La Chronique Agora

Eau australienne

** "C’est pour persuader le gouvernement d’arrêter d’abattre des arbres dans le bassin hydrographique ; ça permettra d’économiser les précieuses réserves d’eau australiennes. On a besoin de votre aide. Cette campagne coûte de l’argent : 7 $ par semaine seulement. Vous voulez signer, monsieur ?"

– Il nous a fallu un petit moment pour comprendre qu’un jeune Français nous informait des problèmes de l’eau en Australie durant notre pause déjeuner dans Acland Street la semaine dernière. A priori, il avait de bons arguments. Nous ne savons pas grand’chose de la politique forestière australienne. Mais logiquement, couper des arbres dans le bassin hydrographique diminue la quantité d’eau souterraine stockée après les chutes de pluie. Le sol exposé s’érode plus rapidement, et l’eau de pluie s’écoule dans les rivières puis vers la mer.

– Cependant, nous devrions faire preuve d’honnêteté et reconnaître que nous n’avions pas tous les faits, pas plus que nous n’avons écouté assez longtemps pour les obtenir. Nous étions simplement surpris de voir le problème de la préservation d’eau se joindre à nous pour le déjeuner. Les problèmes d’eau deviennent aussi notables que l’eau elle-même se fait rare. "Les deux plus grandes villes de Victoria, à l’intérieur des terres, sont Ballarat et Bendigo ; elles frôlent une crise majeure après des chutes de pluie historiquement basses cette dernière décennie", nous disait le journal l’Australian la semaine dernière. Les niveaux de réserves d’eau sont à 13% à Bendigo et 26% à Ballarat, et le printemps a tout juste commencé.

** Y a-t-il réellement une crise locale de l’eau ? Une crise mondiale de l’eau ? J’ouvre mon robinet chez moi, et l’eau coule. On en trouve des bouteilles dans n’importe quel magasin. L’eau tombe du ciel gratuitement. Comment peut-il y avoir une crise de l’eau ?

– Il est compréhensible de se poser de telles questions. Mais nous notons qu’en Amérique du Nord, des civilisations entières (les Anasazi, par exemple) ont disparu à cause du manque d’eau. Depuis, les canaux, les pipe-lines et l’irrigation ont permis aux êtres humains de vivre et de prospérer dans des endroits qui seraient inhabitables autrement. Des terrains de golf verdoyants couvrent désormais les paysages du sud-ouest américain qui n’ont pas suffi à la survie des Anasazi. Une victoire pour l’innovation, l’ingéniosité et l’adaptabilité humaine.

– La crise de l’eau ne sera pas "résolue" par la conservation — même si ça aidera. Elle sera "résolue" par des investissements dans des projets d’infrastructure massifs — des canaux et des pipe-lines au dessalement.

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