La Chronique Agora

En avance sur la tendance

** La Californie est à l’avant-garde des tendances. C’est comme ça depuis toujours.

– Sans le Summer of Love à San Francisco en 1967, par exemple, il n’y aurait pas eu de Woodstock en 1969. L’époque de l’amour libre et du rock psychédélique a semblé se répandre depuis les rues de Haight Ashbury comme la fumée d’un narguilé… pour se disperser dans tout l’Occident comme… eh bien… de la poudre d’étoiles. La Californie a également nourri les influences musicales aussi décisives que celles d’artistes comme les Doors, les Jefferson Airplanes, les Eagles et — bien entendu — les Beach Boys.

– Mais cet héritage "avant-gardiste" ne se limite pas à l’amour libre et au rock’n’roll (bon, il ne va pas beaucoup plus loin, mais quand même). La Californie était également en tête de tendances comme la méditation, la nourriture bio, le yoga, les sushi… et les seconds mariages. Et en Californie, on est également très forts pour créer des fantasmes. C’est le pays d’Hollywood, de Disneyland et de Venice Beach. C’est également là qu’on a pu assister à des milliers de fantaisies moins spectaculaires… comme la culture d’oranges malgré un manque évident de précipitations… ou l’obtention de prêts immobiliers en dépit d’un manque évident de revenus. En Californie, tout est possible… ou du moins tout était possible.

** Au plus haut de la bulle immobilière de 2005, l’approbation de crédits immobiliers sans apport personnel se basait sur des fantasmes et des contes dignes de Walt Disney. Mais tandis que ce Pays des Rêves se métamorphosait en Pays de la Réalité, La Californie s’est retrouvée à la pointe d’une nouvelle tendance : les saisies.

– Le nombre de saisies californiennes se montait à 39 013 en juillet — près de trois fois le chiffre enregistré en juillet 2006. Cela fait sept mois d’affilée que la Californie se retrouve en tête de course pour les saisies aux Etats-Unis. Malgré ce douteux exploit, l’économie californienne semble continuer son petit bonhomme de chemin.

– Ici à Laguna Beach, par exemple, les signes de détresse économique sont complètement invisibles. Les voitures de luxe continuent de scintiller le long de la Pacific Coast Highway. Des escadrons de femmes chirurgicalement modifiées continuent de s’entasser au bar Javier’s Cantina. Sur toute la côte, il faut toujours plusieurs heures d’attente avant de pouvoir s’asseoir à la table d’un restaurant de luxe.

– Non, aucun signe de problèmes ou d’angoisses économiques ne vient ternir la joyeuse atmosphère de Laguna Beach… pour l’instant. Mais votre correspondant californien observe que les prix des maisons s’affaissent, tout comme les tarifs de location. Il a constaté quelques exemples spécifiques où les taux de loyer ont chuté de 10% à 15% par rapport à leur niveau de l’été dernier. Les loyers de 4 000 $ de 2006 ne sont plus qu’à 3600 $ en 2007… et personne ne loue !

– Nous ne savons pas ce que ces anecdotes signifient pour l’économie de Laguna Beach, mais nous sommes moins convaincu par les restaurants bondés de la ville que par ses agences immobilières vides. De plus, la crise du crédit qui se développe aux Etats-Unis suggère fortement que les agences en question resteront vides pendant encore un certain temps. Plus important, cette crise semble indiquer que les règles du jeu financier ont changé. Les fonds de marchés monétaires, par exemple, ne sont plus aussi sûrs que par le passé. En d’autres termes, l’argent liquide n’est plus du liquide au sens traditionnel du terme. C’est "du liquide et des produits dérivés du liquide" — ce qui signifie que votre épargne n’est peut-être pas aussi en sécurité que vous le pensiez.

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