La Chronique Agora

Emploi : les Etats-Unis se réinventent en permanence… surtout statistiquement

Les revenus et dépenses des ménages américains ont pour ainsi dire stagné au mois de février, avec des hausses respectives de 0,2% et 0,1%. Cela équivaut à entériner une quasi-contraction de ces deux composantes, le mois de février 2016 comptant 29 jours… et les prix des carburants ayant atteint pratiquement leur plancher depuis juin 2009 (une période d’intense récession). Cela signifie que la consommation US est au bord de la panne sèche.

Surprenante panne de régime pour un pays dont l’économie crée officiellement une moyenne de 225 000 emplois par mois et où le système universitaire n’a jamais produit autant de hauts diplômés pouvant prétendre aux meilleurs salaires dans toutes les branches d’activités championnes de la valeur ajoutée.

Imaginez que nous puissions vaincre la malédiction du vieillissement et éliminer
tous risques de maladie de notre existence…

… en les supprimant directement de notre ADN Impossible ?Pas selon cette petite biotech de Boston, dont la découverte stupéfiante pourrait bouleverser le paysage médical et pharmaceutique dans les années qui viennent…

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Historiquement, nombre de jeunes diplômés issus des grandes écoles américaines ou d’un cursus médical se mettent à leur propre compte. Ils créent une entreprise unipersonnelle, notamment dans les domaines de la high tech et du service à la personne : ce sont les fameux « ateliers au fond du garage »… ou les infirmiers / infirmières à domicile … ou encore les spécialistes du soutien scolaire — et la liste n’est pas exhaustive.

Dans l’inconscient collectif, « l’atelier au fond du garage » tient une place à part du fait des belles histoires dont Hollywood a tiré de nombreux biopics à succès. Sans oublier les multiples sagas de start-ups moins médiatisées qui ont commencé avec quelques morceaux de silicium et un fer à souder — ou quelques lignes de codes tapées entre deux fêtes étudiantes — et qui se concluent par des valorisations boursières à neuf zéros et la construction de pôles technologiques qui font rêver les ingénieurs de la planète entière.

▪ Les IPO en baisse
Voilà pour la légende côté jardin… Côté cour, le foisonnement supposé de nouvelles pousses parties pour devenir des baobabs en moins de temps qu’il n’en faut pour lancer un IPO, n’est plus au rendez-vous.

Le rythme s’est même considérablement ralenti depuis l’été 2008. Les milliers de milliards injectés par les banques centrales n’ont curieusement pas permis de redresser la barre : il y a bien eu quelques temps forts en matière d’introductions en bourse, notamment début 2015 (avec un véritable déferlement de biotechs sur le Nasdaq ou le compartiment C d’Euronext)… mais n’avez-vous pas été frappés par le soudain tarissement de la vague d’IPO depuis la fin de l’été 2015 ?

C’est comme si la résurgence de la volatilité sur les marchés avait gelé l’enthousiasme des investisseurs pour les jeunes pousses

C’est comme si la résurgence de la volatilité sur les marchés avait gelé l’enthousiasme des investisseurs pour les jeunes pousses… et le phénomène prend l’allure d’une ère glaciaire au premier trimestre 2016.

En France, la dernière « intro », relativement confidentielle, remonte au 18 décembre dernier. Il s’agissait de DBT : vous en souveniez-vous autrement que parce qu’elle perd déjà 20% en trois mois, malgré son positionnement comme leader sur les bornes de rechargement des véhicules électriques ?

Une semaine avant, il y avait eu Milliboo (qui perd 22% depuis lors) et le 20 novembre, l’IPO de Poulaillon (qui avait eu les honneurs de quelques médias comme BFM et même une ou deux chaînes généralistes).

Ceci explique peut-être cela : sur 18 IPO réalisées en 2015, trois seulement permettent à leurs actionnaires de gagner de l’argent. Amoeba (une spécialiste de la désinfection des eaux polluées) se classe hors catégorie avec +222% en neuf mois, loin devant Sensorion (+75%… mais qui ne fait pas de chiffre d’affaires) et KKO (oui, comme cacao, puisqu’il s’agit d’un exploitant en Côte d’Ivoire)… Il se passe souvent des semaines sans qu’un seul titre soit échangé.

▪ Les moyens baissent…
Mais revenons-en aux Etats Unis et au tarissement inexorable des créations d’entreprises. C’est d’autant plus inquiétant que beaucoup d’auto-entrepreneurs ne se lancent plus par choix (pourquoi partager les fruits d’une invention géniale ?), mais parce qu’ils n’ont pas d’autre solution après des mois de chômage et de petits boulots sans avenir.

Et les jeunes ? Auraient-ils perdu le goût d’entreprendre ?

Le goût, peut-être pas, mais les moyens, sûrement… car les frais de scolarité ont explosé de 450% en 25 ans, avec une accélération depuis 2008 qui atteint entre 50% pour l’enseignement privé et 70% pour les universités publiques.

A l’heure actuelle, les trois quarts des étudiants diplômés (un peu plus de 42 millions) ont été obligés de contracter un crédit d’un montant moyen de 30 000 $.

La Réserve fédérale de New York estime que le montant des prêts dépasse les 1 200 milliards de dollars, soit plus que l’encours total des cartes de crédit américaines… et même plus que celui des crédits automobile dont le total dépasse également les 1 000 milliards de dollars.

Mais attendez, nous avons gardé le plus cocasse pour la fin ! L’organisme américain qui calcule le nombre d’emplois créés, salariés ou sous le statut d’auto-entrepreneur ne s’appuie sur aucun donnée concrète provenant du terrain : il extrapole ce chiffre à partir d’un vieux ratio création d’entreprise / jeunes diplômés datant des années 80.

Cela aboutit statistiquement à l’incorporation abusive de centaines milliers d’emplois

Le modèle prévoit 470 000 nouvelles entreprises par an tandis que 400 000 disparaissent… mais ce ratio qui était pertinent de 1980 à 2007 est désormais inverse. Cela aboutit statistiquement à l’incorporation abusive de centaines milliers d’emplois dans le non farm payroll chaque année… alors qu’ils n’ont aucune existence réelle.

▪ … Et les statistiques mentent
Cela revient à déduire la consommation de diesel française en 2016 du nombre de véhicules — tous carburants confondus — vendus de 1980 à 2006 multiplié par le taux de progression de la population active entre 2007 et 2015… alors que le diesel est en perte de vitesse constante depuis 10 ans.

Sauf qu’il est facile de se procurer des données fiables concernant le carburant, contrairement aux chiffres concernant les créations d’emplois. En effet, une même personne peut créer plusieurs entreprises (société-écran, boîte aux lettres, structure destinée aux facturations dans un état où la fiscalité est plus favorable, etc.) sans que cela corresponde à un seul emploi rémunéré.

Mais là, il faut enquêter, croiser les données provenant des campagnes de recensement et les fichiers provenant des impôts et des services sociaux.

Il est beaucoup plus commode et moins coûteux d’appliquer une formule de calcul et d’y apporter quelques correctifs — toujours sur la base de biais estimatifs — que de refondre complètement le système de collecte de l’information.

Et comme le système actuel surestime largement le taux de population active, vous pouvez être certain qu’aucune administration — démocrate comme républicaine — n’a l’intention d’y remédier.

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