La Chronique Agora

Dollar contre Amero

Si vous faites partie de ces gens qui pensent, bizarrement, que Cet Idiot de Mogambo (CIM) a assez de cervelle ou d’éducation pour avoir un point de vue sur quoi que ce soit, je vous ris au nez avec dédain, et je ris derechef lorsque vous me demandez ma Sotte Opinion Mogambo (SOM) sur l’euro, maintenant que vous commencez à vous inquiéter au sujet du dollar — et il est grand temps. Mais faisant preuve de bonté et de générosité, puisqu’on est encore en pleine période de bonnes résolutions, permettez-moi de vous dire avec toute la politesse dont je suis capable : "ne me faites pas rire, crétin ! (NMFPRC)".

Vous ne le savez peut-être pas, mais cette bizarre idée économique consistant à avoir une seule politique monétaire et plusieurs politiques fiscales est aussi populaire au sein du foyer Mogambo qu’elle l’est en Europe. Ma femme et mes enfants se sont alliés pour constituer l’Union Mogambo (UM), et si l’on en croit leurs déclarations officielles, dans la mesure où nous sommes cinq, tout l’argent devrait être divisé en parts égales, et tout le monde reçoit un cinquième de la somme. Dans ce paquet d’idioties, ma femme prend le côté des gosses — parce qu’une sorte de "lien" s’est formé entre eux au cours des 15 dernières années, je suppose, ou quelque chose de ce genre. A moins qu’elle ne me haïsse, simplement. Qui sait ? Qui s’en soucie plus que de sa première chemise ?

Enfin bref, ils sont sérieux, avec cette histoire de monnaie unique. Et si vous réussissez à garder votre sérieux pendant encore une seconde ou deux, vous réaliserez que c’est exactement la même situation pour l’euro — et que là aussi, ils sont sérieux.

La seule différence — ce que j’appelle la Différence Cruciale Mogambo (DCM) — entre les deux systèmes, c’est que dans mes relations avec l’Union Mogambo (UM), je contrôle les membres indisciplinés en faisant irruption dans leur chambre, hurlant à la mort et brandissant une batte de base-ball afin de faire rentrer un peu de plomb dans leur épaisse cervelle — et, miraculeusement, jusqu’à présent, il me suffisait de prendre mon élan pour que cela arrive. Cette méthode n’est pas appliquée au sein de l’Union européenne (UE). Une différence cruciale, vous serez d’accord avec moi — mais la stupidité est exactement la même.

La question qui se pose ensuite est la suivante : "avec l’effondrement prévu du dollar et ‘l’Amero’ censé prendre sa place, quel effet aura cette nouvelle devise sur l’or- et l’argent-métal ?"

Pour commencer, l’Amero est un projet de devise commune entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique (au moins) qui remplacerait les monnaies actuelles — dollar compris — et transformerait tout ce petit monde en une grande famille multilingue et multiculturelle vivant dans la paix et l’harmonie malgré d’énormes disparités de revenus et de richesses. Il est en soi assez drôle que des gens rationnels envisagent une stupidité aussi ridicule.

Mais le désastre économique qui nous engloutit, précipité par la destruction du dollar, elle-même provoquée par les actions et inactions de la Fed et du Congrès US depuis tant d’années, doit être résolu d’une manière ou d’une autre ! Pourquoi pas l’Amero ? Et si ce n’est pas l’Amero, mon Adoré Chérubin Mogambo (ACM)… alors quoi ?

Avec un dollar sans valeur, une inflation grimpant en flèche et un électorat grincheux, quelle meilleure solution (comme l’ont fait la plupart des autres pays au cours de l’histoire lorsqu’ils se trouvaient confrontés à des crises économiques bien méritées, comme celle qui guette les Etats-Unis actuellement) que d’exproprier les ressources et les actifs d’autres pays — comme le Canada et le Mexique ? Hahahaha ! Les Etats-Unis sont en pleine forme ! Ils ont évolué au point que l’Amérique peut désormais littéralement conquérir d’autres pays et acquérir leurs actifs et leurs ressources pour se tirer du pétrin économique qu’elle a engendré (l’élan qui a motivé toutes les guerres) — et tout ça sans un seul coup de fusil ! Ni même la menace d’un coup de fusil ! Un miracle de politique et de corruption modernes !

Quant à savoir si cela est vrai ou pas… il y a sans aucun doute des gens qui veulent désespérément que ce le soit, parce qu’ils font tous la queue pour engranger de gros profits au passage.

Quant à la manière dont tout cela affectera l’or-métal… au pire, cela n’aura aucun effet, dans la mesure où c’est bien là le principal avantage de l’or : il est insensible aux devises et à leurs déprédations, et son pouvoir d’achat, ces 4 000 dernières années, est demeuré quasi-constant — c’est d’ailleurs exactement ainsi que l’or "préserve la richesse" !

Quoi qu’il arrive au dollar, l’or (et l’argent, et toutes les matières premières) grimperont en flèche comme cela a toujours été le cas lors du krach inévitable qui clôt les booms prolongés — ces derniers étant systématiquement financés par la création massive d’argent et de crédit, par le biais (toujours aussi crétin) de la devise fiduciaire, d’un système bancaire imprudent et d’un gouvernement complice et intellectuellement corrompu.

Et on a la certitude absolue à 100% qu’un nouveau krach se produira, comme cela s’est produit sans exception dans des milliers de pays, pour des milliers de devises, depuis des milliers d’années ; par conséquent l’or renaîtra de ses cendres, triomphant, comme toujours ! Et ce fait à lui seul justifie mes suggestions, répétées d’une voix forte et irritante, d’acheter de l’or (pause) sans (pause) plus (pause) attendre (pause) une seule seconde. Et même de le faire plus tôt encore, si vous y parvenez).

Tout ça, c’est à cause du dédain généralisé à l’égard du ridicule dollar — dédain qui commence d’ailleurs à s’aggraver, comme nous le voyons dans un e-mail de Christian S., qui a eu la gentillesse de nous envoyer la traduction anglaise d’un article du Argentinienaktuell.com indiquant qu’à partir de la mi-2007, "l’Argentine et le Brésil ne prévoient plus d’utiliser le dollar US" dans leurs échanges mutuels. Ils utiliseront leurs propres devises, le peso argentin et le real brésilien. L’article laissait entendre que l’abolition pure et simple du dollar US dans les échanges commerciaux entre l’Argentine et le Brésil pourrait suivre rapidement.

Mais les gens sont apparemment surpris par le fait que la dévaluation du dollar a eu un impact sur les pièces de monnaies — dans le sens où le métal contenu dans les pièces américaines vaut désormais plus que leur valeur faciale. Le gouvernement US, au lieu de "faire ce qu’il faut" pour éliminer définitivement l’inflation — c’est-à-dire mettre fin à sa propre croissance cancéreuse et empêcher la Réserve fédérale de créer constamment plus de monnaie et de crédit –, a donc simplement rendu illégal le fait de fondre ou d’exporter des pièces en grande quantité !

C’est dans le New York Times que j’ai appris, par un article intitulé "La hausse des prix des métaux engendre l’interdiction de fondre et d’exporter des pièces", que "l’Hôtel des Monnaies américains, inquiet du fait que la hausse des prix des métaux pourrait engendrer un recyclage intensif des pennies et des nickels, a interdit de les fondre ou de les exporter. Selon les calculs de l’Hôtel des Monnaies US, la valeur-métal d’une pièce de cinq cents — qui est faite de zinc recouvert de cuivre — est de plus d’un cent. La valeur-métal des pièces de cinq cents, faites d’un alliage de cuivre et de nickel, dépasse les sept cents. Si l’on ajoute à cela les coûts de fabrication, l’Hôtel des Monnaies US dépense désormais 1,73cents pour chaque penny, et 8,74 cents pour chaque nickel fabriqué".

Hahahaha ! La punition pour les contrevenants ? Jusqu’à 10 000 $ d’amende ou une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans — voire les deux à la fois !

Paul R. note avec ironie que "je ne suis autorisé à emporter que l’équivalent de cinq dollars en pièces hors du pays, parce qu’elles ont une valeur réelle. Mais j’ai le droit d’emporter 10 000 dollars papier — parce qu’ils n’ont pas la moindre valeur réelle". Hahaha ! C’est exactement ça, Paul !

USA Today en rajoute en indiquant que le gouvernement américain a changé la composition des pièces plusieurs fois ("le penny", déclarent-ils, "était fait de cuivre pur lors de son introduction en 1793 ; il a été changé pour la dernière fois en 1982"), toujours en réaction, bien entendu, à la hausse des prix des métaux. Cela constitue une preuve plus solide encore d’inflation — et contribue donc à démontrer la totale incompétence du gouvernement US. Si le peuple américain avait un gramme de cervelle dans sa tête collective, il se lèverait, outragé, et descendrait sur Washington en masse, ivre de rage aveugle, déchaînant une juste vengeance sur le Congrès US (à l’exception du sénateur Ron Paul) et sur la Fed. Peut-être qu’alors d’autres banques centrales de la planète verraient le carnage à la télévision, et, fascinées par le spectacle se déroulant sur leurs écrans, se diraient : "oh mon Dieu ! Nous ferions mieux d’arrêter dès maintenant les sottises monétaires que nous sommes en train de commettre ! Ouh là ! N’est-il pas en train de lancer un sac rempli de crottes de chien enflammées ? Beurk !"

Enfin, pour être tout à fait honnête, USA Today n’a pas vraiment dit ça, mais ils auraient pu le faire (en fait, ils auraient dû le faire, si vous voulez mon avis). Mais ils ont dit que le cuivre a atteint environ 75 cents la livre en 1982. Et comment se porte le cuivre, depuis cette époque ? ABCNews.go.com nous apprend que "les prix du cuivre ont grimpé de plus de 180% depuis la mi-2003, se vendant à un peu plus de trois dollars la livre". Quasiment triplé en trois ans ? Et il n’y a pas d’inflation ? Hahahahaha ! C’est insensé !

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