La Chronique Agora

A qui profite l’inflation ?

▪ Pourquoi la majorité des économistes soutiennent-ils qu’une « petite inflation » est bonne pour l’économie et par conséquent pour nous alors que c’est l’inverse ? Nous avons régulièrement droit à des apologies de l’inflation et des pamphlets contre la déflation.

Olivier Blanchard, chef économiste du Fonds monétaire international sur la déflation au Portugal et en Espagne, le 10 mars 2014 :
« D’un côté, cela améliorerait sans doute leur compétitivité et soutiendrait les exportations, de l’autre, cela augmenterait le taux d’intérêt réel et la valeur réelle de la dette et réduirait ainsi la demande intérieure« .

Le capitalisme honnête conduit à la déflation. Il a pour but de produire plus et mieux avec moins d’effort. En 1880, il fallait 1 800 heures de travail à un être humain pour produire sa ration annuelle de nourriture. Aujourd’hui 270 heures suffisent. Avant 1900, une automobile était un luxe extraordinaire, le privilège de très grands bourgeois et d’aristocrates fortunés. Aujourd’hui, un étudiant peut s’acheter un véhicule d’occasion en bon état grâce à ses petits boulots.

Ces extraordinaires avancées ont pu se produire en investissant dans des « biens de capitaux » : des moissonneuses-batteuses, des chaînes de production. Il s’agit d’une lente accumulation au fil du temps d’investissements toujours plus lourds, toujours plus complexes. Le capitalisme conduit à une baisse des prix. La déflation n’est pas un malheur, c’est un progrès.

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L’inflation — en tant que hausse généralisée des prix — n’est donc pas naturelle, elle est même contraire au capitalisme. Ainsi, une « petite inflation » de 2% par an divise un capital par deux en 35 ans. Prenons un autre exemple : vous achetez une maison qui vaut 100 ; l’immobilier double partout en 10 ans ; vous revendez votre maison 200 mais avec vos 200 vous ne pouvez racheter qu’un bien équivalent à celui que vous venez de vendre. Cette inflation des prix de l’immobilier ne vous a donc pas enrichi. Au contraire, en admettant que cette maison ne soit pas votre résidence principale, vous devrez acquitter l’impôt sur la plus-value, vous vous serez donc appauvri dans ce processus.

Une chose est sûre et certaine : l’inflation est bonne pour les gouvernements et pour l’industrie financière

▪ Qui en profite, alors ?
Une chose est sûre et certaine : l’inflation est bonne pour les gouvernements et pour l’industrie financière. Bonne pour les gouvernements car il s’agit d’un impôt déguisé ; bonne pour l’industrie financière car elle permet de capter votre argent qui autrement pourrait être oisif.

En l’absence d’inflation, vous pourriez décider de ne rien faire de votre argent, de le laisser « sous votre matelas ». Vous le feriez parce que vous estimeriez que les placements qu’on vous propose sont trop risqués ou ne rapporte pas assez. Vous auriez donc un choix : attendre ou faire participer votre épargne au cycle économique. Si chacun décide d’attendre, l’argent se fait rare. Ceux qui veulent emprunter payent plus cher.

Pourquoi attendre ? Eh bien parce que les conditions économiques que chacun ressent autour de soi laissent à désirer : les taux d’intérêt sont trop bas et pourquoi risquer mon argent. Ou bien, mon entreprise va mal et j’ai besoin que mon épargne soit disponible pour parer au coup dur qui semble se profiler. Au lieu de statistiques plus ou moins crédibles et fiables et de grands planificateurs intervenant sur les taux d’intérêt, l’économie est alors régulée par l’information collectée sur le terrain par de millions de gens. Les taux d’intérêt échappent aux manipulations d’un banquier central.

▪ Mais avec de l’inflation, tout change
Si vous ne faites rien, vous êtes puni puisque votre épargne perd de sa valeur. Donc vous la mettez dans un Livret A, ce qui permet au gouvernement de s’endetter pour pas cher avec cet argent captif. Puis vous approvisionnez un compte en banque ce qui va permettre à une banque de prêter 100 fois votre argent.

Lorsque l’économie s’essouffle, la montée naturelle des taux d’intérêt qui permettrait à l’activité de reprendre son souffle et aux entreprises non viables de faire faillite pour mieux repartir de l’avant ne se produit pas. Le banquier central baisse au contraire les taux d’intérêt. Les créances douteuses s’entassent. Alors que votre épargne devrait être mieux rémunérée puisque le risque augmente, c’est l’inverse qui se produit. L’inflation nous prive d’une information vitale et non manipulée sur la conjoncture économique et de notre liberté de ne rien faire. Nous sommes contraints de mettre votre argent dans le système.

A qui profite ce crime liberticide de l’inflation ? Aux gouvernements qui ont besoin d’emprunter et de rembourser en monnaie de singe… et aux banquiers qui collectent de l’argent à bon compte et se lancent dans des prêts hasardeux mais sans risque pour eux. Le but est effectivement que tout l’argent disponible soit dans le système financier. La simple évocation d’une petite fuite hors système, d’une monnaie hors contrôle, rend hystériques nos bienveillantes autorités politiques et monétaires. Comment alors collecter l’impôt de la TVA (qui n’existait pas lorsque les gens conservaient leur argent sous le matelas) ?

L’idée d’une « bonne petite inflation » est une escroquerie et il est incompréhensible que des économistes la défendent

L’idée d’une « bonne petite inflation » est une escroquerie et il est incompréhensible que des économistes la défendent — à moins qu’ils ne soient eux-mêmes des escrocs.

La vérité est que la déflation n’est tragique que pour ceux qui portent de la mauvaise dette, comme le souligne Olivier Blanchard, puisqu’elle augmente le taux d’intérêt réel. Mais pour bien enfumer les foules, les escronomistes agitent un épouvantail : la déflation créerait du chômage. C’est aussi stupide que de dire que l’inflation amènerait le plein emploi.

Il nous reste un petit espace de liberté, celui de refuser les manipulations monétaires en refusant la monnaie, en refusant la bancarisation forcée dès que c’est légalement possible. Les gouvernements se sont lancés dans une destruction simultanée des monnaies fiduciaires et ils vont peut-être y arriver. Si ce génocide débouchait sur une monnaie saine, au service de l’économie réelle, qui n’aurait pas besoin de l’intervention de politiciens, de banquiers centraux et d’économistes prônant les bienfaits des manipulations monétaires. Une monnaie libre, appartenant au peuple et pas à de grands planificateurs omniscients.

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