La Chronique Agora

Entre imagination et réalité

Décidément, l’Etat est incorrigible. Le voici, après le mauvais traitement infligé au PEL, qui lorgne à présent du côté de l’assurance-vie : à mon avis, nous n’allons pas tarder à être sollicités.

Rappelez-vous comment l’administration fiscale a trouvé le moyen de s’attaquer au PEL (Plan d’épargne logement) si cher aux Français : alors que les prélèvements sociaux n’étaient perçus qu’à la clôture du PEL, la règle a subitement changé au 1er janvier 2006 : ils sont depuis prélevés au dixième anniversaire du PEL, puis tous les ans ; joli coup, mais drôle de réalité.

L’imagination au pouvoir
Vous allez me dire qu’un jour ou l’autre, il aurait bien fallu payer ces taxes. D’accord, mais croyez-vous que l’Etat s’est arrêté en si bon chemin ? Que nenni ! C’était bien mal connaître M. Breton et ses équipes de Bercy qui ne manquent pas d’imagination ; et cette année, ils ont mis en route une nouvelle modification.
Les intérêts des PEL de plus de 12 ans sont désormais imposables (Loi de Finances pour 2006). Comble du raffinement, le contribuable peut alors choisir son mode d’imposition : le prélèvement forfaitaire de 16% (plus prélèvements sociaux), ou l’application du barème progressif de l’impôt sur le revenu (plus prélèvements sociaux). Faites votre choix.

La réaction ne s’est pas faite attendre. Les épargnants n’appréciant pas du tout la technique employée se sont portés comme un seul homme… sur l’assurance-vie. Une nouvelle fois, la machine infernale s’est mise en route et l’imagination a fait des siennes.

Le gâteau de l’assurance-vie
La rumeur court que le gouvernement étudie le moyen, discret, de prendre une grosse part du gâteau qu’est l’assurance-vie. Pour ce faire, les contrats en unités de compte, qui sont surtout investis en Sicav et autres fonds de placement, sont dans le collimateur. Tout d’abord, ils ont un petit avantage : alors que les contrats d’assurance-vie en euros voient leurs prélèvements sociaux décomptés lors de l’inscription en compte des intérêts, les contrats dits "multisupports" ne payent la CSG et autres taxes qu’au moment d’un retrait.

Ne croyez pas que l’Etat vous fait un cadeau : en réalité, il s’agit d’un problème technique. La valeur d’un contrat multisupports est celle des unités de compte qui le composent, et cette valeur fluctue, à la hausse comme à la baisse. Conséquence jusqu’à présent : les gains virtuels n’étaient pas imposés, car ils pouvaient disparaître d’une année sur l’autre — ce qui paraissait logique. Eh bien non, l’administration fiscale n’a cure de cela et fait fi de toute logique. Il est question que ces gains latents soient désormais taxés.

Un autre exemple d’absurdité ? La CSG de 7,5% sur les salaires n’est déductible qu’à hauteur de 5,1%. Un dernier ? Le contribuable assujetti à l’Impôt sur la fortune est taxé sur la valeur de sa résidence principale — qui n’est que virtuelle tant qu’il ne l’a pas cédée… Très bien imaginé.

Alors en effet, quand on en arrive à ce point, pourquoi ne pas lorgner du côté des plus-values latentes de l’assurance-vie ? Oh certes, la tâche ne sera pas aisée ; il y aura des obstacles techniques, mais faites confiance à l’esprit imaginatif des gens de Bercy, stimulé par le montant des sommes investies sur ce type de support : pas moins de 20 milliards depuis le début de l’année. Cela donne des idées pour créer une nouvelle recette dont nos finances ont tant besoin.

L’Amérique toujours chef de file
Il était intéressant de se pencher sur le classement établi fin juillet par Fidelity concernant les plus grosses capitalisations mondiales (en dollars bien entendu).

Force est de constater — mais est-ce vraiment une surprise — que parmi les vingt premières, douze sont américaines (soit 60%), imposant, encore et toujours, la suprématie US. Pour mémoire, il y a deux décennies, elles étaient onze. C’est Exxon qui fait la course en tête avec 371 milliards de dollars, devant General Electric (342 milliards de dollars) et Gazprom (240 milliards de dollars).

Il est curieux de voir que seuls deux groupes nippons sont dans ce classement, alors qu’en 1986 ils étaient sept et qu’ils étaient de sérieux concurrents. Mais voilà : les Japonais sont rentrés dans le rang, crise financière oblige. Du coup, ils ont été obligés de ralentir le rythme de leur expansion économique et, le plus douloureux pour eux, de se remettre en cause.

En examinant ce classement, on s’aperçoit également que les groupes financiers sont au nombre de six (contre deux il y a vingt ans) et sont bien placés. Toutefois, leur poids au sein de l’indice MCSI Monde a chuté de moitié. Pourquoi ?

De nouveaux venus aux dents longues
Une analyse comparative montre qu’il y a eu une progression importante d’entreprises qui n’appartenaient pas à ce gotha. Il s’agit de groupes, ou d’importantes sociétés, en provenance de pays en mutation tels la Chine, la Russie et l’Inde, et qui n’étaient pas classés selon les critères capitalistes sur les marchés.
Il ne fait aucun doute que dans vingt ans, le classement sera revu et corrigé, car la forte progression de ces nouveaux venus dans l’acier, l’informatique et la chimie, notamment, va changer la donne.

Ne nous leurrons pas : cette grande mutation est commencée, et notre pays aura du mal à conserver son rang face aux nouveaux venus. C’est une réalité. Vous imaginez aisément l’effort qui nous attend pour pouvoir espérer être encore à la table du G8 dans vingt ans. Rien n’est moins sûr, sauf à avoir beaucoup d’imagination.

Attitude boursière
Vous devez vous poser des questions, cher lecteur, quant à la conduite à tenir en Bourse compte tenu de tous les événements géopolitiques et économiques qui rendent les marchés assez nerveux — dans les deux sens d’ailleurs.

L’année 2007 qui se profile à l’horizon est chargée d’incertitudes de tout ordre, dont on ne sait exactement quels seront les impacts réels sur les marchés boursiers, si elles se réalisent peu ou prou. Il faut donc se montrer prudent — sans devenir frileux pour autant.

La première chose, c’est d’investir dans des valeurs solides, saines financièrement, et dans des secteurs porteurs.

En ce qui nous concerne, nous n’investissons pas en général à court terme — ce qui ne nous empêche pas de prendre des bénéfices quand ils se présentent, quel que soit l’horizon de placement. En travaillant sur le long terme, le facteur temps est de notre côté ; cela permet d’avoir le recul nécessaire, une sérénité plus grande pour opérer et d’encaisser des dividendes.

La diversification ensuite est un facteur important, et nous vous indiquons chaque mois dans Vos Finances plusieurs axes de placements et des sélections de valeurs sur lesquelles investir (valeurs françaises et
européennes, valeurs étrangères, or et matières premières, assurance-vie).

 

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