La Chronique Agora

Double arnaque pour la classe moyenne

La politique se contente de léser un groupe pour donner un avantage à un autre et de piller la classe moyenne par l’inflation.

La politique — locale ou nationale — est toujours une arnaque.

Une arnaque qui prend généralement de l’ampleur à mesure que son échelle augmente.

Plus il y a de personnes cachées derrière un « nous », plus l’escroquerie est grande. 

Souvenez-vous de notre observation d’hier :

La vieille rengaine du « eux contre nous » est toujours un mensonge. Les gens sont uniques, avec des milliers de cultures… de coiffures… de religions… de passe-temps… d’entreprises… de préjugés… de commerces… et d’intérêts financiers. Monter un groupe contre un autre ne fait que permettre à un autre groupe encore — celui qui a le vrai pouvoir, les initiés — de gagner aux dépens du public.

Les propositions des républicains et des démocrates déclenchent des ouragans politiques — à l’origine du « eux contre nous » — mais ne modifient en rien la vraie distribution du pouvoir et de la richesse.

En théorie, les électeurs — par le biais de leurs représentants élus — répartissent les privilèges et les avantages du pouvoir politique ; un partage donnant-donnant, dans lequel l’un des groupes est le « eux », l’autre le « nous ».

Les tensions sont apaisées par des négociations de marchands de tapis, un consensus est atteint, et « Le Peuple » s’en tire à bon compte. La démocratie fonctionne !

Tout cela est suffisamment vrai pour que la théorie perdure. Mais le public, en réalité, s’en tire rarement à bon compte. Le véritable marchandage se situe à un niveau tout différent.

« Nous » récupérons un paillasson, un autre le tapis persan. 

Qui est « nous » ?

Votre rédacteur est dans son ranch. Faut-il pour autant l’inscrire au rang des « éleveurs » ? Bien sûr que non : aucun groupe d’éleveurs respectables ne l’accepterait.

C’est un vulgaire amateur ! Un pied-tendre à tous points de vue… plus à sa place devant un ordinateur que sur un cheval.

S’il devait vivre de son élevage, d’ailleurs, il mangerait beaucoup de vaches maigres, à défaut d’avoir autre chose à se mettre sous la dent.

Pourtant, une association d’éleveurs fait du lobbying auprès du pouvoir législatif argentin au nom de « nous, les éleveurs de bovins ». Mais ce « nous » est un mensonge. Les règles sont établies au bénéfice des grands exploitants professionnels de la pampa, pas des petits éleveurs des collines.

Nous sommes dans l’obligation de vacciner nos bêtes contre des maladies inexistantes ici dans les montagnes. Nous devons payer nos vachers comme des travailleurs syndiqués.

En matière d’hygiène, d’administration et de tarifs, nous sommes forcé d’adopter des pratiques totalement inadaptées à un élevage de montagne traditionnel, sur pâturage. Pire encore, le gouvernement nous envoie des jeunes tout juste sortis de l’université, qui en savent encore moins que nous, pour nous dire comment procéder.

La même chose est vraie dans tous les domaines de la politique publique. Chaque individu est unique ; chaque entreprise est différente ; chaque « nous » est un mensonge. 

« Nous » n’existe pas

A l’évidence, le « nous » qui se cache derrière les mesures fiscales est une arnaque. « Nous voulons l’égalité », affirment les fiscalistes. « Nous » nous en sortirons mieux en tapant sur les riches, ajoutent-ils.

Bien entendu, tout le monde ne s’en sortira pas mieux. Pour redistribuer les richesses, la seule solution est de les retirer à ceux qui les ont reçues au départ. Certains y gagnent, d’autres y perdent. Il n’y a pas de « nous ».

Il en va de même pour les taxes douanières. Elles sont censées « faire revenir des emplois ». Nous voulons tous plus d’emplois, n’est-ce pas?

Mais quelles sont les composantes de ce « nous » ? Imaginez qu’une taxe douanière permette effectivement de sauver un emploi à Milwaukee. Quel est l’avantage pour un habitant de Medford ou de Memphis ? Lui n’a rien à y gagner. Au lieu de cela, il devra payer des prix plus élevés (et si l’habitant de Milwaukee était compétitif, aucune barrière douanière ne serait nécessaire.)

Tout bien considéré, des millions de consommateurs payent leurs produits plus chers pour que quelques personnes bénéficient d’une augmentation de leurs revenus et de leurs bénéfices.

A toutes les étapes, c’est la même chose : une personne gagne, d’autres se font avoir. 

Double arnaque

Hier, nous avons analysé les mesures de relance. A l’évidence, « nous » profitons tous d’une économie plus forte… Il ne fait aucun doute que tout va mieux pour nous grâce aux politiques de relance mises en place par la Fed ces 30 dernières années, n’est-ce pas ?

Mais pour « relancer » une partie de l’économie, la Fed n’a pas d’autre choix que d’en freiner une autre. Elle peut faire baisser les taux d’intérêts, par exemple. Mais alors, les épargnants gagneront moins. Les spéculateurs boursiers gagneront plus. Ils pourront s’acheter des obligations. Mais qu’en est-il des gens qui n’en possèdent pas ?

Attendez, me direz-vous. L’épargnant doit se mettre à la page ! Rien ne l’empêche de spéculer en bourse ou d’acheter des obligations lui aussi !

Mais l’employé lambda n’a ni le temps, ni l’expérience, ni le cynisme profond nécessaires pour faire concurrence aux professionnels. Imaginez que Messieurs et Mesdames Tout-le-Monde, par milliers, prennent leurs économies et les investissent massivement en bourse. Le Ciel leur vienne en aide ! Leurs économies seraient instantanément dévorées par les requins et ils repartiraient la queue entre les jambes.

Les cours atteindraient des sommets encore plus absurdes — alors que l’économie réelle, qui produit de vrais biens et de vrais services, serait tout aussi maussade et boiteuse qu’avant.

Pendant qu’on en parle, pour les salariés, l’arnaque est double. Non seulement leurs maigres économies ne leur rapportent rien, mais ils souffrent aussi de l’inflation provoquée par les mesures de « relance ».

Ils ont été distancés : leurs revenus réels ont baissé de 5% au cours des 40 dernières années… en tous cas selon les chiffres officiels. En réalité, la situation est pire.

Prenez par exemple l’achat d’un bien assez banal chez la classe moyenne : une camionnette Ford F-150.

En 1971, vous pouviez acheter une Ford F-150 neuve pour 2 500 $. A quatre dollars de l’heure, il fallait 625 heures pour s’acheter un tel véhicule.

Le dernier modèle en date coûte 30 000 $ tandis que le salaire horaire moyen est de 26 $. Un employé doit donc travailler 1 154 heures pour acheter un F-150 standard. En d’autres termes, il devra vendre deux fois plus de son temps pour s’offrir une nouvelle voiture.

Les politiques de « relance » l’ont-elles aidé ? Pas du tout, bien au contraire.

Cela signifie que toutes les politiques publiques tombent dans la catégorie « gagnant-perdant ». Le gouvernement ne peut donner un avantage à un groupe qu’en le retirant à un autre. Certains y gagnent, d’autres y perdent. Le « nous » est un mensonge.

Mais certaines personnes gagnent toujours, n’est-ce pas ? Qui donc ?

Nous vous voyons vous tortiller sur votre siège, cher lecteur… le doigt levé… vous mourez d’envie de nous donner la réponse…

… Mais il va falloir patienter un peu.

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