni. De leur côté, les agences de notation veillent. Elles évaluent la capacité des Etats à prendre en charge leur dette pointant les faiblesses des uns et des autres et accentuant plus encore la pression.

▪ Bilan de santé de l’économie américaine
Outre-Atlantique, la situation est tout aussi sensible. Malgré un deuxième trimestre encourageant, un nouveau ralentissement économique serait à craindre. Réduire le déficit sans peser sur la reprise sera très indéniablement le nouveau challenge de Barack Obama. Un défi à la hauteur du déficit public américain qui a atteint les 1 470 milliards de dollars au terme de l’exercice 2010 — et il est en phase ascendante. Chômage, immobilier à la peine, faillite… les difficultés sont grandissantes.

Par exemple, regardons de plus près les procédures de mise en faillite — personnelle ou d’entreprise. Selon les statistiques publiées la semaine dernière et indépendamment des faillites bancaires, le nombre des faillites US ont atteint leur plus haut niveau depuis 2005. Les faillites personnelles ont augmenté de 21% et les faillites d’entreprises de 9%. N’oublions pas que derrière une faillite, il y a des hommes, des citoyens et des consommateurs… Tous les Etats américains sont concernés. Un nouvel élément qui ne vient pas nous rassurer, mais au contraire laisse entrevoir un automne bien mouvementé.

▪ Notre épargne est en péril
Dans notre pays, la rigueur commence à prendre forme. Principale victime : le portefeuille des épargnants. En effet, un effort sera demandé non pas à tous les Français, mais principalement à ceux qui avaient un esprit plus de fourmi que de cigale. C’est ce qui est apparemment ressorti de la réunion au sommet du Fort de Brégançon — où les plus hautes autorités de notre exécutif ont pris la décision de frapper sans trop de remous sociaux. Eh oui, il est tellement plus facile de taxer le particulier en imposant son patrimoine (ou les revenus de son patrimoine), de raboter les niches fiscales que de mieux gérer le budget et les dépenses de l’Etat…

Cela aura des conséquences sur notre patrimoine et il nous faut nous y préparer dès maintenant. Je prépare actuellement un futur dossier sur l’assurance-vie et ne manquerai pas de tirer les conséquences de toutes les décisions qui devraient voir le jour sur les produits d’épargne dans les mois à venir. La plus grande vigilance s’impose et elle passe toujours par une meilleure sélection et une prise de risque mesurée.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile