La Chronique Agora

En attendant la bonne occasion

** Lorsque nous avons commencé à écrire, il y a six ans de cela, les Etats-Unis étaient en pleine folie boursière. ‘Cela ne peut pas durer’, avons-nous dit. Mais cela continuait déjà depuis plus longtemps que nous le pensions. Nous attendions toujours la fin. Puis, après un moment, nous nous sommes lassé de guetter.

* Les Etats-Unis sont désormais absorbé dans une folie plus grande encore. Les investisseurs ne sont pas les seuls à avoir perdu la tête… il s’agit également de gens ordinaires n’ayant guère de tête pour commencer.

* Voilà pourquoi nous pouvons mettre nos anciennes idées de côté durant un jour ou deux… mais nous en avons toujours besoin.

* Ce qu’il faudrait qu’il se passe ne s’est toujours pas produit. Et jusqu’à ce que cela soit le cas, nous nous accrochons à nos anciennes idées comme à une bouteille de Bordeaux grand cru. Nous allons la boire et nous en débarrasser . simplement, nous attendons la bonne occasion.

* La plupart des gens se félicitent du boom de l’immobilier américain… de la croissance de son économie… de ses actions élevées. Et nous ferions de même s’il ne s’agissait pas à chaque fois d’escroquerie, de fraude et d’arnaques en pyramide.

* Un marché baissier des actions a commencé en janvier 2000. Les cours ont chuté jusqu’à l’automne 2002. Depuis, le Dow a rebondi — mené par les constructeurs immobiliers, qui ont vécu une période d’euphorie.

* Pendant ce temps, le dollar a atteint un sommet il y a près de quatre ans. Ensuite, il a chuté jusqu’en décembre 2004. Depuis, lui aussi s’est repris.

* Le dollar est souvent considéré comme la ‘toise’ des Etats-Unis. Il grimpe lorsque la perception de la santé économique et de la stabilité financière des USA s’améliore. Bien entendu, ce n’est jamais tout à fait aussi simple. Le dollar grimpe et baisse aussi selon la quantité de dollars nécessaire aux étrangers pour leurs besoins commerciaux, bancaires et financiers. Mais lorsque l’Europe a opposé une série de ‘non’ à sa nouvelle constitution, nombre de gens ont vu le dollar comme un vieil ami fidèle. De nombreux économistes américains se flattaient . leur propre Alan Greenspan gérait si bien le billet vert qu’il était désormais demandé dans le reste du monde — et le serait toujours. L’Europe est un bel endroit à visiter, ont-ils dit, mais on ne peut pas faire une devise stable à partir d’un tel méli-mélo de pays, de langues, de cultures et d’économies.

* Pourtant, l’Europe a une balance commerciale positive avec le reste du monde. Elle paie ses factures. Elle gagne assez tous les jours pour payer les dépenses quotidiennes… et mettre un peu de côté.

* Ce n’est pas le cas pour les Etats-Unis. Ils sont trop justes — de 6% environ annuellement. Si ce fossé perdure, une situation bizarre et embarrassante s’ensuivra. Les Etats-Unis finiront par devoir plus au reste du monde que la valeur totale de tout ce qu’il y a en Amérique. Les étrangers viendront et saisiront les voitures… les sofas… et les centres commerciaux. Ils reprendront les entreprises américaines — comme la Chine a tenté de le faire récemment. Le Congrès a fait capoter l’accord Unocal, mais des milliers d’autres contrats doivent attendre d’être signés. A quoi d’autre peuvent s’attendre les Américains ? Les étrangers détiennent déjà une quantité d’actifs américains quasi-égale au PIB. La plupart de ces actifs sont sous forme de bons du Trésor. A un moment ou à un autre, les étrangers vont vouloir quelque chose de plus tangible… quelque chose d’intrinsèquement plus précieux.

* Et le dollar est donc vulnérable. Il y a de nombreux dollars entre de nombreuses mains. Et parmi elles, un bon nombre voudra détenir autre chose, tôt ou tard.

* Nous nous attendions à ce que le dollar chute rapidement après que les mauvaises nouvelles d’Europe aient atteint l’euro. Cela a pris plus longtemps que nous le pensions, mais le dollar chute à présent… et l’euro est de retour là où il était lorsque les Français ont dit non.

** La contre-tendance sur le dollar semble avoir prix fin. Le billet vert est de nouveau sur la pente descendante. La contre-tendance du Dow doit elle aussi toucher à sa fin. Les profits des entreprises ont grimpé de 13,6% au cours de l’année dernière. Mais la tendance est à la baisse. La croissance des bénéfices du S&.P a été baissée 6 fois au cours des 12 derniers mois, déclare Richard Bernstein. ‘Les fondamentaux s’érodent’, dit-il.

* Voilà bien le problème avec le dollar, le Dow et l’économie américaine en général. Les fondamentaux sont pires qu’ils l’étaient il y a six ans de ça… et ils continuent de s’aggraver. Sur le marché mondial, les entreprises américaines ne peuvent pas faire concurrence aux sociétés européennes, parce que les Européens font de meilleurs produits. Elles ne peuvent faire concurrence aux sociétés asiatiques, parce que les Asiatiques font des produits moins chers. Et dans la mère-patrie, les consommateurs seront bientôt à court d’argent. Leur ratio dette/richesse (des prix de l’immobilier en pleine inflation) est peut-être calme et posé, mais leur ratio dette/revenu réel est quasi-désespéré.

* Nous nous sommes lassé d’attendre la fin. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle ne viendra pas. Et alors, enfin, nous pourrons fêter ça. Nous ouvrirons cette bouteille de vieilles pensées, nous la viderons d’un trait… et nous en serons enfin débarrassés.

** ‘C’est un paradis pour les enfants’, a déclaré un ami au sujet de notre résidence d’été. Oui, c’est un paradis. Edward et ses cousins ont trouvé une colombe à l’aile cassée. Ils l’ont soignée jusqu’à ce qu’elle se remette. Elle reste désormais posée sur son bras… et s’envole dans les arbres à l’occasion.

* ‘Laisse-la partir’, conseille son père.

* Au lieu de cela, Edward grimpe à l’arbre pour la récupérer.

* Le temps est parfait. Le soleil brille toute la journée. Il fait frais la nuit… et chaud en journée. Les enfants construisent des cabanes dans la forêt, nagent dans la mare, font du cheval, jouent au tennis, poursuivent les lézards… et sont de temps en temps de corvée ici ou là.

* Lorsque la cloche sonne, nous arrêtons tout pour aller déjeuner . puis nous retournons à nos amusements.

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