▪ L’argent, c’est ce qu’on utilise pour mesurer le passé, le présent et l’avenir. C’est ce que nous ont rapporté des années de travail. Et c’est ce dont nous avons besoin pour payer les choses que nous voudrons à l’avenir. C’est ainsi que nous mesurons ce que nous « valons ».
Vous travaillez toute votre vie ; disons que vous « valez » un million de dollars. Et voilà que les autorités impriment simplement 40 000 millions de dollars… ou plus… juste comme ça. Ensuite, elles les distribuent aux gens qui leur sont proches… ceux que les autorités renflouent… les gens qui spéculent sur les marchés… les gens qui versent des donations électorales… et les gens qui fabriquent des avions de chasse.
Cet effet — donner de l’argent neuf aux groupes politiquement favorisés les plus proches des autorités — a été découvert il y a plus de deux siècles par Robert Cantillon. Naturellement, il est connu sous le nom d' »effet Cantillon ».
Il sape la confiance dans le système tout entier, présent et passé. Tout à coup, les gens ne savent plus ce qu’ils valent. Le distributeur de pièces automobiles qui a travaillé toute sa vie et économisé un million de dollars placés dans un compte épargne s’aperçoit que ses voisins banquiers — qui ont spéculé sur les valeurs bancaires — valent deux fois plus que lui. Il se projette dans l’avenir ; il se demande ce qui va se passer ensuite.
▪ Des bonus triplés pour les banquiers
Voici les dernières nouvelles de ce fonctionnement, dans le New York Times :
« Les dirigeants des banques encaissent leurs gains à mesure que les marchés grimpent ».
Les banques ont été renflouées par les autorités. Le programme de sauvetage, le TARP, comprenait des conditions limitant les bonus en liquide. Les dirigeants se sont donc rabattus sur des actions… qui étaient alors valorisées à des niveaux bas. Selon l’article, les banquiers — les cinq plus hauts dirigeants de chacune des 18 plus grandes institutions financières cotées aux Etats-Unis — ont reçu pour 142 millions de dollars d’actions.
Mais attendez. Alors même qu’ils avaient mené leurs entreprises au bord de l’extinction, ils n’ont pas reçu un sou de moins en termes de compensation. Ils ont simplement transféré leurs bonus en liquide, les transformant en stock-options valorisées aux planchers de l’ère du krach.
Ensuite, la Fed s’est elle aussi mise au travail pour s’assurer que les banques gagnent beaucoup d’argent — les débarrassant de leurs mauvais investissements au prix du marché… leur prêtant du cash à des taux d’intérêt historiquement bas et truquant la partie, d’une manière générale, à leur avantage.
Quatre ans plus tard, ces actions valent 457 millions de dollars. Joli profit, hein ? Mais si l’histoire est rapportée par le New York Times avec tous les chiffres et les détails, le journal passe à côté du plus important. Il déclare que les dirigeants du secteur bancaire ont bénéficié d’un « timing chanceux ».
Ha ha ha… chanceux ? Vous appelez une relance de 1 200 milliards de dollars de la part de la Fed de la « chance » ? Vous appelez les 700 milliards de dollars du TARP de la « chance » ?
Eh bien, incroyable comme on est veinard quand on a la Fed pour donner de l’argent !
▪ Comment les riches deviennent plus riches
Nous appelons ça par son vrai nom — de la tricherie. C’est ce qui arrive quand les autorités bidouillent le système financier. L’argent — créé, non produit — est bon à prendre. Et qui prend le plus ? Ceux qui sont le plus proches de la source — les initiés. Plus les autorités distribuent de butin, plus les initiés en reçoivent. Les riches deviennent plus riches.
Dylan Grice :
« L’inflation de crédit analogue à l’effet Cantillon s’est parfaitement déroulé dans les dernières décennies. Les banques centrales ont fourni de l’argent bon marché aux banques, l’argent bon marché a gonflé artificiellement les prix des actifs, les prix artificiellement gonflés des actifs ont rendu riches tous ceux qui possédaient ces actifs. Dans la mesure où nous devenions une nation de spéculateurs, ces richesses étaient accumulées aux dépens des autres gens ; [les autres gens] ont désormais réalisé ce qui se passe et sont enragés, c’est bien compréhensible ».
Tout le monde déteste les banquiers — avec raison. Ils trichent. Ce sont des initiés, et ce sont eux qui bénéficient le plus de l’impression monétaire idiote des autorités.
Si les banquiers avaient reçu ce qu’ils méritaient, au lieu d’avoir des options et des bonus, ils auraient fait faillite. Nous aurions alors vu ce qu’ils valaient vraiment. Ils auraient pu ramasser les morceaux, créant de nouvelles institutions financières plus efficaces. Aujourd’hui, nous aurions des banquiers plus sages… plus scrupuleux… mais aussi de meilleures banques. Et nous aurions un système financier plus honnête.