Après une bonne année 2020, les facteurs de hausse restent nombreux pour les métaux précieux en 2021 ; il faut simplement surveiller ces quelques éléments susceptibles de peser sur les cours.
L’enquête annuelle sur les prévisions de la LBMA (London Bullion Market Association) publiée la semaine dernière montre que les prévisionnistes s’attendent à ce que le prix moyen de l’or augmente de 11,5% en 2021, à 1 973,8 $ (moyenne des prévisionnistes) par rapport au prix moyen réel de l’or en 2020 de 1 769,6 $. Par ailleurs, le prix de l’argent-métal augmentera de 38,7% en 2021 à 28,50 $ par rapport à la moyenne annuelle réelle de 20,55 $ en 2020.
Ces moyennes attendues montrent que l’argent pourrait gagner trois fois plus en pourcentage que l’or en 2021.
Il y avait bien sûr un large éventail de points de vue parmi les prévisionnistes, avec une différence de prix de 650 $ entre la prévision la plus élevée du prix moyen de l’or pour 2021, à 2 300 $, et la plus basse à 1 650 $.
Pour l’argent, la fourchette était de 28 $, avec la prévision moyenne annuelle la plus élevée à 47 $ et la plus basse à 19 $.
Quels sont les facteurs de hausse ?
Les trois principaux facteurs d’un prix de l’or plus élevé soulignés par les prévisionnistes sont :
– taux d’intérêt négatifs ou en baisse (25% des prévisionnistes) ;
– dollar américain plus faible (21%) ;
– politique budgétaire et monétaire américaine stimulante (16%).
Un retour sur les prévisions précédentes de la LBMA nous montre que les mouvements des prix de l’or et de l’argent ont surpris à la hausse.
Nous notons que le prix annuel moyen de l’or prévu pour 2020 était une augmentation de 12% à 1 559 $, mais que le prix moyen réel a augmenté de 27,0% à 1 770,19 $. Le prix moyen réel de l’argent a augmenté de 26,8% pour s’établir à 20,55 $, et la hausse prévue n’était que de 12,4% à 18,2 $.
N’oubliez pas que cette discussion a porté jusqu’à présent sur les augmentations annuelles moyennes des prix, ce qui est distinct de tout mouvement de prix entre le jour de l’An et le réveillon du Nouvel an suivant.
Pour 2020, le prix de l’or du Nouvel an au Nouvel an a augmenté de 25,3% et le prix de l’argent de 46,8%.
De plus, on note que le prix de l’or a augmenté plus que la moyenne prévue quatre ans sur cinq depuis le début du marché haussier en 2016 !
Les résultats pour le prix de l’argent-métal depuis 2016 sont plus mitigés depuis 2016. Le prix moyen prévu pour l’argent diffère de la réalité dans deux des années. Le prix prévu était bien inférieur au prix réel dans deux des années depuis 2016, et le prix réel a surpris à la hausse en un an.
Des raisons d’être optimiste
Outre les trois principales raisons de la hausse du prix de l’or que nous avons notées ci-dessus, les prévisionnistes ont donné diverses raisons supplémentaires de rester optimistes sur le prix de l’or, dont certaines sont mises en évidence ci-dessous :
– relance budgétaire et monétaire menant à l’inflation de l’indice des prix à la consommation (IPC) après le retour à la normale de l’économie ;
– hausse de l’inflation des prix à la consommation avant la reprise complète de l’économie ;
– déficits publics importants et des niveaux d’endettement en hausse, non seulement pour les gouvernements mais aussi pour les entreprises et les ménages ;
– présence du Covid-19, qui renforce le rôle de l’or en tant qu’actif stratégique ;
– forte demande de détail en Asie avec la reprise de l’économie (la Chine et l’Inde représentent environ 48% de la demande des consommateurs en or physique) ;
– demande continue de valeur refuge ;
– contrôle de la courbe des taux par les banques centrales.
Bon nombre des arguments cités par les prévisionnistes pour la hausse des prix de l’or s’appliquent également à l’argent.
Les prévisionnistes ont également cité des arguments spécifiques en faveur de la hausse du prix de l’argent-métal :
– augmentation de la demande industrielle dans les applications électroniques, véhicules et biocides ;
– davantage d’investissements et de panneaux solaires (sous l’impulsion de la poussée de l’administration Biden vers l’énergie verte) ;
– augmentation de la demande de bijoux alors que la croissance mondiale rebondit ;
– forte demande physique ;
– demande accrue pour le « nouveau plan d’infrastructure » axé sur la technologie en Chine.
Qu’en est-il des facteurs baissiers ?
Bien sûr, sur n’importe quel marché, il existe également des facteurs baissiers qui entrent en jeu. Les prévisionnistes baissiers étaient cependant une minorité dans l’enquête :
– augmentation des taux d’intérêt des banques centrales plus rapide que prévu et/ou réduction des programmes d’assouplissement quantitatif ;
– un déploiement plus rapide que prévu du vaccin contre les coronavirus pourrait freiner la demande de refuge – en conséquence, cela pourrait attirer les investisseurs vers d’autres actifs (augmentation des coûts d’opportunité liés à la détention d’or et d’argent) ;
– hausse du dollar américain malgré la relance budgétaire et monétaire massive aux Etats-Unis.
Certains de ces facteurs baissiers ont joué sur le prix de l’or depuis le début de l’année. Le prix de l’or a diminué de 5,33% en dollars américains (de 1 943,20 $ à 1 823,70 $ au 16 février) par rapport au cours de clôture de 2020.
La faiblesse du prix de l’or est due à la hausse du dollar américain, à l’incertitude concernant les plans de relance budgétaire supplémentaires et aux banques centrales en mode attentiste.
Les défis que de nombreux pays rencontrent avec leurs programmes de déploiement de vaccins et les retards dans le retour à une activité économique « normale » n’aident pas non plus l’or.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]