La superproduction des élections américaines a connu des débuts difficiles. Cela aurait dû être une épopée bien-pensante entre démocrates et républicains. Le public ayant boudé ce genre banal, c’est une farce surréaliste qui a été produite par le Deep State.
« On ne sait jamais rien », dit-on à Hollywood.
On réunit des millions de dollars… des acteurs hyper célèbres… un metteur en scène à qui l’on vient de décerner un Oscar… on y ajoute un scénario débordant de sexe et de violence… et on s’attend à ce que le film pulvérise le box-office.
Ensuite, on le diffuse devant un auditoire… et les spectateurs font la fine bouche.
Le spectacle se dénouant le 8 novembre devait être une grande épopée produite par l’establishment.
Ce devait être l’histoire de deux nobles familles — la Maison des Clinton et la Maison des Bush – sur fond du traditionnel conflit monté de toute pièce.
La Maison des Clinton mettrait en avant sa championne, Hillary. Si elle était élue, elle serait la première femme présidente des Etats-Unis… et, historiquement, la première épouse d’un président (sans parler de la première candidate confrontée à une procédure de destitution avant même d’être élue)… à gouverner les Etats-Unis.
Hillary était la candidate de la gauche, et les stratèges du studio étaient sûrs qu’elle ferait de ce spectacle un grand succès. Elle avait déjà en poche l’argent des compères. Et assez de personnes touchant de l’argent de l’Etat pour qu’elle obtienne suffisamment de votes.
C’étaient « les femmes et les familles » qui lui importaient, disait-elle. Elle le disait si souvent que vous parveniez presque à la croire.
Sa seule faiblesse fut de ne pas avoir l’air assez « coriace » pour décrocher le premier rôle, au sein de l’Empire. Alors le studio lui organisa une formation de quatre ans, en tant que secrétaire d’Etat du président Obama… au cours de laquelle elle se livra à des bombardements et à l’intimidation, puis acclama sans honte les meurtres de milliers de femmes et d’enfants qu’elle était supposée chérir si tendrement.
La Maison des Bush, parallèlement, affichait une longue liste de réussites, en matière de politique de box-office. Le fondateur de la dynastie, un banquier de Wall Street nommé Prescott, avait été sénateur des Etats-Unis en son temps.
Son fils, George, avait été président des Etats-Unis, lui. Et son petit-fils, surnommé W ou encore Dubya [NDR : prononcer respectivement DOBOL YOU à la française, ou DEUBIA à la texane], avait également occupé cette fonction. Alors on pouvait penser que Jeb, le frère de Dubya, serait le grand favori.
Il montrerait au monde que tous les membres de la famille Bush n’étaient pas stupides. En outre, Jeb avait prouvé, dans les marécages de Floride, qu’il savait courtiser les crackers [NDR : population blanche, et pauvre, du Sud] et remporter une élection.
L’épreuve électorale fait un bide
Au box-office, le film aurait dû faire un carton genre Independence Day.
Dans ce film de science fiction, des extra-terrestres attaquent la planète. D’abord, les Terriens ont du mal à s’organiser. Mais ensuite, le président en personne coiffe son casque de pilote, sort affronter l’ennemi et sauve l’humanité.
Le film de cette année, L’épreuve électorale de 2016, devait posséder le même type de tension « de fin du monde tel que nous l’avons connu », et s’achever, bien entendu, sur un émouvant triomphe du Modèle Américain.
Le gagnant et le perdant se tiendraient côte à côte, l’un félicitant l’autre, devant les ondulations d’un drapeau grand comme le Texas. Le message serait clair et exaltant. Bien qu’ils soient différents, au bout du compte, les républicains et les démocrates ont à coeur le même objectif : maintenir en place les initiés du Deep State.
Mais cela ne devait pas se passer ainsi. La suite d’Independence day — Résurgence — est partie en eau de boudin. De même que l’élection type « Make America Great Again ». Nous avons vu les problèmes s‘annoncer dès le début des primaires. Quelque chose ne tournait pas rond : aucune des deux stars ne plaisait aux fans.
Les compères ont joué leur rôle : ils ont « allongé » des millions pour faire le film. Les initiés, metteurs en scènes et producteurs du studio ont agi comme l’on pouvait s’y attendre : en pervertissant la démocratie avec leurs tours de passe-passe habituels. Les acteurs principaux, également, apparaissaient sur scène et débitaient leur texte comme ils étaient censés le faire. Mais les spectateurs ne jouaient pas le jeu : ils refusaient d’applaudir !
Le remarquable drame, soigneusement écrit par les groupes d’intérêt… et financé avec tant de générosité (Hillary avait déjà mis en place une mécanique du trafic d’influence comptant parmi les plus performantes de tous les temps)… allait être un flop.
Des sièges étaient inoccupés. Le popcorn ne se vendait pas assez. La foule s’agitait sur les sièges, menaçant presque de faire brûler la salle. Le scénario dut être jeté à la poubelle. Une nouvelle équipe d’auteurs, de metteurs en scène et de producteurs fut constituée.
Des abrutis et des has-been plus adaptés à la farce que les stars du système
Qu’est-ce qui n’allait pas ?
Les deux comédiens avaient mis à côté de la plaque.
L’un faisait semblant de se préoccuper des faibles, des défavorisés, des mères célibataires et des récidivistes. L’autres faisait semblant de se préoccuper d’économie, d’argent, de politique étrangère avisée et de valeurs républicaines traditionnelles.
Mais les spectateurs avaient déjà vu ce film. Ils savaient que c’était une imposture. Ils savaient également, que les deux stars étaient de grossiers charlatans qui se payaient leur tête depuis des années…
Les fans ont exigé quelque chose de différent ; ils voulaient des personnages authentiques, même si c’étaient des abrutis ou des has-been.
Et c’est ainsi que deux comédiens improbables – l’une jouant le rôle de socialiste vieillissante et grincheuse… l’autre celui de vulgaire forain, haut en couleur – ont volé la vedette !
Et il faut voir le spectacle que nous avons eu ! Nous ne pouvons nous rappeler une élection ayant généré autant d’intérêt, de divertissement, de vent, de vitupérations, de calomnie, et de boniments. Le film, qui devait être une séquence fantastique dégageant de l’optimisme, est devenu quelque chose de totalement différent. Du comique, du dramatique, parfois du surréalisme… Une catégorie à part, à mi-chemin entre The Walking Dead et House of Cards.
Hillary s’est à peine accrochée à son rôle et, à présent, elle est la championne des deux Maisons… sans parler de celle de tout l’establishment du Deep State. Et ce pauvre Jeb a dû rentrer à l’écurie, remplacé par un bonimenteur de carnaval, un homme convenant bien mieux à ce nouveau genre, de type farce.
Peu importe qui l’emportera, cette élection figurera dans les livres d’histoire.