La Chronique Agora

Dialogue avec un zombie

▪ Samedi dernier, nous sommes allé à une fête d’Halloween. Et là… nous étions entouré de… ZOMBIES !

A environ une heure à l’ouest de Washington, nous nous trouvions dans la très belle région de Rappahannock, en Virginie. Des murs de pierre… des arbres ayant revêtu leur robe automnale d’or et de pourpre… un temps vif…

Il y avait un feu de joie pour chasser les mauvais esprits. De la musique. De la danse.

Et une sorcière nous a averti que nous entrions dans "une période dangereuse, en termes astrologiques".

"La dernière fois que Pluton était aligné de la sorte avec Saturne, on était en 1933. Vous savez ce qui s’est passé ensuite".

Les festivités n’ont pas chassé les zombies — elles les sont attirés, comme des hyènes vers une carcasse. Oui, cher lecteur, une fête si près de la capitale américaine ne peut qu’affrioler les zombies.

Et ils sont malins. Ils pensaient pouvoir nous tromper. Ils pensaient que nous goberions le vieux truc…

Oui, c’était une fête déguisée. Une personne est venue habillée en moine. Une femme était en Chapelier fou. Robin des Bois était là aussi… ainsi qu’Albert Einstein. Mais les zombies ont essayé de nous avoir… avec leurs vêtements déchirés et tachés de sang… portant des haches et des couteaux de bouchers… traînant les pieds. Ils pensaient pouvoir se faire passer pour de FAUX zombies. Mais sous les haillons et le faux sang, il y avait de VRAIS zombies.

Leur ruse ne nous a pas convaincu. Nous avions vu leurs plaques d’immatriculation — Washington, la Virginie, le Maryland… et nous avons vu la lueur dans leurs yeux… des prédateurs… souhaitant avoir quelque chose en l’échange de rien… assoiffés de pouvoir… tout prêts à dire aux autres quoi faire.

Il y avait aussi des tortionnaires de chiffres du Bureau des statistiques de l’emploi… de la Fed… et qui sait quoi encore.

Pas mal d’aides du Congrès, dont le travail consiste à faire en sorte que leurs patrons aient l’air de savoir ce qui se passe…

Et des lobbyistes, des avocats, des escrocs, des beaux parleurs… tous au courant de la manière dont le système fonctionne… et tous sachant parfaitement comment faire pour qu’il fonctionne en leur faveur !

Nous avons vécu parmi eux. Nous avons appris leurs méthodes zombie… et nous parlons couramment leur langue zombie. Ils sont souvent étonnamment intelligents.

Shutdown, épisode 2 ?
– "Alors comme ça, vous travaillez au Congrès ?"

– "Oui, je suis dans l’équipe administrative depuis environ 15 ans".

– "Que pensez-vous qu’il arrivera en janvier… quand ils remettront la question du budget sur la table ?"

– "Oh vous savez… ça n’a rien à voir avec le budget. C’est de la politique pure. Une posture. Une pose. Pour bon nombre d’entre eux, ce n’était qu’une occasion d’avoir leur nom dans les journaux. Je ne crois pas que ça se soit passé comme ils l’avaient prévu".

"Mais il y a de vrais croyants aussi. Et je ne pense pas qu’ils ont été aussi largement perdants que l’a déclaré la presse. Ils vont revenir. Et nous aurons un nouveau spectacle".

"Le vrai sujet, ou le vrai problème pour tous ces gens, c’est qu’ils sont nommés par l’électeur moyen. Or l’électeur moyen n’a pas obtenu grand’chose de cette administration ou de ce Congrès. L’électeur moyen s’est appauvri. Sa famille a moins de revenus disponibles. Ses enfants ont plus de mal à trouver un emploi. Le coût de la vie augmente plus vite que ses revenus. Il regarde autour de lui et voit que l’Irak redevient un pétrin sanglant. Il essaie de s’inscrire à Obamacare et le site internet ne fonctionne pas. Il lit le journal et découvre que les étudiants américains arrivent en dernière place, parmi les pays développés, dans les mathématiques et les sciences — même s’il a dépensé beaucoup plus pour l’éducation. Il voit aussi qu’il dépense deux fois plus que les autres gens sur les soins de santé — et meurt plus tôt".

"Qui plus est, l’économie est devenue arthritique elle aussi. Le nombre de nouvelles entreprises a baissé… les gens ont peur de changer de travail… et les indicateurs de mobilité sociale montrent que les Etats-Unis sont moins dynamiques que l’Europe. C’est-à-dire que si vous êtes né pauvre en Amérique, vous avez plus de chances de le rester que même en Europe… où rien ne change jamais".

"Il regarde tout ça… et l’électeur finit par en avoir assez. Je pense que c’est ce qu’il y a vraiment derrière les votes pour le Tea Party. Ils ne sont pas vraiment pour la liberté… ou pour moins de dépenses gouvernementales. Ils pensent juste que quelque chose ne va pas dans le système tout entier. Ils ne savent pas quoi y faire… sinon essayer d’arrêter le gouvernement".

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