La Chronique Agora

Voilà les effets concrets de la faillite des Etats-Unis

« Nous avons dû prendre des mesures drastiques », concède Jerry Flowers, conseiller municipal de la ville d’Alto, au Texas.

Ces derniers temps, nous avons pris la curieuse habitude de noter les histoires de calamité imminente à travers tous les Etats-Unis. La chronique d’aujourd’hui en témoigne.

« Les services de police », continue M. Flowers, « sont une entité qui ne rapporte pas d’argent ; ce sont donc eux dont nous avons pu nous passer le plus facilement, le temps de reprendre notre souffle et de retrouver un peu d’argent ».

Et c’est ainsi qu’Alto a dit au revoir à ses forces de police.

Le commandant et ses quatre officiers ont donc fermé définitivement leurs bureaux il y a deux semaines. Ils reviendront dans six mois, en espérant que le bilan financier de la ville aura retrouvé son beau fixe.

Entre-temps, pour se protéger contre les malfaiteurs de tous poils, les citoyens d’Alto devront faire appel au bureau du shérif du comté de Cherokee, à une vingtaine de kilomètres de là. « Je vais faire mon possible », s’est borné à déclarer le shérif du comté une fois mis au courant, « mais je ne peux garantir la présence constante d’un policier en ville ».

Jusqu’à récemment, des coupes claires de ce genre étaient la spécialité de villes moyennes sans trop de ressources comme Camden, dans le New Jersey — où la moitié des forces de police a été licenciée, ou bien Oakland, en Californie — où les policiers ne répondent plus aux plaintes pour cambriolage.

Au recensement de l’an 2000, Alto comptait 1 190 habitants. Pourtant, « tout le monde se dit qu’il va falloir ‘verrouiller sa porte et acheter une arme' », explique le maire Monty Collins.

Ce n’est pas par une histoire dramatique que nous en sommes arrivés là — pas de système d’emplois fictifs comme dans le comté de Jefferson, en Alabama ; pas de salaires à six chiffres versés par la ville comme à Bell en Californie.

C’est simple : l’économie va mal, les recettes des impôts fonciers et des taxes sur les ventes sont en baisse et la principale source de revenus de la ville — un centre de distribution de gaz naturel — nécessite des réparations très onéreuses, pour lesquelles les édiles n’ont manifestement pas économisé. A présent, on a renvoyé les flics chez eux.

▪ De l’autre côté de l’Atlantique, bien loin d’Alto, le Parlement grec a accepté de se faire prendre dans une nouvelle boucle d’asservissement par la dette.

Malgré les violentes manifestations de la rue, les députés ont approuvé de nouvelles augmentations d’impôts et des réductions des dépenses pour que le jeu de l’Europe de fuite en avant sur la dette puisse continuer un peu plus longtemps encore.

Considérez la Grèce comme l’un des infortunés ménages américains surendettés — limité à cinq cartes de crédit au maximum, prenant un deuxième emploi en supplément, tenant un stand à tous les vide-greniers et demandant une sixième carte juste pour pouvoir assurer les paiements minimums des cinq autres.

Ahhh… respirez, soufflez.

Pour l’instant, la Grèce peut assurer ses paiements minimums aux banques européennes. Ce qui n’est pas plus mal parce qu’alors les banques européennes ne vont pas aller taper à la porte des banques américaines pour percevoir leur CDS (credit default swaps).

(De toute façon, les banques américaines sont incapables de payer).

« En pourcentage du PIB, les déficits et la dette américaine sont au même niveau aujourd’hui que celui qu’affichait la Grèce il y a quelques années », rappelle Michael Pento de Euro Pacific Capital.

« Mais ce fait — si jamais il est reconnu — est rapidement rejeté parce qu’on nous dit également que les Etats-Unis n’ont qu’une seule monnaie et une planche à billets qui peut tous nous sauver »…

« Une fois que les bond vigilantes — les investisseurs et institutionnels qui surveillent le marché obligataire — se tourneront vers l’Amérique et que les rendements obligataires augmenteront, est-ce l’inflation qui sauvera les Etats-Unis ? Oui, telle est la stratégie long terme de leur gouvernement. Pour booster la croissance du PIB, renforcer le dollar, augmenter la confiance des étrangers dans le marché de la dette et diminuer les coûts d’emprunt, ils vont utiliser la planche à billets d’Al Capone

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