La recapitalisation de Monte dei Paschi di Siena se passe mal. Les déposants risquent de devoir payer. La crise bancaire peut devenir politique avec le référendum prévu en décembre, et l’euro est sous tension.
Le cours de la banque Monte Paschi s’est effondré de 37% hier durant la conférence de presse donnée par son nouveau P-d-g Marco Morelli.
La banque a besoin d’être « recapitalisée », terme élégant signifiant que des investisseurs doivent remettre au pot pour que cet établissement puisse continuer à exister.
Des investisseurs, mais lesquels ? Auparavant, dans ce genre de désastre, « les investisseurs » étaient les contribuables… mais depuis les nouvelles directives européennes de résolution bancaire, il faut trouver des volontaires, tout au moins dans un premier temps.
Cette recapitalisation programmée ne suscite pas l’enthousiasme des foules (bigre, que font les Qatari pourtant venus à la rescousse de Deutsche Bank ?)
Certes, avec une action à moins de 0,5 euro, Monte Paschi est devenue une penny stock et le mouvement le plus insignifiant exprimé en pourcentage devient gros. Sur le long terme, la banque fait naufrage avec moins de remous.
Le cours avait remonté dans la troisième semaine d’octobre, probablement grâce à l’intervention du Grand Banquier Central Spéculateur Mario Draghi.
Mais voilà que le président de BMPS, cet établissement trop-gros-pour-faire-faillite, évoque la possibilité de transformer 5,1 milliards d’euros d’obligations bancaires en actions.
En langage de L’Agefi, voici ce que cela donne :
« ‘Le point le plus important est la confirmation que les particuliers seront impliqués dans le LME’, estime BNP Paribas, en référence à la possible conversion de cinq milliards d’euros de dette subordonnée de MPS. La banque envisage en outre de réserver une part de l’augmentation de capital à ses actionnaires actuels. Alors que la levée totalise cinq fois la capitalisation de MPS, ils recevront aussi des titres du véhicule de titrisation pour participer au retour à meilleure fortune.«
En décodé, les déposants naïfs — à qui un guichetier zélé a fait souscrire des obligations bancaires logées dans un livret — verront leur épargne transformée en actions d’une banque qui coule.
Pas excellent, avant le référendum constitutionnel du 5 décembre auquel se prépare l’Italie. Tout ça pourrait nous occasionner une petite poussée de fièvre « populiste ».
Faute de recapitalisation par voie des marchés et d’investisseurs volontaires, BMPS devra soit faire faillite soit demander de l’aide à l’Etat italien, ce qu’interdisent les nouvelles dispositions.
Empoignades à prévoir avec l’Allemagne…
Tensions sur l’euro….
Ne vous y trompez pas, à terme, c’est la survie de l’euro qui est désormais en jeu. La dislocation de l’euro aura des conséquences énormes sur votre épargne en banque ou même votre assurance-vie. Etes-vous prêt ?
Une crise de surproduction et de surendettement
Comme vous le savez, j’analyse la crise de 2008 comme une crise de surproduction et de surendettement. Les deux sont liés.
Le créditisme a induit une fausse demande. Des gens achètent à crédit, l’argent du crédit ne correspondant pas à une épargne existante d’autre gens mais étant créé par le système financier. Pour répondre à cette fausse demande, des entreprises ont emprunté (à ce même système financier) pour investir. Pensez à l’immobilier, aux voitures, aux téléphones, à l’électronique achetés à crédit.
A titre d’illustration, le chiffre d’affaires cumulé annuel des entreprises cotées du CAC 40 est de 1 200 milliards d’euros (chiffre annoncé sur BFM Business à 7h ce matin).
Dans le même temps, le bilan de BNP Paribas est de 2 101 milliards d’euros, celui de Crédit Agricole Group est de 1 697 milliards d’euros, celui de BPCE Natixis est de 1 691 milliards d’euros et celui de Société Générale de 1 421 milliards d’euros.
Les entreprises françaises du CAC 40 sont internationales, les quatre grandes banques françaises que je viens de vous citer aussi. Pour 1 200 milliards de production achetable, il y a 6 910 milliards de crédit.
La sphère financière est bourrée de dettes pourries qui ne seront jamais remboursées. Plutôt que d’admettre qu’il faut détruire ces dettes, que les imprudents prennent leurs pertes, plutôt que d’accepter la nécessaire récession d’assainissement qui en résulterait, politiciens et financiers préfèrent nous étouffer sous les impôts et la répression financière.
Dans ces conditions, le recul des ventes d’Apple (qui vend des téléphones subventionnés à crédit par les opérateurs) ou la montée des « populismes » sont-ils surprenants ?
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