▪ L’un des avantages de déménager à l’étranger, c’est qu’on voit plus clairement son pays d’origine. Nous sommes allé en France la semaine dernière. Nous voyons déjà les Etats-Unis plus clairement.
La presse française semble fascinée par les relations entre les deux compagnes de François Hollande. La précédente — elle-même candidate à la présidentielle — l’a laissé tomber lorsqu’il s’est mis avec l’actuelle. Elle est aussi mère des quatre enfants de Hollande, ce qui complique encore un peu les choses.
L’actuelle hait la précédente. La précédente hait l’actuelle.
Nous avons appris tout cela ce week-end lors d’un dîner avec des amis que nous connaissons depuis des années. Ils ont passé la moitié du dîner à nous raconter les aléas du ménage présidentiel… l’autre moitié étant consacrée à ce qu’ils avaient mangé récemment. Ils semblaient se souvenirs des moindres détails de chaque repas. Comment il avait été préparé… les erreurs commises par le chef… et le temps qu’il devait faire lorsque le raisin pour leur vin avait été vendangé.
Sur le sujet de la catastrophe financière imminente en Europe, ils étaient confiants… voire blasés.
« Chaque semaine, on nous dit que l’Europe s’effondrera la semaine suivante. Honnêtement, on s’en fiche, maintenant ».
Bref, les choses vont en France comme elles le devraient. Les gens sont fous — mais ce n’est pas mortel.
▪ L’industrie militaire américaine ne s’arrête plus
De retour aux Etats-Unis, des vents mauvais se sont déchaînés. Notre président est l’image de l’échec et de l’homicide. Pour autant que nous en sachions il n’a pas de maîtresse… ce qui est probablement la raison pour laquelle il a tant de temps devant lui. Selon le New York Times, il approuve personnellement la liste de ceux que ses drones vont assassiner. Et pour quoi ? Philip Giraldi fait « l’arithmétique du terrorisme » :
« Seuls trois citoyens américains ont été enlevés par des terroristes à l’étranger en 2011 (en Somalie, en Afghanistan et en Irak, tous ces pays étant des zones de guerre), et seulement 17 ont été tués en pays étrangers (dont 15 en Afghanistan, une zone de guerre)… Micah Zenko, du Conseil de relations étrangères a déterminé que le nombre d’Américains tués lors d’attaques terroristes est comparable au nombre de personnes écrasées par la chute d’un poste de télévision ou d’un meuble chaque année ».
Mais tous les présidents veulent être des présidents de guerre. La guerre est la première industrie zombie des Etats-Unis.
« Le gouvernement fédéral emploie aujourd’hui 2 100 000 personnes, par rapport à 1 500 000 en 2001, sans tenir compte de l’armée, qui a elle-même augmenté de 100 000 personnes à 2 300 000 employés, y compris les réservistes, avec de nouvelles augmentations prévues en 2013. La plupart des nouvelles embauches étaient directement liées à la Guerre contre la Terreur, afin d’équiper les 200 nouvelles bases militaires et CIA qui ont été installées dans le monde entier pour défendre la forteresse Amérique. Le nombre d’employés fédéraux déclarés ne tient pas compte des sous-traitants, qui viennent considérablement augmenter la masse salariale. Plus de la moitié des employés dans des secteurs décisifs au sein du renseignement et du département de la Défense sont des sous-traitants ».
Combien en coûte-t-il de nourrir ces zombies ? Giraldi continue :
« L’Oncle Sam dépensera 3 796 milliards de dollars, à comparer à 1 863 milliards en 2001… On trouve des agents de sécurité à plein temps aux entrées de quasiment tous les bâtiments officiels fédéraux, d’état et même parfois municipaux. Le coût total des dépenses locales pour lutter contre une menace terroriste essentiellement fictive pourrait bien dépasser les dépenses fédérales, sans parler des dépenses de sécurité, souvent ordonnées par le gouvernement, dans le secteur privé. Mais aussi terribles que soient tous ces chiffres, réfléchissez un instant aux coûts et dommages institutionnels qui ne sont pas aussi facilement visibles. Le professeur Joseph Stiglitz, de l’université de Columbia, estime que l’Irak coûtera jusqu’à 5 000 milliards de dollars si l’on prend toutes les dépenses en compte, y compris les intérêts payés sur l’argent emprunté et le traitement médical à vie pour les dizaines de milliers de soldats blessés. La facture pour l’Afghanistan sera proportionnelle, selon la longueur des opérations américaines et le niveau d’implication. Toutes les dépenses pour la Guerre contre la Terreur et les actions militaires associées nourrissent les déficits, et elles ont disparu dans un trou profond et sombre »…
Mais est-ce nouveau ? La guerre n’est rien de plus que du racket. Cela a toujours été le cas. Le major-général Smedley D. Butler explique :
« [La guerre] est peut-être le plus vieux, sans le moindre doute le plus profitable et à coup sûr le plus vicieux [des rackets]. C’est le seul qui soit d’une ampleur internationale. C’est le seul dans lequel les profits sont calculés en dollars et les pertes en vies ».
« La meilleure définition du racket, à mon avis, est de dire que c’est une chose qui n’est pas ce qu’elle semble être pour la majorité des gens. Seul un petit groupe d »initiés’ sait de quoi il s’agit. Il est mené pour le profit de quelques-uns aux dépens du plus grand nombre. Par la guerre, quelques personnes font des fortunes gigantesques ».
Tôt ou tard, quasiment tous les pays font de la guerre un racket majeur. Puis, lorsqu’ils ont essuyé une défaite et qu’ils se retrouvent sur la paille… le peuple en a assez et veut pendre ceux qui l’ont mis dans le pétrin pour commencer.