La Chronique Agora

Derrière l’inflation, le premier coupable est…

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Que ce soit par la politique monétaire, les milliards distribués sans contrepartie pendant les crises récentes, la fiscalité, les réglementations… Un acteur est au centre de tous les facteurs qui font accélérer l’inflation.

La hausse des prix sature les médias. On ne peut plus ouvrir un journal, écouter la radio ou regarder la télé sans que l’on nous parle du prix des carburants, du panier de la ménagère, du pouvoir d’achat, des grèves pour les salaires, etc. Certaines catégories d’entreprises sont même désignées comme les méchants coupables : producteurs d’énergie, transporteurs maritimes, pompistes, etc.

Quant au gouvernement, il tente d’apparaître comme le bon samaritain, distribuant à tout va la manne de l’argent magique. Et tout le monde semble croire à cette fable. Pourtant, à y regarder de plus près, il apparaît vite que les pouvoirs publics sont les premiers responsables de la hausse des prix. L’IREF s’est penché sur la question dans une étude éloquente.

Politique monétaire et argent magique

Nous savons tous que la reprise économique post-Covid a entraîné des pénuries sur les marchés mondiaux et une hausse prix des transports de marchandises, et que la guerre russo-ukrainienne a fortement affecté les prix de l’énergie et de quelques autres matières premières. Cependant, mettre la hausse des prix actuelle sur le dos de ces seuls événements est un peu simpliste. D’autres facteurs sont à prendre en compte.

Premièrement la politique monétaire expansive de la Banque centrale européenne (BCE), qui a engendré de la monnaie ne correspondant « à aucune richesse supplémentaire créée ». Comme l’explique Simone Wapler :

« […] Depuis la crise de 2008, le PIB de l’eurozone stagne tandis que la masse monétaire a doublé.

Si pour la même quantité de produits et services (PIB), il y a deux fois plus de monnaie, les prix de ces produits et services augmentent.

Selon le principe connu de l’effet Cantillon, l’inflation est longue à se propager à tous les prix. La hausse a d’abord touché les produits financiers et l’immobilier, les cercles d’affaires les plus proches de la source de la création monétaire…

Ce n’est qu’aujourd’hui que l’onde se propage aux prix de l’énergie et de la vie quotidienne et que le problème de pouvoir d’achat dépasse celui du renchérissement de l’immobilier. »

Deuxièmement la parité euro-dollar, résultat, là encore, de l’action de la BCE, joue également un rôle. Depuis le début de l’année, la monnaie européenne s’est dépréciée d’environ 15% par rapport au billet vert. Depuis janvier 2021, la baisse approche des 20%. Par conséquent, tous les produits achetés en dollars, à commencer par le pétrole, valent d’autant plus chers.

Troisièmement, les milliards distribués pour soutenir le pouvoir d’achat des Français – 25 Mds€ au dernier décompte – qui s’ajoutent à ceux du plan de relance censés doper l’économie mise à mal par la pandémie de Covid – 100 Mds€ – alimentent la hausse des prix.

Dans un rapport publié début mars 2022, la Cour des comptes s’interrogeait sur l’efficacité du plan de relance : des tensions étaient déjà observées dans certains secteurs et les magistrats craignaient qu’elles ne s’accentuent. La Cour recommandait alors de ne plus ouvrir de nouveaux crédits au titre du plan au-delà de fin 2022, « et de prévoir sa suppression le plus tôt possible après cette date ».

Les magistrats de la rue Cambon tournent ici autour du pot, sans oser dire que les politiques de relance keynésiennes n’ont jamais produit que de l’inflation, de la dette et, finalement, un appauvrissement généralisé.

Fiscalité et réglementations

Quatrièmement, enfin, les taxes et impôts ainsi que la réglementation contribuent à la hausse des prix. L’inflation réglementaire et fiscale touche toutes les activités. Les entreprises, quelles qu’elles soient, subissent une fiscalité qui est, en France, parmi les plus élevées d’Europe.

Les impôts de production, même s’ils ont baissé dernièrement, restent deux à trois fois plus importants que la moyenne de l’Union européenne. Les charges sociales sont également deux à trois fois plus élevées que dans la plupart des pays de l’UE. Ces prélèvements hors norme se retrouvent bien évidemment en partie dans le prix des produits et services payés par les consommateurs et nuisent au pouvoir d’achat.

L’Institut économique Molinari a calculé que les entreprises françaises étaient, même après la baisse des impôts de production de 2021, 35% moins rentables que la moyenne des entreprises de l’Union européenne, 43% moins rentables que les italiennes et les espagnoles et même 45% moins rentables que les néerlandaises. Par conséquent, la France n’est pas un pays attrayant pour les entrepreneurs :

« Le coût employeur est le plus élevé des grands pays européens, la rentabilité n’est pas au rendez‐vous et les salaires nets sont moyens en raison de l’importance des prélèvements sur les salaires. »

A cela, il convient d’ajouter le poids de la réglementation : sur le site legifrance, il y avait, début janvier 2022, 44 millions de mots pour dire des normes, soit 93,8% de plus qu’en 2002, comme l’a montré le conseiller d’Etat Christophe Éoche-Duval.

Cette inflation législative a des effets négatifs, comme l’instabilité et l’insécurité juridiques, l’affaissement de la légitimité de la réglementation auprès des citoyens, mais aussi un coût financier qui, au final, se répercute, dans une certaine mesure, sur le consommateur et le contribuable.

Évolution du stock net du droit positif (L et R)

Par exemple, établir un bulletin de paie coûte presque deux fois plus cher en France qu’en Angleterre et une fois et demi plus cher qu’en Allemagne. Rien qu’au mois d’avril 2020, au début de la pandémie de Covid, les collaborateurs d’ADP, société de conseil spécialisée dans les solutions de gestion des ressources humaines, ont effectué 274 modifications dans les référentiels de paie en Europe, dont 189 en France. Soit 69% !

Des entreprises françaises peu compétitives ont peu de marges de manœuvre pour augmenter les salaires. Surtout, elles ne sont pas incitées à augmenter outre-mesure les petits salaires si elles veulent bénéficier de la réduction de cotisations sociales qui s’appliquent sur les salaires inférieurs à 1,6 fois le smic brut, soit 2 632,93 € bruts par mois, au 1er mai 2022. Cette mesure est une véritable trappe à bas salaires qui a contribué « à la croissance des emplois à faible qualification et rémunération, la France en possédant deux fois plus que l’Allemagne ».

Et puis, l’Etat choisit de taxer certains biens et services au-delà de ce qu’il impose aux autres.

Dans de prochains articles, nous prendrons quelques exemples, en nous attachant, non pas à l’actualité brûlante, mais au temps long. Plus précisément à la période 2000-2021, au cours de laquelle l’indice des prix à la consommation a augmenté de « seulement » 33%, mais certains biens et services essentiels ont vu leur prix augmenter bien plus vite.

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