Les marchés sont mis à mal, ces derniers jours. Bill Bonner constatait mercredi que l’argent intelligent, celui manié par les plus grands gérants, anticipait déjà la baisse, sans attendre le discours de Powell.
Cette semaine nous nous sommes aussi intéressés au pouvoir d’achat, à l’épargne et au crédit. Bill faisait remarquer que l’actif principal de tout le monde – le temps de travail – avait perdu de sa valeur.
« En 1978, l’Américain moyen devait travailler 1 000 heures environ pour se permettre un pickup Ford F-150 standard. Aujourd’hui, il doit travailler 1 200 heures. Pas vraiment ce qu’on appelle un progrès. C’est plutôt un recul.
L’actif principal du travailleur – son temps – a perdu 20% de sa valeur.
Parallèlement, les propriétaires d’actions se sont généralement bien plus enrichis, la valeur réelle du Dow étant 10 fois supérieure environ à ce qu’elle était à la fin des années 1970.
En 1978, le salarié américain moyen aurait pu travailler 200 heures et participer pleinement au capitalisme national en achetant toutes les actions composant le Dow. Aujourd’hui, il doit travailler 1 130 heures pour acheter les mêmes valeurs.
Le salarié moyen se sent floué. C’est là une autre chose que nous pensons comprendre alors que d’autres, non.
Le salarié moyen a raison. »
Ce que nous pensons avoir compris, c’est que le système financier et monétaire actuel est à l’origine de cette spoliation. Il repose sur la création de crédit en quantités illimitées et selon le vieux dicton « on ne prête qu’aux riches », il est donc favorable à l’élite qui le pilote.
L’épargne n’est pas du crédit : remplacer l’une par l’autre fausse le jeu économique et compromet l’avenir.
Ce à quoi objecte Alain, un lecteur :
« Pour l’immobilier du particulier, c’est bien nécessaire : un crédit à 20 ans signifie que j’ai besoin de 20 ans d’épargne pour me payer ce logement et en attendant je suis obligé de louer, ce qui diminue ma capacité d’épargne et augmente le temps nécessaire à accumuler le capital.
Certes la demande chutera immédiatement et donc aussi les prix mais beaucoup arriveront à la retraite sans avoir pu amasser ce logement qui fera leur sécurité.
Et en plus, il faut bien placer cette épargne quelque part pendant ces 20 ans, avec un énorme risque de tout perdre. Ce qu’il faut condamner ce sont tous ces emprunts – comme les emprunts d’Etat – qui ne sont jamais remboursés et tout le temps refinancés. »
Une précision, cependant : la manipulation des taux d’intérêt à la baisse – qui permet le refinancement de ces emprunts d’Etat – prive aussi l’épargnant de rendement honnête. Ce n’est pas un hasard si l’Allemagne – dans laquelle la bulle immobilière n’a pas encore sévi et l’endettement public est moindre – a vu l’épargne des Allemands soutenir son industrie et son Mittelstand.
La perfection n’est pas de ce monde mais entre un système honnête et un système malhonnête pourquoi vouloir s’entêter à sauver le second ?