La Chronique Agora

Et pourquoi pas l'Argentine ?

** Les 13 000 milliards de dollars de plans de renflouages américains nous restent en travers de la gorge.

* On se demande où l’ancien président de la Fed Paul Volcker, sollicité en novembre dernier par Obama pour prendre la tête du Conseil américain sur la reprise économique, se situe dans tout ça.

* Notre ami Barry Ritholtz se demandait la même chose sur son blog, The Big Picture.

* "Si vous voulez savoir pourquoi la manière dont l’administration actuelle approche la crise du crédit a des défauts, et pourquoi les renflouages d’Obama ressemblent étonnamment aux renflouages de Bush, réfléchissez à ça : pas de Volcker".

* Barry mentionne un article intéressant du Wall Street Journal, soulignant que Paul Volcker a été mis à la tête d’un conseil qui ne s’est pas encore réuni. Selon le Wall Street Journal :

* "Paul a été surpris par le fait de n’avoir pas été consulté, en particulier sur le sujet des secours financiers, après son rôle dominant dans la résolution de crises financières durant les années 80, déclare une personne qui a récemment parlé à M. Volcker".

* "En deux mots", écrit Barry, "on a accès au meilleur chef de la Fed de l’histoire, et on choisit de ne pas l’utiliser durant la plus grande crise depuis la Grande Dépression".

* Nous n’aurions pas mieux dit.

** "Etats-Unis : la super-puissance n’est plus", titrait le Christian Science Monitor il y a quelques jours.

* Depuis quelques temps, nous réfléchissons. On ne prend que trois décisions importantes, dans la vie : ce qu’on fait, avec qui on le fait et où on le fait.

* Buenos Aires est une grande ville avec beaucoup de quartiers différents. Votre correspondant a séjourné dans le quartier Palermo Soho.

* Nous avons vécu dans beaucoup d’endroits différents et en avons visité de nombreux autres. Nous ne nous rappelons pas avoir jamais vu un lieu semblant si délicieusement vivant et pratique. Les rues pavées sont bordées d’immeubles à un ou deux étages. Certains ont des façades Belle époque ou classiques. La plupart sont modernes, de tous les styles — avec toutefois une préférence pour le chic contemporain. C’est un quartier profitant d’un manque total de planification urbaine. Maisons, immeubles, boutiques haute couture, bars, supermarchés, restaurants, garages — on les trouve tous dans la même rue. Les trottoirs sont inégaux ; ils ont été rafistolés, négligés, réparés et oubliés pendant de nombreuses années. Il y a également beaucoup d’arbres — des majestueux sycomores de Thames Street à d’autres variétés plus petites que nous ne pouvons identifier.

* A une rue ou deux de notre hôtel se trouvaient des dizaines de restaurants — allant de simples pizzerias à des établissements beaucoup plus sérieux. Le temps est parfait à cette époque de l’année, si bien que les gens vivent dehors toute la journée. Ils prennent un café le matin… puis le déjeuner se transforme en milieu de l’après-midi… et le dîner se prolonge jusqu’à 22h. Les boîtes de nuit ouvrent après minuit. A l’heure où votre correspondant se réveille, les fêtards sont encore dans la rue.

* Nous sommes allé déjeuner au coin d’une rue, près de l’hôtel. C’était un restaurant servant ce qui rend l’Argentine célèbre : du steak. Le propriétaire avait monté un toit sur le trottoir, et placé des tables et des chaises au-dessous. Nous avons dîné sur une nappe blanche… en regardant les gens flâner autour de nous, principalement des familles avec de jeunes enfants et des touristes. C’était si agréable… nous nous sommes demandé pourquoi nous restions en Europe où la vie coûte deux fois plus cher… et où la météo est deux fois pire.

* Ce matin, nous avons entendu une flûte. On aurait dit Pan appelant les nymphes. Un homme parcourait lentement la rue sur sa bicyclette, sur laquelle il avait installé une meule à aiguiser. La flûte lui permettait de faire savoir qu’il proposait ses services.

* Une femme lavait le trottoir de l’autre côté de la rue. Elle possédait un magasin de chaussures, avec une grande arche bleue sur le toit. Dans la vitrine étaient exposées ce que nous appellerions des "chaussures de sport", même si elles ne servent pas vraiment à faire du sport. Il s’agissait de répliques de chaussures que nous portions dans les années 50 et 60 — des Keds… ou des Chuck Taylor’s All Stars… en tissu, avec des semelles de caoutchouc. Elles doivent être à la mode en ce moment : on les trouve par milliers, de toutes les couleurs — du fuchsia au lamé argent.

* "Pourquoi ne pas emménager à Buenos Aires ?" Nous avons posé la question à Elizabeth comme on pose une bombe. Elle n’a pas tardé à exploser.

* "Tu es fou ? On est allé des Etats-Unis en Europe. On l’a déjà vécu une fois. As-tu oublié combien il a été difficile de tout organiser ? Enfin, après toutes ces années, nous avons des amis… nous avons des choses à faire… nous avons tout mis en place comme nous le souhaitions. Enfin… presque comme nous le souhaitions. Même après 15 ans, nous ne sommes pas encore totalement installés".

* "Pourquoi voudrais-tu revivre tout ça ?"

* "Je te le dirai quand j’aurai trouvé une bonne réponse", avons-nous dit, battant en retraite.

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