La Chronique Agora

Dollar, pétrole et extra-terrestre

▪ »Tout est de la p***** de faute de ces p****** d’Amerloques ! Le fric, la crise !! Toujours à faire ch*** le monde, m****, z’ont qu’à rester dans leur coin, b***** de m**** ! C’est à cause d’eux qu’on en est là, p***** ».

C’est en ces termes choisis qu’un homme d’âge mûr s’adressait aux paquets de coquillettes dans l’allée du supermarché hier soir. Votre correspondante a tendu l’oreille ; on ne sait jamais — il s’agissait peut-être d’un transfuge de Goldman Sachs en perdition, d’un ancien de la CIA que l’alcool faisait trop parler, d’un renégat du FMI en goguette…

Qui sait quelles précieuses informations j’aurais pu récolter ?

« Le coup d’Etat de Chavez, c’était eux, p***** ! Et le pétrole, hein, le p***** de pétrole ?! Les dollars, b*****, toujours leurs p****** de dollars ! Et je sais » — il baissa la voix — « qu’ils ont caché des extra-terrestres quelque part dans le désert, en Arizona. En Arizona ! Des p****** d’extra-terrestres, eh oui monsieur !! »

Le « monsieur » en question étant un pot de pesto, il n’avait pas d’avis tranché sur la question. En ce qui me concerne, je ne me prononcerai pas sur Chavez ; quant aux extra-terrestres, eh bien… j’attends qu’ils se manifestent pour me faire une opinion.

▪ Le p***** de dollar, en revanche, je connais. Je ne suis pas certaine qu’il soit entièrement la cause de nos malheurs actuels, aurais-je pu dire au mystérieux imprécateur, mais il ne fait aucun doute que sans les péripéties du billet vert — ou plutôt sans les folies de ceux qui sont censés le protéger… Nous n’en serions pas là.

Je ne vais pas aussi loin que Laurence Parisot, qui voit dans la stratégie américaine une manoeuvre délibérée de détourner l’attention des marchés des problèmes des Etats-Unis. L’Europe va mal, c’est clair et net ; nul besoin des Etats-Unis pour y trouver de quoi s’alarmer.

En revanche… si la Fed de Greenspan puis de Bernanke n’avait pas fait tourner sa planche à billets avec l’abandon que l’on sait, si les gouvernements Bush puis Obama n’avaient pas mis en place leurs plans de relance, renflouages et autres mesures de sauvetage depuis 2001-2002… l’économie aurait pu se débarrasser de son « bois mort » depuis longtemps, et avec moins de dégâts qu’aujourd’hui.

En ce sens, donc, je rejoins l’avis de mon camarade du rayon pâtes.

Mais que voulez-vous ? Comme le rappelait Eric Fry hier, « plus les banques centrales et les gouvernements occidentaux tenteront longtemps — et avec plus d’acharnement — de prévenir des défauts inévitables, plus les marchés des actions et des obligations occidentaux maltraiteront longtemps — et plus douloureusement — les investisseurs ».

« Il ne suffit pas d’affirmer une vérité pour qu’elle soit vraie. Les banquiers centraux et les politiques peuvent affirmer autant qu’ils le veulent que leurs efforts de sauvetage sont efficaces, cela n’en est pas plus vrai. En fait, de plus en plus, ceux qui ont du capital sous risque commencent à penser que tout ça n’est qu’une vaste supercherie ».

Ce qui les ramène, bien entendu, au seul actif qui ne soit PAS une supercherie… qui se contente de rester là sans rien faire… et qui n’est sensible à aucune manipulation gouvernementale (sinon la confiscation pure et simple, mais ça c’est une autre histoire — que nous aborderons notamment lors de notre Jour de l’Or : si ça vous intéresse, c’est par ici… mais faites vite, parce qu’aux dernières nouvelles, il ne reste plus que 40 places disponibles).

Profitez des replis et renforcez vos positions aurifères, cher lecteur. Le reste — déflation, inflation ou petits hommes verts — n’a pas d’importance.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser

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