La Chronique Agora

Le Dow Jones à 18 000, le S&P 500 à 1 800… c’est pour quand ?

banques centrales

▪ Avec un rythme de +50% l’an depuis le 1er janvier… le Dow à 18 000, c’est comme si c’était fait !

Lorsque le marché devient trop intelligent, trop subtil, il devient difficile de cerner la tendance. Nous lisons trop d’avis contradictoires… comment s’y retrouver ? Nous lisons chez les uns que « c’est bull« , chez les autres que c’est « bull de chez bull » ou même « archi-bull« … et tout cela baigne au sein d’un flot de « up, up, up« .

Quelle conclusion tirer de cette cacophonie ? Bien malin qui pourrait le dire.

Heureusement que certains esprits éclairés — et même, disons-le, visionnaires — parviennent à se projeter au-delà de la récession qui sévit en Europe et des statistiques très médiocres en provenance des BRICS depuis six mois. Tout ceci préfigure des lendemains qui chantent — et c’est ce que le marché a très bien compris avant le commun des mortels.

Nous avons trouvé sur différents sites internet (de courtiers en ligne, de médias financiers) quelques analyses intéressantes. Elles confirment toutes que la hausse des cours de bourse — même dans un vide sidéral en termes de volumes — s’inspire d’une embellie économique qui ne manquera pas de se produire vu les quatre milliards de dollars injectés par la Fed chaque jour.

Nous n’avons voulu retenir que le « meilleur du net », la crème de la crème en matière d’argumentation imparable et qui nous conduit à renoncer ipso facto à toute forme de scepticisme : « le flot de bonnes nouvelles qui va déferler au deuxième semestre de l’année 2013 et l’année prochaine concernant la reprise va doper Wall Street et le CAC 40 comme on ne l’a encore jamais vu. Objectif 5 000 fin 2013 et 6 000 fin 2014 (sans exclure un retour sur les sommets historiques) ».

▪ La hausse appelle la hausse… non ?
Une autre explication qui revient en boucle nous est également apparu éclairante : il y a du potentiel à la hausse dans ce marché, car la dynamique est haussière… et la hausse appelle la hausse (quatre fois le mot hausse dans la même phrase, ça ne peut que monter, non ?).

Enfin, pour achever de vous convaincre qu’il n’existe aucune raison de douter de la poursuite du rally actuel, nous avons entendu un gérant qui rentrait d’une tournée aux Etats-Unis délivrer l’argument ultime qui balaye toutes les objections possibles.

Le journaliste qui l’interviewait lui a demandé : « vous qui venez de rencontrer des analystes et des chefs d’entreprises, vous ont-ils fait part d’objectifs de croissance de leurs résultats, de projets d’investissement ou d’accroissement de leur production en 2013 » ?

Il y a eu un blanc… et puis soudain, tout lui est revenu : « les chefs d’entreprises se disent déterminés à augmenter les dividendes et cajoler leurs actionnaires. De nombreux plans de rachats de titres sont à l’étude et ne devraient pas tarder à être annoncés ».

Autrement dit, les patrons savent pertinemment que les temps sont difficiles et qu’ils pourraient le devenir plus encore ces prochains mois… mais ils n’hésiteront pas à distribuer le cash dont ils disposent ou à s’endetter pour augmenter la distribution de dividendes par titre.

Nous n’avons pas eu à patienter bien longtemps : Bank of America s’est fendu d’un communiqué hier soir en after hour pour annoncer la mise en oeuvre d’un plan de rachat massif de ses propres titres d’un montant de cinq milliards de dollars.

Résultat immédiat : un gain de 4% pour ce poids lourd du Dow Jones, ce qui semble garantir l’inscription d’une 11ème séance de hausse consécutive ce vendredi.

C’était probablement le but recherché puisque cette initiative a été dévoilée pile poil à quelques heures de l’entame de la séance des « Quatre sorcières ».

Le scénario était cousu de fil blanc ; il a été parfaitement exécuté — d’autant plus que la fin de séance à Wall Street hier a été l’exacte réplique du scénario observé sur les places européennes quelques heures auparavant.

▪ De nouveaux records sans doute à venir
L’indice Dow Jones a inscrit sans surprise son huitième record historique d’affilée (à 14 539 points. Il aligne sa dixième séance de hausse consécutive — c’est sans précédent depuis 1996… mais tout le monde s’attend déjà à ce que le record de 11 séances de 1987 soit égalé ce vendredi puis battu lundi avec les achats techniques de début de second trimestre.

Wall Street devrait clôturer aujourd’hui au plus haut du jour, de la semaine et de l’histoire puisque tous les vendredis sans exception depuis le 4 janvier se sont conclus sur une hausse et l’inscription d’un plus haut annuel.

Cette programmation algorithmique est tellement systématisée que 50% des gains du S&P 500 (qui a clôturé hier à 0,12% de son record absolu de clôture) ont été acquis au cours des 10 précédents vendredis.

Et comme tout le monde a si bien compris que la Fed garantissait une hausse irréversible des indices américains jusqu’à mi-2014, le stratège du fonds US Capital IQ faisait beaucoup parler de lui jeudi avec son pronostic d’un S&P 500 à 1 878 points (soit +20%) d’ici mars 2014. Cela devient presque un objectif consensuel dans la mesure où US Capital IQ estime qu’il n’est pas besoin de tabler sur une croissance de plus de 2,5%/an aux Etats-Unis pour y parvenir.

Afin de ne pas être en reste, JP Morgan, émerveillé par la hausse de 1,1% des ventes de détail en février publiés mercredi (grâce à l’envol de 5% du prix des carburants) rehausse de deux tiers d’un coup sa prévision de PIB pour fin 2013 (de 1,8% à 3%).

Encore un bon chiffre concernant l’immobilier au mois de février et JP Morgan passera à 4% dès la semaine prochaine… Et si la confiance des consommateurs dépasse d’un point la précédente estimation, l’objectif sera relevé à 5% avant fin mars.

Compte tenu du fait que le Dow Jones est parti sur une pente annuelle de +50% (avec un gain de 1% par semaine depuis le 1er janvier), vous imaginez bien que la plupart des courtiers envisagent sans difficulté un score de 18 000 sur le Dow Jones d’ici 12 à 18 mois.

Mais bon, parier sur une série de 28 séances de hausse d’affilée à Wall Street (aucune consolidation prévue avant fin avril), cela devient d’une banalité affligeante. Nous nous sommes donc mis en quête d’autres idées d’achats « sensés ».

▪ Pas d’autre placement possible que les actions…
Nous avons rapidement trouvé notre bonheur : Citigroup passe à « achat fort » sur le Nikkei. L’indice japonais vient de prendre +50% en six mois… avec un objectif de gain de 20% très rapidement et pourquoi pas un retour sur la zone des 18 000 points d’ici 2014 : banzaï !

Plus de neuf gérants sur 10 interviewés jeudi soir affirmaient qu’il n’y a pas d’autre placement possible que les actions, et que le risque de repli sur six mois est nul (oui, c’est affirmé avec autant de nuance que cela) vu les quatre milliards de dollars injectés par jour par la Fed sur les marchés financiers.

A part peut-être le sommet de la bulle des dot.com en mars 2000 (où plus personne n’achetait une seule obligation et investissait à 100% en actions), jamais les opérateurs –toutes catégories confondues — ne se sont livrés à une propagande haussière aussi intense à Wall Street.

Pas même durant l’été 1987, la seule année ou le Dow Jones aligna plus 10 séances de hausse consécutives… et une séance de baisse de 22,5%

Tiens, en voilà un intéressant record à battre (et peut-être le seul) pour un marché à qui rien ne semble impossible !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile