La Chronique Agora

« Tu as encore des sous ? »

▪ "Tu as encore des sous ?"

La question était adressée à la filleule de votre correspondante, venue passer quelques jours à la capitale toute seule avec sa marraine. Et le père de la petite, lors du coup de fil quotidien, s’inquiétait de l’état des finances enfantines.

"Oui, oui, t’inquiète pas", a répondu la blondinette. Arrivée avec un unique billet de 50 euros ("et cinq centimes !"), elle avait acheté plusieurs babioles et souvenirs pendant son séjour — suite à quoi il lui restait quelques billets de cinq et 10 euros et une poignée de petites pièces.

"Plus je dépense", a-t-elle continué d’un ton triomphal, "plus on m’en donne !"

Oh, cher lecteur, que faut-il penser de l’état de la planète quand l’élite financière et monétaire a un raisonnement aussi avancé que celui d’une fillette de huit ans ?

▪ "Plus je dépense, plus on m’en donne" !

On dirait le refrain repris en cours par l’intégralité des banques, des entreprises, des initiés et autres parieurs du gigantesque casino qu’est devenu le système financier.

Comme le disait Bill Bonner lundi :

"Le marché boursier n’est plus un endroit pour les gens honnêtes échangeant leurs titres de propriété dans des entreprises productives. Il a été transformé en casino. A présent, avec la ‘bonne nouvelle’ selon laquelle plus de gens ont trouvé un emploi le mois dernier, les joueurs s’inquiètent : peut-être que la Fed va arrêter de servir des boissons gratuites".

"Ils peuvent cesser de se faire du souci, à notre avis. Si des chiffres de l’emploi modestement favorables produisent une chute de 278 points sur le Dow, que provoquerait une véritable augmentation des taux ? Sans parler d’un retour à la normale — aux environs des 3% ? Ce serait au minimum un déclin de 1 000 points. Et des gros titres clamant que c’est la fin du monde. Et la panique à la Fed et à Washington. Et… et…"

"… oui, et de nouvelles promesses d »agir’… de faire ‘tout ce qu’il faut’ pour éviter une crise".

Peu importe si, dans le même temps, on transforme une devise saine et solide en petite monnaie ayant le dixième de la valeur… voire moins. Peu importe aussi que cette cataracte de liquidités ne profite qu’aux "1%" tandis que l’économie réelle s’assèche.

▪ Philippe Béchade l’expliquait il y a quelques jours :

"Imprimer des milliers de milliards de dollars, de yens et maintenant d’euros en pure perte pour 99% de la population, c’est un peu comme se réjouir de voir quelques jardins reverdir grâce à la vapeur d’eau qui remonte du pied de la chute… alors que des milliards d’hectolitres vont se perdre dans un canyon (la trappe à liquidités) au lieu d’être captés en amont par l’économie réelle pour alimenter des canaux d’irrigation".

Chaque jour qui passe, la situation devient de plus en plus bizarre… de plus en plus faussée… de plus en plus déséquilibrée.

Ma filleule est rentrée chez elle dimanche dernier, son petit portefeuille rouge bien à l’abri dans son sac à dos La Reine des Neiges ; si sa réserve s’était révélée insuffisante pour ses besoins, elle aurait eu en renfort la CB de sa marraine.

De leur côté, les banques systémiques et autres initiés peuvent compter sur leurs "marraines" à eux : Fed, BCE, Banque du Japon…

▪ Et vous, cher lecteur ? Lorsque tout s’effondrera, avez-vous dans votre petit portefeuille rouge de quoi résister à la crise ?

"La déflation est le danger immédiat. Lutter contre la déflation signifie probablement de déborder l’autre côté inflationniste. Les bulles sont partout et pourraient éclater, provoquant une panique, à n’importe quel moment", affirmait Jim Rickards hier.

"La croissance tendancielle ne reprendra pas sans changements structurels de l’économie, impossibles actuellement à cause du système politique dysfonctionnel à Washington. Même si le scénario optimiste de la Fed a lieu, l’or pourrait encore grimper du fait des achats étrangers, d’une offre variable diminuée du lingot physique et d’un squeeze potentiel".

"En bref, tous ces possibles problèmes financiers plaident fortement pour que vous introduisiez de l’or dans votre portefeuille à ce niveau d’entrée. Il existe diverses façons de posséder de l’or ou d’avoir une exposition au prix de l’or : lingots physiques, ETF, produits dérivés, minières d’or, fiducies de redevance".

"Je vous conseille une allocation de 10% en or physique si ce n’est pas déjà le cas. Pour le stockage, je vous conseille un coffre non bancaire, fiable et assuré, proche de chez vous ou dans un coffre chez vous. La meilleure sécurité, c’est de ne dire à personne que vous possédez des pièces d’or".

Voilà, cher lecteur — et faites attention, vous aussi, à la différence entre un seul billet de 50 euros… et tout un tas de petite monnaie.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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