La Chronique Agora

En Irlande, la dette est tenue à bout de bras par l'Europe

▪ « L’Irlande est ruinée », a dit notre chauffeur de taxi.

Nous aimons interroger les chauffeurs de taxis sur l’état de l’économie. Ce n’est pas qu’ils en sachent plus long que l’économiste moyen, mais ils parlent aux gens. Sans caméras ou dictaphones en arrière-plan. Et ils ont leur propre entreprise. Lorsque tout va bien, les gens prennent le taxi. Lorsque les temps sont durs, ils prennent le bus.

« Mon p***** de revenu a été divisé par deux. La majeure partie de mes courses, ce sont des gens qui sont en voyage d’affaires… ou des gens qui vont travailler. Mais en ce moment, qui fait des affaires ? Qui travaille ? »

« Les promoteurs immobiliers et les banquiers ont ruiné le pays. Ils ont fait grimper les prix. Ensuite, qu’a fait le gouvernement ? Ils n’en ont pas la moindre idée. Le gars à la tête des affaires financières irlandaises est un ancien instituteur. Je n’ai rien contre les instituteurs, mais que sait-il de la finance ? Et le voilà en train de négocier avec les Allemands ».

« Les Allemands, eux, ils savent ce qu’ils font. Ils ne veulent pas financer nos erreurs. Qui pourrait leur en vouloir ? »

De bien des manières, la Grande Correction frappe l’Irlande plus durement que les Etats-Unis. Les Irlandais ont beaucoup trop construit et emprunté… et se sont perdus au pays des rêves.

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« Nous sommes des rêveurs, je suppose. Et des conteurs. C’est une histoire de statut, en Irlande. Entrez dans un bar. Cherchez le gars qui a le plus de personnes autour de lui. C’est lui, le grand homme du coin. Pas le docteur. Pas le politicien. Pas le millionnaire ».

« Nous sommes des rêveurs et des conteurs… et nous finissons par croire à nos propres histoires ».

Les Irlandais rêvent grand. La république n’est pas assez grande pour eux. Ils vont donc à l’étranger. Ils ne sont plus que quatre millions sur leur île. Quelque 60 millions de leurs descendants — la diaspora irlandaise — vivent aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Argentine et ailleurs. Votre correspondant est l’un d’entre eux.

Pour la première fois depuis plus d’une décennie, les Irlandais émigrent à nouveau.

« Si vous êtes un jeune intelligent, que faire d’autre ? C’est triste pour les familles. Mais l’Irlande n’a rien à leur offrir. Ils doivent partir. Et généralement, ils ne reviennent pas ».

▪ Nous sommes allé ouvrir un compte à la Bank of Ireland.

« Ils ont dû être contents de vous voir », nous a dit un collègue. « Vous devez être la première personne à ouvrir un compte depuis des années. Le reste d’entre nous sort son argent. Toutes les banques d’Irlande sont insolvables, et tout le monde le sait ».

« En tout cas, il n’y avait pas de file d’attente », avons-nous répondu.

Nous sommes arrivé aux portes de la banque à 10h00 du matin. Nous avons sonné (la banque n’ouvrait pas avant 10h30, mais nous avions rendez-vous). Un homme âgé, d’allure digne, portant pull-over et cravate, a ouvert la lourde porte de chêne.

Nous avons dit pourquoi nous étions là.

« Ah, oui… elle vous attend ».

Devant nous se tenait une jolie femme d’une trentaine d’années. Bien habillée, bien coiffée.

« Est-ce que je perdrai de l’argent si la banque fait faillite ? » avons-nous demandé.

« Ha ha… aucune chance que ça arrive », nous a-t-elle répondu, avec l’air d’intense sincérité qu’on associe généralement aux vendeurs d’aspirateurs et aux fous furieux. « Je suppose qu’on pourrait dire que nous sommes déjà insolvables, techniquement. Mais nous avons un accord avec la Banque centrale européenne. Nous avons une ligne de crédit. Nous ne ferons pas faillite. Et même si cela arrivait, votre argent est protégé par un programme du gouvernement irlandais couvrant les déposants à hauteur de 100 000 euros ».

« Mais le gouvernement irlandais n’est-il pas insolvable lui aussi ? »

« Ha ha… eh bien, je suppose que oui. Techniquement. Mais c’est pareil pour votre gouvernement américain, non ? Enfin, c’est juste techniquement. Le système tout entier ne va pas faire faillite. Nous sommes soutenus par l’Europe. Et l’Europe ne veut pas que l’Irlande fasse faillite.

Elle avait raison sur ce sujet. L’Europe ne veut pas que l’Irlande fasse faillite. Parce que les dettes de l’Irlande sont le crédit des banques allemandes et françaises. Si on laissait l’Irlande faire défaut sur ses dettes, toute l’affaire tomberait en pièces.

L’Irlande ne peut pas emprunter sur le marché libre. Les prêteurs ne sont pas idiots. Les Irlandais empruntent donc aux autorités financières européennes. Les taux bas permettent de maintenir à flot les ménages irlandais. La plupart des prêts immobiliers, en Irlande, sont à taux variables. Si on les laissait varier vers le haut, au niveau du marché, les ménages, les banques et le gouvernement irlandais couleraient tous.

Pour l’instant, l’Europe prête aux autorités irlandaises à des taux bas… si bien qu’elles peuvent empêcher que leurs banques et leurs électeurs fassent faillite. Les banques, à leur tour, sauvent leurs créditeurs de la faillite. Tout le système, en Europe aussi bien qu’aux Etats-Unis et au Japon, dépend d’un flux continu d’argent facile artificiellement bas.

Et tout le monde semble penser que ce flux d’argent bon marché peut se continuer indéfiniment.

Bienvenue dans l’économie politique moderne… Les petits problèmes isolés sont amalgamés en problèmes de plus en plus grands. Le danger ne tarde pas à affecter non plus une banque… ou même une nation… mais le système tout entier.

Nous ne savons pas quand ça cessera. Nous ne savons pas exactement ce qui le fera cesser, non plus. Mais nous sommes certain qu’il y a des profits à faire en misant dessus.

 
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