Oubliez les prévisionnistes des marchés financiers. Les marchés actions ne pourront pas survivre à une hausse des taux due à des déficits incontrôlables.
CNBC nous donnait hier une information particulièrement crétine. Selon la chaîne, le Dow a encore 2 000 points à perdre… avant de rebondir :
« Plus de la moitié du Conseil global des directeurs financiers de CNBC pensent que le Dow Jones Industrial Average passera sous les 23 000 — approximativement à 2 000 points de son niveau actuel — avant que ce baromètre boursier puisse dépasser les 27 000. Le niveau des 23 000 points équivaudrait à 8% de déclin supplémentaire parmi le groupe d’actions composant le Dow avant que la vague de ventes cesse ».
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Si les « dir’fi » pensent pouvoir prédire l’avenir du marché boursier, peut-être pourraient-ils nous dire qui finira à la Maison Blanche en 2020… ou qui gagnera le Super Bowl.
Nous aimerions aussi savoir quand le rendement du bon du Trésor US à 10 ans atteindra les 4%. Il est actuellement à 3% environ — par rapport à 2,4% au début de l’année.
Nous guettons les 4% comme un éclaireur de Custer cherche les Sioux. Lorsqu’ils arriveront, pas mal d’investisseurs se feront scalper.
Evidemment, nous avons déjà prouvé que nous, en tout cas, étions incapable de prédire les prix des actions. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que nous ne devrions pas chercher des traces sur le sol et surveiller les nuages de poussière à l’horizon… pour tenter de comprendre ce qu’ils signifient.
Pourquoi 4% est un arrêt de mort pour la croissance de la dette
Pourquoi ces 4% sont-ils si importants ?
Parce que le marché actuel peut supporter pas mal de points ridicules, certes… mais il ne peut pas survivre à 4%.
L’économie mondiale — dont le T-Bond à 10 ans est devenu la référence — s’est adaptée à 2%. Deux pourcents supplémentaires ne semblent pas majeurs… mais avec 230 000 milliards de dollars de dettes, cela fait plus de 4 000 milliards de dollars de paiements d’intérêts en plus.
Plus le monde emprunte, plus les taux grimpent… et plus il devient difficile de suivre. Et devinez quoi ? Le plus gros emprunteur de la planète vient de doubler sa demande de crédit. Désormais, le gouvernement fédéral américain a perdu le contrôle de ses déficits, faisant grimper les taux d’intérêt partout dans le monde.
Mais attendez… ça devient pire, bien pire. Ni le Congrès ni le président américain ne semblent avoir la moindre idée de ce qui arrive ou ce qu’il faut faire en conséquence.
Déjà, le président a tweeté qu’il pensait que la Fed devrait inverser la vapeur maintenant… avant même que la crise se produise :
« J’aimerais voir la Fed baisser les taux d’intérêt. Je pense que les taux sont trop élevés. Je pense que nous avons plus un problème de Fed qu’un problème avec qui que ce soit d’autre ».
Eh bien, oui… c’est un problème monétaire. Et la Fed est à blâmer. Le dollar est une monnaie factice, que la Fed prête à des taux factices. Tôt ou tard, cela allait causer des problèmes.
Mais le problème n’est pas l’Erreur n°1 de la Fed — laisser les taux trop bas pendant trop longtemps –, ni l’Erreur n°2, tenter de corriger l’Erreur n°1 en les « normalisant » après 10 ans de taux d’urgence au plancher.
Même aujourd’hui, deux ans après le début de son programme de « resserrement », le taux directeur de la Fed est toujours sous le niveau de l’inflation des prix à la consommation. En d’autres termes, la Fed prête toujours à moins que zéro…
… et c’est pour cela que la dette des entreprises, des consommateurs et du gouvernement est si élevée.
Ce n’est pas ainsi qu’on réduit un déficit
Mais au moins le président prend-il le problème au sérieux. Dans cet article du Washington Post, nous le voyons lutter avec les contradictions d’une politique budgétaire insensée et d’une politique monétaire foireuse.
Cependant, le président semble penser que les autorités peuvent réduire le déficit… sans réduire les dépenses ni augmenter les impôts :
« Le président Trump a exigé que ses principaux conseillers élaborent un plan permettant de réduire les déficits budgétaires galopants du pays, mais [il] a déboussolé ses propres assistants en demandant à plusieurs reprises de nouvelles dépenses tout en excluant les mesures nécessaires pour trouver une solution au déséquilibre du budget du pays.
La directive de Trump sur la réduction du déficit est arrivée le mois dernier, après que la Maison Blanche a rapporté une vaste augmentation du déficit sur les 12 mois précédents. L’annonce a désarçonné les républicains comme les investisseurs, aidant à nourrir une vague de ventes sur les marchés boursiers. Deux jours après le rapport sur le déficit, Trump a adressé une demande surprise à ses secrétaires de cabinet, leur demandant de définir des coupes budgétaires majeures dans leurs agences respectives.
Mais alors même qu’il exigeait une réduction des déficits, Trump liait les mains de ses conseillers en limitant les mesures qui pouvaient être prises. Et presqu’immédiatement après avoir exigé ces réductions, Trump a suggéré que certains domaines — particulièrement la défense — seraient largement épargnés.
Le président a déclaré qu’aucun changement ne pouvait être apporté à Medicare et à la Sécurité sociale, deux des programmes d’allocations les plus chers du gouvernement, étant donné qu’il a promis que ces programmes populaires resteraient intacts ».
Pas besoin d’avoir l’avis d’un Conseil de « dir’fi » pour savoir comment cela va finir. Les autorités ne reprendront pas le contrôle de leurs déficits. Les taux réels grimperont peu importe ce que fait la Fed. Le rendement du 10 ans atteindra les 4%. Et le marché boursier plongera… bien au-dessous des 22 000 points sur le Dow Jones.
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