La Chronique Agora

En attendant la fin du monde

▪ Eh bien, ils ne vous facilitent pas les choses.

Les marchés baissent, grimpent… Les gens ne savent plus à quel saint se vouer. Alors ils restent investis. Les détecteurs de "reprise" ont assez de grain à moudre et les investisseurs quelque chose à espérer.

Le marché est-il vraiment orienté à la baisse… ou pas ?

Très probablement, oui… C’est un vrai marché baissier. Il durera probablement des années.

Et même si ce n’est pas le cas, il vaut probablement mieux le penser.

Pourquoi ?

Parce que la plupart des actions n’ont pas encore atteint leurs ultimes plus bas. Si l’on ne peut voir les planchers absolus du marché baissier dans son rétroviseur, c’est qu’ils sont encore à venir. Rappelez-vous le schéma large d’un marché boursier : il va d’un sommet historique à un plancher historique… avec des années d’allées et venues entre les deux.

Lorsqu’on achète des actions au milieu de ce schéma… lorsqu’elles ne sont pas bon marché… on est entièrement à la merci du marché. S’il grimpe, on s’en sort bien. S’il baisse, on perd de l’argent.

Dans la mesure où nous ne savons pas quelle direction le marché va prendre, nous allons simplement attendre que les actions soient bon marché. Ainsi, nous n’aurons pas à nous inquiéter du sens où il ira.

De plus, si nous ne savons pas dans quelle direction va le marché, nous devons supposer qu’il y a autant de chances de le voir grimper que baisser. Des probabilités égales ne nous satisfont pas. Nous ne voulons pas d’un jeu équitable. Nous voulons une main où les cartes sont en notre faveur. Nous ne voulons pas d’une partie honnête ; nous voulons des cartes que nous avons battues nous-même.

Que préféreriez-vous, cher lecteur : gagner un sou… ou ne pas perdre un sou ? Si les probabilités sont égales, on part du principe que l’un vaut l’autre. Mais ce n’est pas le cas. Si vous gardez votre sou, vous le conservez à 100%. Si vous gagnez un sou, en revanche, vous devez payer des taxes. Après impôts, il pourrait ne plus valoir qu’un demi-sou. En d’autres termes, vous devriez croire qu’un marché haussier est deux fois plus probable qu’un marché baissier avant d’investir.

Est-ce que vous pensez que ce sera le cas ? Pas nous. Nous sommes d’avis que ce marché a plus de chances de baisser que de grimper. Selon nous, le marché baissier a commencé en janvier 2000. Les autorités l’ont combattu avec toutes les armes qu’elles avaient à leur disposition. Politique monétaire. Politique budgétaire. Mines anti-personnel. Propagande. Terre brûlée. Tout. Et le marché a réagi… pendant un temps. Les taux d’intérêt "d’urgence" de Greenspan ont gonflé une bulle gigantesque. Les actions ont rebondi.

Puis la bulle a explosé.

Le Dow est passé sous les 7 000 en mars 2009. Cette fois-ci, les autorités américaines ont introduit une nouvelle arme encore plus puissante. Elles ont tiré de grandes salves d’"assouplissement quantitatif" — injectant 1 200 milliards de dollars directement dans les réserves de la Fed. Et une fois encore, le marché a rebondi… jusqu’à un an plus tard environ, lorsque le programme d’assouplissement quantitatif a pris fin.

On peut lutter contre un ralentissement. On peut repousser un marché baissier — pendant un temps. On peut fausser une correction — ce qui la rend bien plus compliquée et vicieuse. Mais on ne peut les empêcher. D’une manière ou d’une autre, les erreurs doivent être prises en compte. Les marchés finiront par découvrir ce que valent vraiment les choses. Et dans un vrai ralentissement, ils découvrent toujours qu’elles valent moins que ce que pensaient les gens.

L’histoire montre qu’après avoir atteint un pic, les prix des actions chutent jusqu’à redevenir de bonnes affaires. Donc si vous savez qu’une action finira par se vendre moins cher, pourquoi acheter maintenant ? Pourquoi ne pas attendre ? Pourquoi tant de hâte ?

▪ La raison avancée pour expliquer le rebond était la suivante : des chiffres agréables provenant du marché de l’immobilier américain. On vend plus de maisons, a-t-on annoncé.

Est-ce que ça fait battre votre coeur plus vite, cher lecteur ? Pas le nôtre.

Un autre article nous dit que les stocks de maisons invendues continuent de s’accumuler.

Dans le même temps, le New York Times rapporte qu’une crise couve dans le secteur des prêts étudiants. Nous n’avons pas eu besoin de lire l’article. Les étudiants sortent de l’école. Ils ne peuvent trouver un emploi. Comment peut-on s’attendre à les voir rembourser leurs prêts ?

Dans l’ensemble, les chiffres économiques sont encourageants… mais restent cohérents avec notre hypothèse de Grande Correction. Ce n’est PAS une reprise normale. Ce n’est pas non plus la fin du monde.

Notre stratégie consiste à attendre la fin du monde ; ensuite, nous achèterons des actions.

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