La Chronique Agora

Dette des Etats : la Zone euro et les Etats-Unis suivent encore et toujours le Japon

▪ Les Etats-Unis et d’autres pays développés continuent de suivre le Japon.

Nous avons lu que l’Europe est quasiment parvenue à un accord qui sauvera la Grèce et autres pays débiteurs « cultivant les oliviers ». Peut-être, mais la présidente du FMI, Christine Lagarde, annonce qu’ils ont un trou de 3 000 milliards de dollars à combler. C’est à peu près la seule chose sur laquelle elle ait raison. C’est un gros problème… plus gros que quiconque l’avait réalisé.

Certaines des plus grandes banques, par exemple, ont essayé de gagner du temps en sous-estimant la taille de leurs pertes. La Société Générale a défalqué environ 21% de sa dette grecque. Mais M. le Marché nous dit que cette dernière a perdu plus de 50%. Et qu’en est-il des autres ? L’Espagne, l’Italie, le Portugal… Eux aussi enregistrent des pertes considérables.

« C’est comme ça que fonctionnent les Grecs », nous a dit un ami hier soir. « On dirait que c’est dans les gènes méditerranéens. Les Italiens du sud sont aussi incorrigibles. Il est insensé de penser qu’ils peuvent fonctionner avec la même devise et les mêmes taux d’intérêts que les Hollandais et les Allemands ».

« Eh bien, je n’en suis pas si sûr », avons-nous répondu. « Les habitants de Californie partagent leur devise avec ceux de New York ».

« Certes… mais on ne peut faire confiance ni aux uns ni aux autres ».

« Et l’Irlande ? » avons-nous demandé. « Ils n’ont pas d’oliviers — mais ils sont probablement dans un trou aussi profond que les autres ».

« Je ne sais pas », a répondu notre ami, « mais tout ça va exploser. Les gens doivent trop d’argent. On peut parler de les renflouer, mais ça ne fait pas disparaître la dette. On la déplace simplement. Même si les Allemands pouvaient — et voulaient — payer la facture, ça ne changerait rien. Elle doit quand même être payée ou passée en pertes et profits ».

« Je ne sais pas ce qu’ils peuvent faire… sinon la même chose que le Japon. Les épargnants japonais ont prêté de l’argent au gouvernement pour qu’il puisse continuer à dépenser et ainsi maintenir l’économie en vie ».

▪ Notre ami avait un bon argument. La dette ne disparaît pas. Même si on réussit à la gérer, il faut quand même la prendre et la soustraire des finances de quelqu’un. L’excès de dette est comme une grenade dégoupillée : on peut la faire passer de main en main… mais elle finira par exploser quoi qu’il arrive.

En théorie, peu importe qui a la dette. De la dette, c’est de la dette. C’est un droit sur de la richesse — qu’il s’agisse de richesse actuelle ou de futurs revenus. Lorsque les taux de croissance déclinent, la dette s’alourdit. Avec de la croissance, la dette semblerait plus légère et plus petite. Sans croissance, la dette doit être soustraite de la richesse actuelle plutôt que future. C’est exactement ce qu’est un défaut de paiement. Le débiteur admet qu’il ne peut pas payer. Le créditeur admet qu’il a été idiot.

De nombreux économistes se trompent sur la dette. Pour chaque débit, il y a un crédit, disent-ils. Ne vous inquiétez pas.

Mais que se passe-t-il quand le crédit tourne mal ? Le prêteur prête de l’argent. Le débiteur a utilisé l’argent pour acheter des ressources… et les utiliser. Ensuite, il n’a plus de ressources… la dette ne peut être remboursée… et le créditeur se rend compte qu’il aurait dû garder son argent. Le crédit disparaît… la dette disparaît… les ressources ont disparu depuis longtemps… et le prêteur n’a plus qu’à se faire sauter le caisson. Il est ruiné et déshonoré.

Enfin, là, il prendrait les choses bien trop au sérieux. Mais c’est comme ça : parfois, les gens s’inquiètent plus de l’argent qu’ils le devraient. Allez… ce n’est qu’un jeu ! Plaie d’argent n’est pas mortelle…

Par ailleurs, les Japonais jouent à ce jeu depuis deux décennies. Au lieu de contraindre les emprunteurs à admettre qu’ils ne pouvaient pas payer, les autorités japonaises ont prêté de l’argent à tout le monde… et en ont beaucoup dépensé elles-mêmes. Ce qui a permis à l’économie de continuer à fonctionner.

Nous supposons que c’est ce que feront l’Europe et les Etats-Unis, eux aussi. Ils iront là où est allé le Japon.

Mais attendez… qu’est-il arrivé à tout l’argent que les épargnants japonais ont prêté à leur gouvernement ? Comment vont-ils le récupérer ? Le gouvernement japonais n’est-il pas coincé avec sa grenade dégoupillée… et M. et Mme Tout-le-Monde nippons ne vont-ils pas devoir admettre qu’ils ont été idiots ?

Si, bien sûr. Mais il sera toujours temps de s’en inquiéter plus tard…

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