La Chronique Agora

En défense de Mitt Romney

▪ Les républicains sont passés à l’anti-Mitt, ces derniers jours. Tout le monde s’en prend à Romney. Pourquoi ?

Il s’est rendu à un gala de collecte de fonds. Il y avait là de riches républicains, dont bon nombre travaillent dans la finance. L’événement était organisé par Marc Leder, un gestionnaire de fonds de private equity qui a pour réputation d’organiser des fêtes complètement folles dans sa maison des Hamptons. Mitt a dû se dire qu’il devait sortir quelque chose d’assez énorme pour concurrencer les femmes nues et les orgies de Leder.

Il a donc déclaré à l’assistance que 47% des Américains ne paient pas de taxes… qu’ils se considèrent comme des « victimes »… et que ces gens sont des « parasites » vivant aux crochets du gouvernement.

Eh bien, il a en quelque sorte raison. Ils ne vivent pas « aux crochets du gouvernement ». C’est impossible, parce que le gouvernement ne produit rien. A la place, on utilise le gouvernement pour vivre aux crochets des autres. Exactement ce que font les parasites — autrement appelés zombies.

▪ Une définition des zombies
Qui sont ces gens, exactement ? Le journal The Atlantic nous en dit plus :

« En 2011, 47% des Américains ne payaient pas d’impôts fédéraux sur les revenus. Dans ce groupe, deux tiers versent toutefois des cotisations sociales. Le reste est constitué en majeure partie de a) personnes âgées et retraités recevant une pension du gouvernement ou b) ménages gagnant moins de 20 000 $. Dans l’ensemble, quatre ménages sur cinq ne payant pas l’impôt fédéral sur les revenus gagnent moins de 30 000 $, selon le Tax Policy Center ».

« Voici une autre manière, légèrement plus bancale, d’envisager ces 47%. Divisez ce groupe en deux moitiés. La première ne paie pas d’impôts grâce à des crédits et des exemptions, dont la grande majorité va à des citoyens seniors ou aux enfants des travailleurs pauvres. L’autre moitié est si pauvre qu’ils ne devraient pas payer d’impôts sur le revenu même si les dépenses fiscales étaient à zéro« .

« Quelques cas isolés ne sont pas si pauvres, comme les 7 000 millionnaires qui n’ont pas payé d’impôts sur le revenu en 2011. Mais pour la majeure partie, quand on parle des ‘47%’, il s’agit principalement de retraités âgés et des familles de travailleurs pauvres ».

Pas de mauvaises personnes, en d’autres termes. Pour la majeure partie, des gens normaux pris dans le système zombie… tout comme les riches qui écoutaient Mitt Romney.

Comment fonctionne le système zombie ? Vous vous lassez probablement de l’entendre. Mais en deux mots, en 1971, l’administration Nixon a mis fin à la devise réelle, appuyée à l’or. Depuis, le crédit a pris le mors aux dents… transformant l’économie américaine. D’un système productif (dans lequel la classe moyenne peut gagner des salaires corrects en fabriquant des choses utiles), on est passé à un système spéculatif (dans lequel des financiers louches gagnent des millions sans rien fabriquer du tout). Nous ne savons pas comment Leder s’en est tiré, mais selon les journaux, 25 de ses entreprises ont fait faillite depuis 2008.

Non que nous le blâmions… ou que nous l’accusions de quoi que ce soit. Nous aurions fait la même chose, si nous avions été assez intelligent. L’argent coulait à flots; pourquoi ne se serait-il pas servi ?

▪ Où va l’argent des autorités ?
Pas plus que nous nous joindrons aux foules qui montrent Mitt Romney du doigt. Au contraire, nous prenons sa défense, comme nous le faisons pour tous les déficients mentaux, ivrognes… et personnes qui osent attaquer les zombies.

Le problème, c’est que bon nombre des personnes qui écoutaient le discours de M. Romney étaient elles-mêmes des zombies — de riches zombies. Selon Marc Faber, 50% de l’économie américaine sont désormais dirigés, contrôlés ou directement gérés par le gouvernement. Ce qui met environ la moitié de la population dans l’économie zombie — l’économie qui ne produit pas vraiment quoi que ce soit par elle-même, mais vit plutôt des efforts de l’autre moitié. Les plus pauvres d’entre eux reçoivent des bons alimentaires et des allocations. Les riches obtiennent des contrats dans le secteur de la défense, des subventions, des renflouages et des usines à gaz — comme les milliards donnés aux banques… ou les milliers de milliards injectés dans le système financier pour que les riches ne perdent pas leur argent.

La Fed a doublé ses actifs au cours des cinq dernières années. Au rythme annoncé par M. Bernanke la semaine dernière, ils doubleront une fois encore au cours des cinq prochaines. Voilà qui met pas mal d’argent en jeu. Qui va en profiter ? Les gens qui ont une activité décente pour un salaire décent ? Ou les gens qui trouvent un truc… qui lèchent les bottes des autorités… qui en savent long sur les affaires des banques… qui connaissent quelqu’un d’important ?

Voilà comment ça marche. La Fed imprime de l’argent. Les autorités le dépensent. Où va-t-il ? Ces quatre dernières années, le prix des actions américaines a doublé ou à peu près. L’or aussi. Plus ou moins.

Mais « les pauvres » ne possèdent ni or ni actions. Au mieux, ils ont une maison… dont le prix a baissé. Au pire, ils n’ont rien d’autre que leurs temps… dont la valeur a baissé aussi.

Les travailleurs… et ceux qui aimeraient travailler s’ils trouvaient un emploi… ainsi que ceux qui préfèrent profiter de bons d’alimentation et d’allocations… sont du mauvais côté. L’association hausse du chômage/baisse des salaires/hausse du coût de la vie signifie que la plupart des familles de la classe moyenne ne sont pas plus riches qu’elles l’étaient il y a 20 ans. En termes matériels, ces gens ont perdu deux décennies. Avec l’afflux de nouveaux capitaux et technologies, on aurait dû assister aux années les plus productives de l’histoire de la planète. Au lieu de ça, elles ont été un four complet.

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