La Chronique Agora

Des pensées subprime

** La semaine dernière, durant notre conférence financière à Vancouver, nous avons assisté aux présentations de divers analystes financiers… essayant de comprendre ce qui se passe actuellement dans le monde de l’investissement.

* Sur la scène, notre vieil ami Paul van Eeden expliquait pourquoi le prix de l’or est peut-être surévalué.   

* "L’or est une devise", déclarait Paul, "et presque uniquement une devise". On peut donc oublier l’offre et la demande. Pour calculer le cours de l’or, il faut regarder simplement ce qu’il achètera par rapport à d’autres devises. Le seul moment où l’or abandonne sa "valeur théorique" — telle que mesurée parce qu’elle achètera — c’est lorsque la spéculation le met au-dessus ou au-dessous de ce qu’il vaut réellement.

* Paul a certainement raison. Si l’on se base sur ce qu’il permet d’acheter, l’or ne devrait être qu’à 800 $ environ. Mais les spéculateurs voient loin… et nous aussi. Et nous pensons que l’or va devenir bien plus intéressant pour les spéculateurs. Il est au-dessus de sa "valeur théorique" actuelle parce que l’inflation grimpe. Les investisseurs veulent se protéger. Et si l’inflation augmente encore, l’or continuera de grimper en flèche.

* Mais "la réelle menace est située à l’est d’une oreille et à l’ouest de l’autre", déclare un autre vieil ami, Rick Rule. "L’économie subprime et les problèmes qu’elle a engendrés sont le résultat de la pensée subprime. Il y a quelques années, on trouvait en Californie du sud des affiches offrant de prêter aux gens 125% de la valeur de leur maison. Je vous le demande : est-ce une bonne affaire que de prêter plus que la valeur du nantissement à des gens qui ne peuvent rembourser l’argent afin d’acheter des maisons surévaluées ? Non, bien entendu. C’est une pensée subprime".

* Selon Rick, éliminer le segment "alimentation" et le segment "énergie" de l’indice américain des prix à la consommation est également un syndrome de la pensée subprime.

* "La mesure des biens et des services utilisée par le gouvernement pour décrire la croissance de l’économie, calculer la productivité et faire les ajustements à l’inflation était complètement frauduleuse", déclare Rick.

* "D’autres effets vont se faire sentir", continue-t-il. "Les cartes de crédit, par exemple. Là encore, on prête de l’argent à des gens qui, souvent, ne peuvent le rembourser. Disons qu’un homme veut acheter une télévision à écran géant et ne peut pas se le permettre. Il utilise donc sa carte de crédit, pensant qu’il sera plus facile de la payer un an plus tard, après avoir versé 18% d’intérêts supplémentaires. Ensuite, ils regroupent des millions de prêts de ce genre et les vendent à un fonds de pension".

* "Ou prenez les prêts pour les LBO (leveraged buyout, acquisition par emprunt). Ca semblait génial quand les ventes et les profits grimpaient. Mais lorsque les bénéfices baissent, il devient difficile de rembourser toute cette dette. Dans les faits, on a permis aux gros bonnets de Wall Street de faire la même chose que le crétin qui a acheté une maison qu’il ne pouvait pas payer".

* "Mais il reste des banquiers qui savent ce qu’ils font. Ils ont un gros avantage, à présent… ils ont de l’argent, et les autres en ont besoin. C’est toujours un avantage, quand la concurrence est complètement écervelée. A présent, il y a des opportunités dans le secteur des services financiers, mais il faut vraiment penser ‘non-subprime‘ pour les trouver… et avoir le courage d’agir en conséquence".

** Mais revenons à l’actualité financière. Lu sur Moody’s Economy.com :

* "Les finances des ménages américains se détériorent rapidement sous la pression de dettes accrues et de chute des prix des maisons, menaçant la santé de l’économie US, selon les nouvelles recherches menées par Moody’s Economy.com, une branche de Moody’s Analytics".

* "La qualité des crédits des ménages s’effrite rapidement, et les foyers surendettés sont au coeur des problèmes de l’économie", affirme Marc Zandi, chef économiste chez Moody’s Economy.com. "Les pertes grandissantes sur les dettes des ménages mettent à mal les institutions financières et causeront des difficultés à l’économie pour le restant de l’année et durant une bonne partie de 2009".

* Pourtant, à Wall Street, les grandes banques ont connu un rebond majeur, tandis que l’or et le pétrole chutaient.

* "Est-ce qu’on a atteint le plancher ?" C’est ce que tout le monde veut savoir. Bon nombre d’investisseurs pensent que c’était le cas. Et ils pensent pouvoir en tirer profit en rachetant les grandes banques — gérées par les mêmes benêts qui ont conditionné des prêts subprime et les ont vendus à leurs meilleurs clients… puis ont perdu des fortunes pour leurs actionnaires tandis qu’ils s’accordaient des bonus de plusieurs millions de dollars.

* "Encore de la pensée subprime", déclare Rick.

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