** Durant le boom immobilier, le prix des maisons a augmenté dans quasiment tous les coins des Etats-Unis, offrant un cadeau merveilleux aux propriétaires : l’augmentation de la valeur de leurs biens immobiliers. Les Américains, épargnants malins, on su profiter de ce cadeau du marché et ont continué à avancer sur le chemin de l’indépendance financière en remboursant leurs emprunts en avance, tout en continuant à mettre de l’argent de côté. C’est ça, non ?
– Oh… si seulement c’était vrai. Mais pas du tout. Au lieu de rembourser leurs emprunts, les Américains n’ont pas cessé d’augmenter le montant de leurs hypothèques. Au vu de l’augmentation du prix des maisons — au cours de laquelle on a vu le prix de petites maisons familiales doubler ou tripler — qui a précédé la crise actuelle, on pourrait penser que l’Américain moyen possède un gros pourcentage de sa maison. Alors qu’en réalité, le pourcentage de propriété de valeur immobilière est au plus bas ! Comment est-ce arrivé ?
– C’est arrivé parce que pendant cette augmentation du prix des maisons, les gens ont contracté de plus en plus de prêts hypothécaires — pensant que, puisque "les prix ne baissent jamais", c’était de l’argent gratuit. Ils ont donc utilisé l’argent pour redécorer leurs maisons, les remeubler, acheter des appareils ménagers, des nouvelles voitures, se payer des dîner en ville, et toutes ces autres choses qui ne sont en rien indispensables, mais tellement amusantes.
– Les dépenses entretenues par la valeur immobilière ont augmenté de centaines de milliers de dollars par an entre 2002 et 2006, contribuant largement à l’augmentation du PIB. Les prêteurs sur hypothèque étaient plus qu’heureux de fournir une seconde hypothèque ou une ligne de crédit sur valeurs immobilières qui atteignait, voire dépassait la valeur de la maison, puisque tout le monde savait que le prix augmenterait encore l’année suivante. Le boom de l’immobilier résidentiel a mis les prêteurs et les emprunteurs en confiance, et les a encouragés à augmenter l’endettement sur leurs maisons, ce qui a financé un vaste boom de la consommation, malgré la stagnation des salaires.
– Cette stratégie est très amusante… jusqu’au jour où le prix des maisons cesse d’augmenter. Il ne reste ensuite que des millions de gens avec des traites plus élevés sur des hypothèques plus grandes que celles qu’ils avaient précédemment, sur des maisons dont la valeur chute dans une économie qui court à la crise. Quelle est la première chose à oublier lorsqu’il n’y a plus la moindre goutte de valeur à tirer de votre maison ? La réponse est simple : les dépenses discrétionnaires.
** Il existe deux catégories de détaillants, sur les marchés actions : il y a ceux qui vous vendent des produits de base, ces choses dont nous avons besoin, comme la nourriture et l’équipement domestique essentiel. Les valeurs de ce genre d’entreprises sont considérées comme des positions défensives, puisque leurs ventes ne sont pas touchées par la récession.
– Puis il y a ceux qui vendent des produits discrétionnaires. Ces entreprises vendent des produits dont les gens n’ont pas besoin, mais qu’ils ont tendance à acheter quand la conjoncture est favorable. Des choses comme un écran plasma 60 pouces, un nouveau jet-ski, et peut-être des vacances de rêve à Branson, dans le Missouri.
– Une bonne façon de reconnaître la différence parfois subtile entre les sociétés fournissant des produits de consommation essentiels et les sociétés vendant des produits de consommation discrétionnaires, c’est de regarder de plus près la composition de leurs ventes. Si on compare les ventes de Target avec celles de Wal-Mart, on peut constater que Wal-Mart tire bien mieux son épingle du jeu en période difficile.
– Par exemple, la plus grande partie des ventes de Wal-Mart se fait sur l’alimentation et le tabac, des catégories plutôt insensibles aux aléas de l’économie. A contrario, le plus gros des ventes de Target se fait sur les nouveaux appareils électroménagers, les petits ustensiles et les vêtements. Quand il faut se serrer la ceinture, les gens vont repousser l’achat d’un nouveau mixer KitchenAid avant de restreindre leurs achats de céréales pour le petit-déjeuner ou de cigarettes, ce qui explique pourquoi Target est considéré comme valeur discrétionnaire, alors que Wal-Mart entre dans la catégorie des valeurs essentielles.
– Maintenant que le prix des maisons baisse et que le "distributeur automatique" de la valeur immobilière a été fermé, il n’est pas surprenant que les valeurs discrétionnaires soient sérieusement à la traîne sur le marché. Alors que la crise du crédit/du logement s’aggrave, ce n’est plus qu’une question de temps avant que les ventes et les bénéfices de ces vendeurs discrétionnaires ne chutent considérablement.