La Chronique Agora

Du nucléaire dans votre poubelle

** Transformer le contenu de votre poubelle en énergie propre peut sembler une chimère. Et pourtant, c’est exactement ce que fait Covanta Holdings Corp. : la société transforme les ordures en électricité.

– En deux mots, des ordures soigneusement triées sont mises dans un déversoir par une grue.

– Le déversoir amène les ordures dans un fourneau géant, qui les force ensuite à descendre sur une grille. La grille en question possède des barreaux mobiles qui mélangent les ordures en combustion avec les ordures fraîchement arrivées, afin de les enflammer. Ce fourneau est très chaud — entre 982 et 1 100°C. Les parois du fourneau sont revêtues de tubes d’acier ; la chaleur du procédé de combustion transforme l’eau dans ces tubes en vapeur.

– La vapeur fait ensuite tourner un générateur turbine, qui produit de l’électricité. Une fois les ordures brûlées, il reste des cendres et du gaz. Le gaz est filtré au travers d’une chambre à filtres, un système composé de centaines de sacs-filtres en tissu retenant plus de 99% des particules. Le gaz traverse également un système de contrôle de pollution haute technologie, et les gaz potentiellement acides sont neutralisés par du lait de chaux vaporisé dans les fumées. La cendre physique est ensuite amenée dans une décharge étanche à la contamination, si elle n’est pas d’abord traitée pour l’extraction des déchets métalliques récupérables.

** L’Agence américaine pour la protection de l’environnement a déclaré que ce procédé a "moins d’impact écologique que quasiment toute autre source d’électricité". Une combinaison de réglementation stricte et de technologie avancée a rendu ces usines à la fois écologiques et efficaces.

– Les Etats-Unis transforment environ 12%-15% de leurs déchets solides en électricité tous les ans — soit plus de 100 000 tonnes par jour — et génèrent assez d’énergie pour desservir 2,8 millions de foyers.

– Si le processus fonctionne aussi bien, pourquoi ne brûler qu’une petite fraction des ordures ? Pourquoi pas la totalité, ou au moins la majeure partie ? Eh bien tout est question d’économie.

– Transformer les déchets en énergie a plus de sens dans certaines régions géographiques que dans d’autres. Dollar pour dollar, le charbon, l’énergie hydroélectrique et le nucléaire sont encore des moyens moins chers de générer de l’électricité. Mais le procédé a d’autres avantages, comme la réduction des décharges. Dans des régions densément peuplées, comme le nord-est des Etats-Unis, le manque d’espace dans les décharges est en train de devenir un réel problème. Les décharges existantes se remplissent, et les négociations pour de nouveaux espaces se font de plus en plus difficiles.

– Ce ne sont pas les espaces ouverts qui manquent aux Etats-Unis, mais cela n’a aucun sens, économiquement parlant, de transporter les ordures sur de si grandes distances. Il y en a bien trop. Brûler les ordures, par contre, permet de réduire largement le problème des décharges. Les cendres laissées par le processus ne prennent que 10% de l’espace exigé par des ordures ne brûlant pas. Les considérations pratiques des grandes villes et les populations denses font donc de la transformation des déchets en énergie une solution gagnante.

– Ce procédé sort également gagnant dans le domaine du réchauffement planétaire. Les décharges conventionnels émettent du méthane — un gaz à effet de serre malodorant — ce qui n’est pas le cas de la cendre brûlée. En plus de cela, non seulement les installations permettant de traiter les déchets n’émettent aucun gaz à effet de serre, mais elles aident également à réduire l’utilisation de carburant et les émissions de gaz d’échappement néfastes en diminuant le transport de déchets sur de longues distances.

– A mesure que le coût des carburants fossiles grimpe et que les soucis concernant le réchauffement planétaire grimpent, ces avantages ne deviendront que plus visibles.

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