La Chronique Agora

Dot-com et cryptomonnaies, même combat

bitcoin

La folie règne un peu partout ; les cryptomonnaies en sont la parfaite illustration – et les investisseurs font des bénéfices grâce à elles… pour l’instant.

En matière de cryptomonnaies, l’analyse financière traditionnelle est aussi inutile qu’un comité sénatorial. Il n’y a aucun moyen d’additionner les futurs revenus de Bitcoin pour les décompter de la valeur actuelle. Il n’y a pas de revenus… et il n’y en aura jamais.

Cela en fait une position macro… et elle est exceptionnellement imprudente, selon nous. Le bitcoin s’est envolé de 80% cette année. Comme nous l’avons vu hier, nos confrères du Motley Fool parient qu’il va encore augmenter. Pourquoi ? Parce qu’il a grimpé !

Un pur miroir aux alouettes en d’autres termes : on achète quelque chose en espérant trouver plus tard quelqu’un de plus idiot que soi, qui vous le rachètera à un prix plus élevé.

Ce n’est pas ainsi que « l’Oracle d’Omaha » agirait.

Et qui pourrait être « plus idiot que soi » ?

Eh bien… il y a éventuellement Michael Saylor, PDG de MicroStrategy :

Nous avons parlé de lui il y a 20 ans, lorsqu’il a dit une chose particulièrement idiote.

« L’information veut être libre », a-t-il décrété… fournissant un slogan pour les rêveurs de la bulle des dot-com.

L’information veut peut-être être libre, mais MicroStrategy, qui fournit des logiciels pour diverses applications professionnelles, garde ses propres infos soigneusement enchaînées… et les loue aux clients payants uniquement.

Les dot-com, un four complet

Quant à la « révolution de l’information » dont Saylor s’était fait le porte-flambeau il y a deux décennies, elle s’est révélée être en grande partie un four total.

Les taux de croissance n’ont pas grimpé ; ils ont baissé. Les gens ne sont pas devenus plus riches ; pour la plupart, ils se sont appauvris. Le monde n’a pas été transformé en paradis des Lumières au XXIème siècle ; il s’est mué en un bourbier de guerres, de dettes et de sottises.

Et voilà que le chercheur français Michel Desmurget découvre que notre QI baisse proportionnellement au nombre d’heures que nous passons devant nos distractions électroniques !

Oui, tels sont les effets de l’Ere de l’information à ce stade. Nous sommes plus bêtes, plus pauvres et plus prêts que jamais à échanger quelque chose contre rien.

Après tout, qu’est-ce qu’un « investissement » s’il ne rapporte rien ? Que vaut une chose lorsqu’elle n’a pas de « substance mesurable » ?

Enivrantes vapeurs

Et que voyons-nous ? Saylor est de retour… et il n’a pas changé. Bitcoin.com rapportait en décembre dernier :

« MicroStrategy a commencé à acheter de grandes quantités de bitcoins en août par le biais du service institutionnel de Coinbase, faisant de la cryptomonnaie son principal actif de réserve.

Après avoir épuisé ses propres liquidités excédentaires, la société a levé des fonds en vendant pour 650 millions de dollars d’actions convertibles de premier rang pour acheter plus de bitcoins, ce qui a poussé Citigroup à dégrader la notation de l’entreprise. Au prix actuel, les 70 470 bitcoins de MicroStrategy valent plus d’1,6 Md$. »

Oui, MicroStrategy s’est embarquée dans un trade macro pour redonner du souffle à son bilan – échangeant de vrais bénéfices contre les enivrantes vapeurs d’une cryptomonnaie.

Suite à quoi Saylor – un génie certifié… un Musk sans Tesla – est allé plus loin, empruntant des centaines de millions pour en acheter plus ! Et tout ça a été couronné de succès.

Sérieusement. On dirait une plaisanterie – que quelqu’un se moque de nous. Mais Saylor a doublé l’investissement de son entreprise sur les deux derniers mois !

Avertissement : les événements que nous décrivons dans cette Chronique ne sont pas des choses à essayer chez vous… pas sans un professionnel de la psychiatrie à vos côtés.

C’est plutôt la sorte de folie furieuse à laquelle se livrent les gens lorsque les prix sont factices, les marchés sont factices et les taux d’intérêt sont factices…

Les idiots commencent à avoir l’écume aux lèvres, ils se mettent à grimper aux rideaux.

Et ils gagnent de l’argent… pendant un temps.

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