La Chronique Agora

Un économiste renégat en Argentine

▪ Le Dow Jones a terminé la semaine dernière sur une belle chute. L’or a stagné.

Pourquoi cette chute ? De nombreuses raisons ont été avancées, mais personne ne le sait vraiment. Il n’y a d’ailleurs peut-être pas de "raison" du tout. Les actions n’ont pas besoin de raisons pour chuter. De temps en temps, c’est ce qu’elles font. En deux mots, les actifs grimpent… puis ils baissent. Cela a toujours été le cas, et ça continuera.

Généralement, une expansion de crédit les fait grimper. Une contraction les fait redescendre. Le crédit est encore en développement, dit Richard Duncan. Mais quand arrivera le prochain trimestre… gare !

Actuellement, les valeurs américaines sont chères. Le meilleur conseil : sortez

Tout ça nous importe peu, de toute façon. Nous achetons des actions quand elles sont bon marché, pas quand elles sont chères. Actuellement, les valeurs américaines sont chères. Le meilleur conseil : sortez. Et restez éloigné jusqu’à ce qu’elles soient à nouveau bon marché.

Nous vous avons déjà parlé du fait que la vie au ranch endurcit — physiquement et à d’autres niveaux. Notre carrière professionnelle, par exemple, a été douce et magique. Aujourd’hui, dans le secteur de l’édition — le seul que nous connaissions vraiment — l’intelligence est récompensée. Les bonnes idées et de travail paient.

Au ranch en revanche, peu importe votre intelligence… ou votre ardeur au travail. Les marges sont aussi limitées que le taux d’oxygène. Les profits sont aussi clairsemés que l’herbe.

Lorsqu’un homme atteint un certain âge, il est prêt pour un nouveau défi. Sa carrière ralentit… ou connaît une fin abrupte. Il a besoin de quelque chose pour occuper son temps et l’énergie qui lui reste. Sa femme est généralement tout à fait prête à le soutenir. La dernière chose qu’elle veuille, c’est un mari oisif… Sans rien à faire, il pourrait lui venir en tête de réorganiser la cuisine !

Certains se tournent vers le golf. D’autres vers une nouvelle entreprise. Au moins un a acheté un ranch en Amérique du Sud, qui s’est révélé être un endroit favorable à la culture de raisin malbec de haute altitude.

▪ L’âge peut être un avantage… dans certains cas
Nous avons passé une bonne partie de la semaine dernière à faire la cosecha. C’est-à-dire que nous nous sommes traîné à quatre pattes sur le sol rocailleux, coupant des grappes… les jetant dans une bassine de plastique… avant de passer au pied de vigne suivant. Cela a duré assez longtemps pour nous convaincre que nous ne sommes pas fait pour ce genre de travail. Nos genoux souffraient. Notre dos et nos jambes avaient mal. Nos épaules criaient grâce.

Ce travail ne va d’ailleurs pas à aucun des "anciens". Nolberto est tout tordu après une vie de dur labeur. Il a un an de moins que nous… mais il est bien plus usé. Jorge a deux ans de moins. Il se plaint d’arthrite dans les épaules et les bras. Natalio a quant à lui sept ans de moins. Il ne se plaint de rien, mais il bouge plus lentement que les hommes plus jeunes.

Un investisseur plus âgé est peut-être un meilleur investisseur — s’il est encore solvable. C’est un survivant. Il est plus sage

Un investisseur plus âgé est peut-être un meilleur investisseur — s’il est encore solvable. C’est un survivant. Il est plus sage. Il a vu plus d’arnaques, de théories insensées et de plans sur la comète qu’un investisseur plus jeune.

Mais l’âge n’est pas un avantage pour le cosechero, quand bien même il a été endurci par une vie entière passée dans un ranch des Andes.

En affaires aussi, l’âge peut être un avantage. Une personne plus âgée est plus soupçonneuse et plus cynique. Elle s’attend à des problèmes et des obstacles. Elle n’est jamais déçue.

Elle se méfie aussi des business plans — surtout les siens.

▪ Pourquoi avoir une entreprise ?
Les gens gèrent des entreprises pour des raisons diverses et variées — pas seulement pour maximiser leurs revenus, et rarement pour maximiser les profits des actionnaires. De nombreuses entreprises sont gérées pour le plaisir, la vanité, le dépit ou simplement l’entêtement. Les galeries d’art, les croisières en bateau, les studios de yoga, les lignes aériennes, les locations de villas… et les vignobles… gagnent rarement de l’argent. Du moins de ce que nous en savons.

La plupart du temps, ce sont des choses que les gens veulent faire… et qu’ils justifient avec une espérance. Les pied-à-terre parisiens — par exemple — sont achetés parce que les gens pensent que ce serait "cool" d’avoir leur propre appartement dans la Ville Lumière. Ils le transforment alors en location de vacances en se disant que l’endroit "sera amorti avec les loyers". Parfois, c’est le cas.

De même, une galerie d’art est souvent un projet de pure vanité. Un amateur d’art a l’impression qu’il se doit d’infliger ses goûts au reste de la communauté. Il ouvre donc une galerie — de sorte que quiconque passe devant ses vitrines voit ce qu’il considère comme des oeuvres intéressantes, ou provocantes. Il se convainc que le projet "rentrera au moins dans ses frais". Peut-être que c’est le cas, parfois.

En général, plus les choses sont séduisantes — socialement, artistiquement, écologiquement ou éthiquement –, plus elles perdront d’argent. Personne ne se vante auprès de ses amis au sujet de son entreprise de pièces automobiles de seconde main… de son activité de prêteur sur gages ou de son épicerie ouverte 24h/24 et sept jours sur sept.

Et qu’en est-il des profits générés par un ranch argentin ayant à sa tête un économiste renégat originaire des Etats-Unis ? Lamentables. A suivre…

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