La Chronique Agora

Des sommets record

** Un nouveau sommet record à New York cette semaine… un autre à Toronto… et à Sydney… et à Shanghai… et au Brésil… et, oui, même dans des endroits du Vieux Continent comme Paris (si l’on compte en dollars, plutôt qu’en euros).

– Mais nous ne pouvons pas comprendre pourquoi les prix des actions continuent de voler de record en record. Pas plus que nous ne saisissons pourquoi les investisseurs continuent de se ruer sur ces marchés mondiaux surévalués, plutôt que de simplement prendre leurs gains et partir en vacances quelques mois.

– Depuis son refuge parisien, Bill Bonner s’inquiète : "dans les bureaux de la Chronique, nous continuons d’émettre des avertissements moroses. Et oui, notre drapeau d’Alerte au Krach est toujours hissé. Nous n’avons jamais vu telle série de sommets sans correction depuis la fin des années 20".

– Pendant ce temps, dans l’autre hémisphère, Dan Denning se tracasse aussi : "tout cela ressemble fort au Nasdaq en 1999 — une ruée aveugle, avec de mauvaises décisions d’investissement nourries par un excès d’argent et une pénurie de cellules grises. Mais elle est d’ampleur mondiale, cette fois-ci… la planète toute entière est impliquées".

– Peut-être que si nos deux expatriés habitaient plus près de Wall Street, ils succomberaient eux aussi à l’attrait hypnotique de CNBC — puis à la folie contagieuse pour des actions surévaluées.

** Alternativement, si ces deux observateurs objectifs résidaient sur la côte ouest des Etats-Unis, ils pourraient faire une pause dans leur déprimante surveillance, et examiner les records que l’on établit en dehors des marchés financiers. Ils pourraient même prendre une petite leçon de la part de votre correspondant californien, qui a passé le week-end à observer Kerri Walsh et Misty May se rapprocher d’un sommet historique dans le domaine du beach volley féminin. Certes, de telles diversions n’offrent que peu de bonnes idées financières… mais elles permettent parfois d’intéressantes métaphores.

– Au cours de leur carrière, Walsh et May ont gagné 50 matches consécutifs. Cela n’aurait jamais dû se produire. Elles n’auraient pas dû être aussi fortes. Elles auraient dû, à coup sûr, subir un mauvais jour, une "correction". Ca n’a pas été le cas, cependant — pas durant 50 matches. Ensuite, elles ont perdu quelques fois, ici et là… mais cette stupéfiante paire de joueuses de volley-ball continue à dominer ses opposantes la majeure partie de temps… et continue à augmenter un nombre quasi-record de victoires. Certaines choses arrivent, même si toutes les probabilités semblent s’y opposer.

– Hélas, messieurs Bonner et Denning observent le paysage financier américain de loin — à une distance invitant à la réflexion sobre et rationnelle, plutôt qu’à une participation euphorique et désinhibée. Voilà pourquoi ces observateurs sont incapables d’acheter des actions surévaluées et d’essayer de les revendre à des prix encore plus exagérés. En fait, ils sont même incapables de rester sans rien dire alors que d’AUTRES achètent des actions surévaluées pour essayer de les revendre à des prix encore plus exagérés.

– Voilà pourquoi ils écrivent tous les jours… parce qu’ils le doivent. En ce qui nous concerne, nous apprécions leurs écrits, et toute notre sympathie va à leur acrophobie financière. Les sommets record nous effraient aussi… la plupart du temps.

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