La Chronique Agora

Dette souveraine : la faillite de la Grèce serait une issue normale

▪ Papandréou à Merkel : « la clé est sous le paillasson ».

Comme des propriétaires totalement insolvables, les Grecs se soustraient tout simplement à leurs obligations et disent à leurs créditeurs : « c’est à vous ».

S’il est vrai que les Grecs ne sont pas encore partis, le Premier ministre Georges Papandréou, lui, est parti aujourd’hui… et c’est là la première étape.

« Attendez un peu ! » me direz-vous. « Les Grecs ne sont-ils pas parvenus à faire émerger un accord politique pour sauver le renflouement ce week-end ? Papandréou n’a-t-il pas accepté de se retirer afin de permettre à un gouvernement intérimaire de coalition de garantir le plan de sauvetage de l’Union européenne à 130 milliards d’euros ? »

Réponse : oui, si vous croyez ce que raconte la presse américaine ou européenne ; pas du tout, si l’on en croit la presse grecque… ou si vous écoutez votre bon sens.

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Papandréou ne s’est pas retiré pour « céder la place au plan de sauvetage ». Il s’est retiré pour sortir du champ de bataille. Comme le dit hier le journal grec Ekathimerini, « n’oublions pas ce qui a provoqué l’effort malheureux et paniqué de Georges Papandréou pour se décharger du poids du gouvernement en appelant à un référendum : le besoin de réformes radicales, la colère populaire que cela a provoqué et la violence sporadique de groupes peu importants mais tenaces… »

Personne ne veut être le « candidat de l’austérité ». Faire de la politique, c’est distribuer des cadeaux, pas les enlever. Papandréou a bien compris cette réalité et ne veut rien avoir à faire avec elle.

« Ce n’est pas une coïncidence », continue Ekathimerini. « Les deux fois où Papandréou a essayé de rejeter le fardeau gouvernemental, c’était durant les manifestations monstres et les violences qui les ont accompagnées. En juin dernier, au cours du débat parlementaire sur les nouvelles mesures d’austérité — qui se sont accompagnées de violents affrontements sur la Place Syntagma — Papandréou a soudain déclaré à Antonis Samaras, leader du parti Nouvelle Démocratie, qu’il démissionnerait de son poste de Premier ministre afin de laisser la place à un gouvernement d’unité nationale. La seconde fois a eu lieu à la suite des manifestations du 28 octobre et de l’annulation du défilé militaire à Thessalonique, juste après un accord avec nos partenaires européens et le FMI pour effacer une grande partie de notre dette ».

Sans surprise, Papandréou a préféré rendre les clés et exaspérer les créditeurs de la Grèce plutôt que de payer et exaspérer son propre peuple.

Publiquement, la plupart des hommes politiques grecs continuent à parler comme si le pays allait continuer à rembourser ses dettes. Mais cela est facile à dire tant que leurs créditeurs continuent à allonger de l’argent frais. Attendons de voir quand la source sera épuisée.

C’est à ce moment que les Grecs s’en iront et qu’ils mettront la clé sous le paillasson.

▪ Mais ne plaignez pas les Grecs. Les « chargés de la saisie » ne peuvent ni les expulser ni rentrer en possession de quoi que ce soit. Les prêteurs auraient dû demander des gages mais ils ne l’ont pas fait. Ce qui signifie que les emprunteurs grecs peuvent « garder leur maison » même après avoir fait faillite, tandis que les prêteurs devront faire une croix sur leurs mauvais prêts… exactement comme pour un défaut sur emprunt immobilier.

Pourquoi alors la Grèce ne devrait-elle pas mettre la clé sous le paillasson ? C’est ce qu’ont fait des millions d’emprunteurs américains depuis l’éclatement de la bulle immobilière. Le capitalisme c’est exactement cela : des échanges libres de capitaux et/ou de services entre adultes consentants. Parfois ces échanges produisent de la richesse et parfois des pertes. C’est cela le capitalisme.

Lorsqu’une banque prête de l’argent à un acheteur immobilier, elle comprend qu’elle recevra soit des intérêts mensuels… soit la maison elle-même. L’emprunteur comprend qu’il doit soit payer des paiements mensuels… soit donner la maison à la banque. C’est le deal. Il s’agit d’un contrat, pas d’une obligation morale.

La finance souveraine n’est guère différente. Lorsqu’une banque prête de l’argent à un emprunteur souverain, la banque comprend qu’elle recevra le paiement des intérêts aussi longtemps que l’emprunteur souverain restera solvable. Après cela, rien. C’est le deal. Il s’agit d’un contrat, pas d’une obligation morale.

Ce n’est pas la faute de l’emprunteur souverain si la banque n’a pas exigé de gage avant d’augmenter le montant du prêt. C’est la responsabilité du prêteur de garantir ses prêts, pas celle de l’emprunteur.

La plupart des Grecs dans la rue sont conscients de cette réalité, c’est pourquoi ils préfèrent la faillite à l’austérité. Clairement, Papandréou est sur la même longueur d’onde, c’est pourquoi il a demandé un référendum national sur le renflouement. Il savait que le peuple voulait mettre la clé sous le paillasson et n’avait aucun intérêt à l’empêcher de le faire.

Mais les banquiers du nord de l’Europe avaient tout intérêt à empêcher les Grecs de rendre les clés, c’est pourquoi ils ont fait pression sur Papandréou pour qu’il annule le référendum. C’est ce qu’il a fait, à contrecoeur… puis s’est retiré.

Cela pourrait être un événement qui « sauvera le plan de sauvetage grec », comme le rapportait la presse américaine. Mais c’est également un événement qui rapproche un peu plus la Grèce d’une faillite inévitable.

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