Portée par les médias et plébiscitée par l’opinion, la taxe Zucman s’annonce comme une arme idéologique plus que fiscale : loin d’assurer la « justice sociale » promise, elle risque de s’élargir jusqu’à frapper bien au-delà des seuls « ultra-riches ».
Dans notre article précédent, nous avons vu en quoi la taxe Zucman est une mesure spoliatrice, inconstitutionnelle et économiquement dangereuse.
La complicité des médias
Il n’y a malheureusement pas que les pasionarias du parti LFI, que plus personne n’écoute, qui promeuvent cette taxe confiscatoire. Si l’on en parle tant, c’est bien parce que les médias en font la promotion. Et quand nous disons médias, nous pensons d’abord à ceux du service public, financés par nos impôts, qui ont invité sur leurs nombreuses antennes, Zucman lui-même pour défendre sa taxe. Une promotion qui montre bien qu’elle est l’orientation idéologique de France Télévisions et de Radio France et qui achève de déconsidérer l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, qu’on a connu beaucoup plus sévère à l’encontre de médias privés.
Comment s’étonner dans ces conditions que les Français approuvent à 86 % la taxe Zucman (selon un sondage Ifop réalisé à la demande du PS) ? Pourtant, il est probable que ces mêmes Français n’y comprennent rien, à l’instar du président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale.
Il suffit de leur dire que les « super riches » vont payer à leur place les dépenses publiques qu’ils refusent non seulement de payer, mais aussi de baisser, pour les convaincre que cette mesure serait une bonne chose. Ils oublient pourtant l’essentiel : ils en seront eux aussi victimes. Tout d’abord parce que, nous l’avons dit, des entrepreneurs quitteront la France pour développer leur activité ailleurs, ce qui appauvrira l’économie française et, de fait, la création d’emplois. La taxe Zucman fera aussi fuir les investisseurs étrangers car ils verront ainsi dans la France un pays décidément incapable de se réformer et de chasser ses démons taxateurs, et autorisant sans vergogne la spoliation (c’est-à-dire le vol).
Et à cause de cela, la taxe ne rapportera jamais les 20 Md€ promis par son inventeur. Nous savons maintenant que l’impôt sur la fortune (ISF), avant sa suppression, ne rapportait même pas 7 Mds€ par an (moins de 0,2 % de la dette française actuelle). Les exemples danois, britannique ou encore norvégien ont fait la preuve qu’entre le rendement espéré d’une taxe sur le patrimoine et celui observé, un écart de 75 % pouvait intervenir, quand le rendement fiscal effectif n’était pas en définitive négatif.
Que se passera-t-il alors quand on se rendra compte que le rendement de la taxe n’est pas au rendez-vous ? Les « super riches » ayant disparu, on s’attaquera à ceux qui sont seulement « riches », c’est-à-dire à tous ceux qui possèdent un peu d’argent de côté.
Comme l’écrit sur LinkedIn, l’entrepreneur Alphadio Olory-Togbe :
« La taxe Zucman ne vise pas 1 800 contribuables ‘ultra-riches’. Elle vise les millions qui applaudissent sans voir que la vraie cible c’est eux. Car les ultra-riches sont aussi ultra-bien défendus par une armée de spécialistes dont le métier est précisément de ne pas se laisser surprendre deux fois. Les promoteurs de la ZucTaxe le savent parfaitement et s’en moquent : leur vrai sujet est de franchir, portés par une foule d’autant plus enthousiaste qu’elle ne se sent pas concernée, le Rubicon de la taxation des biens professionnels. Or pour garder son efficacité la taxe devra élargir son assiette et on passera à 50 millions, puis 20, puis 5, puis tout, au nom de la justice fiscale. »
Il suffit, par ailleurs, de se rappeler que Zucman a soutenu le programme de Jean-Luc Mélenchon qui prévoyait, entre autres joyeusetés, d’augmenter la progressivité de l’impôt sur le revenu avec notamment un taux marginal de 90 % pour les revenus supérieurs à 400 000 € par an, de taxer les Français résidant à l’étranger, de hausser les prélèvements sociaux sur les revenus du capital, de remplacer la « flat tax » par une taxation progressive, de rétablir l’ISF en le rendant plus progressif, de rendre la taxe foncière progressive ainsi que les droits de succession, de limiter l’héritage à 12 M€, etc.
La taxe Zucman sera-t-elle adoptée ?
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a affirmé, il y a quelques jours, que la taxe Zucman ne sera pas mise en place. Cependant, il est encore permis de s’inquiéter étant donné le désordre qui règne aujourd’hui au Palais Bourbon. Beaucoup de députés – y compris RN, LR et de la minorité présidentielle – sont prêts à voter cette taxe.
Pour s’en convaincre, il suffisait d’écouter Sylvain Maillard, député macroniste, interviewé lundi 15 septembre 2025 par Sonia Mabrouk sur Europe 1 et CNews. Pourtant créateur et dirigeant d’une entreprise spécialisée dans la distribution de composants électroniques (Alantys Technology), le député de Paris y a affirmé qu’il fallait tendre la main au Parti socialiste (PS), faire des concessions pour voter un budget pour 2026 et, par conséquent, « offrir une victoire symbolique à la gauche sur l’imposition des plus fortunés ». Il ajoute : « c’est une sombre connerie, mais il va bien falloir le faire », précisant tout de même qu’il voulait que l’outil de production soit retiré de la base taxable, faute de quoi « on se ruine » !
Quant à l’organisation patronale U2P (Union des entreprises de proximité), qui regroupe des artisans, commerçants et professions libérales, elle suggère que les revenus du capital soient taxés. L’effort devrait être fait, selon elle, par « les rentiers, les héritages, les retraités qui ont une retraite supérieure à 2 300 euros par mois ».
D’ailleurs, le Premier ministre a aussi dit qu’il ne renonçait pas à la « justice fiscale ». A quoi faut-il s’attendre alors ? Plusieurs pistes sont explorées, à commencer par la reconduction de la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) qui touche les personnes affichant plus de 250 000 euros de revenu fiscal de référence (500 000 euros pour un couple) assujetties à un minimum de 2 % d’impôt sur le revenu.
On parle d’une contribution sur le patrimoine non professionnel, qui n’est ni plus ni moins que le retour de l’ISF. Les foyers dont le patrimoine dépasse 2 M€ seraient concernés. Ils seraient taxés à 0,5 %. Il est également question de taxation des « trésoreries excédentaires » des holdings patrimoniaux, d’une hausse de la flat tax qui pourrait passer de 30 % à 33 %, et de taxation plus lourde des successions (l’assurance-vie pourrait être taxée, et le pacte Dutreil remis en cause).
Il paraît évident que les « ultra riches » ne seront pas les seuls concernés. Et la plupart des Français continueront d’applaudir, ne comprenant pas qu’ils en subiront aussi les conséquences.
Taxer lourdement les riches n’a jamais rien rapporté aux pauvres. Bien au contraire. Mais l’envie est plus forte que tout. Les Français sont prêts à spolier ceux qui ont réussi, qui créent des emplois, parce qu’ils ne supportent qu’ils puissent posséder plus qu’eux. Tocqueville le disait déjà en 1848 : « Les Français veulent l’égalité dans la liberté et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans la servitude. »