L’actualité se concentre sur les élections présidentielles américaines et françaises, et le « flash krach » de la livre sterling. Du coup, Deutsche Bank ou Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS pour les intimes) ne font plus que des entrefilets… Mais ne vous y trompez pas, la zombification du secteur bancaire européen est en marche ; nos chères élites de la finance internationale devront trouver rapidement une manoeuvre pour prolonger l’illusion de vie des zombies.
Commençons par planter le décor. Pour nous, acteurs passifs, pris en otage dans cette nouvelle tourmente de la finance, soucieux de notre épargne et de notre indépendance financière, vous devez savoir qu’il existe une différence fondamentale entre Deutsche Bank et BMPS. Dans le cas de la Monte dei Paschi, de nombreux déposants sont devenus créanciers malgré eux de leur banque. D’une façon très simple : un gentil conseiller financier leur a farci leurs livrets d’obligations BMPS.
Imaginez la conversation au-dessus du guichet : « mais je vous assure, M. Spaghetti, un rendement de 3% sans risque aucun, puisque c’est nous votre banque qui vous le garantissons. Vous nous faites confiance, n’est-ce pas ? »… C’est ainsi que M. Spaghetti et Mme Carbonara se retrouvent heureux détenteurs d’obligations — et donc non plus déposants mais créanciers d’une banque qui coule. Ce qui change tout au regard de la procédure qui est désormais applicable. Les actionnaires paient en premier, puis les créanciers et enfin les déposants. Normalement, la garantie bancaire ne s’applique pas aux créanciers qui sont supposés être avisés. Des milliers de M. Spaghetti ou Mme Carbonara ruinés avant les élections, cela ne serait pas de bon augure.
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Du côté de Deutsche Bank et même Deutsche Post, il semblerait que la clientèle ait été plus avisée. Il est vrai que régulièrement, les enquêtes sur le degré de culture financière du grand public placent les buveurs de bière des pays du nord de l’Europe largement devant les buveurs de vin des pays du sud de l’Europe.
A ce propos, je vous rappelle notre pétition contre la disparition programmée du cash. Elle a recueillie 27 000 signatures – ce qui est déjà un beau succès – mais celle des Allemands en a recueilli 150 000 ! Mobilisez-vous, la survie du cash est essentielle à la protection de notre épargne et à la préservation de nos libertés fondamentales. Vous pouvez la signer ici.
L’Italie, qui voulait passer outre les règles fraîchement établies en matière de « résolution bancaire » (expression de la Parasitocratie pour désigner le traitement de la faillite d’une banque), pointe un doigt accusateur sur l’Allemagne qui s’y opposait.
Des mesures urgentes et drastiques…
Le FMI, par la voix de Peter Dattels, met un peu d’huile sur le feu dans son dernier rapport :
« En Europe, environ un tiers du système – représentant quelque 7 500 milliards d’euros d’actifs – reste faible et incapable de dégager des bénéfices de façon durable.«
Le rapport indique qu’il faut prendre des mesures « urgentes et drastiques » pour traiter une myriade de prêts non performants et des business models inefficaces.
Mais comment prendre de telles mesures en période électorale ?
Il va bien falloir que Mario Draghi soit créatif et innove dans ses « délits d’initiés ». Car comment qualifier autrement les achats sur le marché primaire d’obligations de grandes entreprises européennes qui se sont produits cet été ?
Derrière Deutsche Bank, BMPS et ses 40 milliards de prêts douteux, c’est la survie de l’euro qui est en jeu.
Et Jean-Claude Juncker fait un coming out populiste
Jean-Claude Juncker lui-même semble bien désabusé et analyse dans son discours prononcé le 7 octobre pour les 20 ans de l’institut Jacques Delors :
« Oubliez les Etats-Unis d’Europe, le fédéralisme, une Union forte, l’abolition des frontières. Ce n’est plus qu’une illusion, un rêve, que vous pouvez enfermer dans le tiroir de l’oubli.
Nous devons être clairs et arrêter d’en parler, car cela n’arrivera jamais. Et qui sont les responsables de cet échec ? Les gouvernements, les capitales qui ne veulent pas perdre le pouvoir, la bureaucratie de Bruxelles ? »
Non (…) c’est la faute aux citoyens.
Les peuples européens ont besoin d’une proximité immédiate. Ils aiment leur terre, leurs paysages, leurs traditions. Ils aiment un continent constitué de nations différentes. Et ils ont l’impression que l’UE cherche à homogénéiser l’Europe et alors ils entrent en résistance.
Le leitmotiv de la Commission : l’UE doit être grande et ambitieuse sur les défis de notre époque, mais petite, voire timide sur les petites choses. L’UE et donc la Commission n’ont pas le droit de s’immiscer dans toutes les sphères de la vie des citoyens, qui ne savent pas qui décide quoi. »
Eh bien voilà un petit vent d’espoir en conclusion. Un membre de la Parasitocratie se livrant à l’autocritique, on ne pensait pas voir ça !